Jeudi 13 octobre, les 50 prisonniers palestiniens en grève de la faim contre la détention sans inculpation ni procès ont suspendu leur grève de la faim, déclarant une nouvelle étape de la lutte contre la politique de détention administrative. 30 prisonniers palestiniens ont lancé cette grève le 25 septembre dernier puis ils ont été rejoints par 20 nouveaux prisonniers le 9 octobre. Cette mobilisation exigeait la fin du système avec lequel les Palestiniens sont régulièrement emprisonnés pendant des années sans inculpation ni procès, en vertu de ce qu’on appelle des “preuves secrètes”. Grâce à leur lutte courageuse et à leur engagement à mettre leur corps et leur vie en danger pour contester l’injustice et l’oppression coloniales, les grévistes de la faim ont ouvert une nouvelle étape de la lutte contre la détention administrative et contre le régime de colonisation de peuplement et d’occupation.
Dans une déclaration publiée par le Haut Comité d’urgence du mouvement des prisonniers palestiniens, qui comprend toutes les factions et forces politiques, les prisonniers ont déclaré que “les grévistes ont fait entendre leur voix à tous les peuples libres du monde. Cette dernière grève, qui a duré 19 jours, représente un cri de rejet et d’intifada face à la détention administrative injuste qui vole des vies, mais aussi des terres et l’histoire.”
La grève a été soutenue par des événements et des actions dans toute la Palestine, la région arabe et au niveau international, avec de nombreuses organisations publiant des déclarations, organisant des manifestations et faisant pression sur les responsables gouvernementaux pour qu’ils mettent fin à leur complicité et à leur soutien au régime qui emprisonne les Palestiniens sans inculpation ni procès. Les militants de Samidoun ont organisé des événements à New York, Vancouver, Berlin, Toulouse, Paris, Athènes, Amsterdam, Göteborg, Charleroi et dans de nombreux autres endroits pour montrer leur solidarité avec les grévistes de la faim.
Les grévistes de la faim ont envoyé un message clair à l’occupation : les prisonniers palestiniens ne reculeront pas face à la forte augmentation du recours à la détention administrative, qui a atteint 800 détenus administratifs sur un total de 4 650 prisonniers politiques palestiniens en septembre 2022. Au contraire, le mouvement des prisonniers continuera de s’appuyer sur cette étape importante pour intensifier la lutte contre la détention administrative jusqu’à ce qu’elle prenne fin.
Il s’agit notamment de relancer le boycott des tribunaux de l’occupation lancé le 1er janvier par tous les détenus administratifs et poursuivi jusqu’à sa suspension en juin. Ils ont annoncé qu’ils continueront à boycotter les tribunaux et appellent tous les détenus administratifs à se joindre une nouvelle fois au boycott collectif.
Les prisonniers ont indiqué qu’ils suspendaient leur grève et qu’ils continueraient à traiter le cas de chaque détenu administratif par l’intermédiaire des représentants du mouvement des prisonniers et qu’ils continueraient à s’engager dans l’escalade de la lutte jusqu’à ce que la libération soit obtenue. Ils ont lié la lutte derrière les barreaux de l’occupation à la résistance croissante dans toute la Palestine, saluant les personnes assiégées et les combattants du camp de réfugiés de Shuafat et de Naplouse. Ils ont également annoncé que les détenus administratifs malades et âgés seraient libérés dans un délai de deux mois et que leur détention ne serait pas renouvelée une fois de plus.
Dans leur déclaration, les 30 détenus administratifs qui ont lancé la grève ont déclaré :
“Nous l’avons commencée par un grand cri, et nos fidèles et dévoués l’ont transformée en une manifestation massive, dont les échos ont atteint le monde entier. Notre manifestation atteint ici ses objectifs dans sa première étape. Notre choix est la confrontation et la résistance continues contre la détention administrative arbitraire. Alors que l’objectif principal de l’occupant est de soumettre et de contrôler notre peuple, et d’effacer son récit historique et son identité nationale, notre combat contre la détention administrative est une confrontation continue qui inclut tout notre peuple en Palestine et dans la diaspora, jusqu’à faire de la question de la détention administrative une des priorités palestiniennes dans la confrontation avec le projet colonial sioniste.
La deuxième étape de notre lutte est notre engagement à boycotter les tribunaux sionistes à tous les niveaux, ce qui est la pierre angulaire de la confrontation avec la détention administrative raciste. Nous ferons tous les efforts pour transformer notre boycott des tribunaux en une position pour tous les détenus administratifs et une position qui inclut les forces nationales et islamiques, les institutions des droits humains, le barreau et les avocats de la Palestine occupée de 1948, pour empêcher l’occupation de blanchir la politique de détention administrative, et en même temps examiner la possibilité de soulever cette question devant les tribunaux internationaux. Nous affirmons la poursuite de notre confrontation de la détention administrative basée sur le boycott continu des tribunaux. Nous annonçons en outre qu’il y a de multiples étapes pour un programme continu de lutte que nous annoncerons plus tard.”
Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network salue le courage des prisonniers palestiniens qui ont mené cette bataille durant 19 jours. Cette suspension de la grève n’est pas la fin de la campagne contre la détention administrative. Il s’agit plutôt d’un appel urgent à passer à la nouvelle phase de la lutte définie par le sacrifice et l’engagement des prisonniers pour mettre fin à la détention administrative une fois pour toutes – et pour la liberté de tous les prisonniers palestiniens et la libération de la Palestine. Tout en saluant la force et le dévouement de ceux qui résistent derrière les barreaux, nous insistons sur le fait que tous ceux qui recherchent la justice et la libération en Palestine doivent intensifier leur lutte et s’organiser pour soutenir le peuple palestinien qui se soulève et résiste, d’al-Naqab à Naplouse, de Shuafat à Gaza, aux camps de réfugiés et à ceux qui sont derrière les barreaux. Et affronter l’impérialisme, le sionisme et les régimes réactionnaires qui collaborent avec eux.
Nous vous invitons tous à nous rejoindre le 29 octobre à Bruxelles pour la Marche pour le Retour et la Libération et à descendre dans les rues partout dans le monde pour marcher pour la libération palestinienne des prisons coloniales, ainsi que du sionisme et du colonialisme, de la mer au Jourdain.
Nous appelons également à participer massivement à la manifestation pour la libération de Georges Abdallah organisée le 22 octobre prochain devant les portes de la prison de Lannemezan. Cette marche doit être une grande marche pour la libération de l’ensemble des prisonniers palestiniens, des geôles sionistes jusqu’aux prisons françaises et états-uniennes.