En août 2024, six militant•es de Palestine Action ont conduit un fourgon de prison réquisitionné jusqu’au centre de recherche, de développement et de fabrication d’Elbit Systems à Filton, Bristol. Une fois à l’intérieur, iels ont détruit des armes sionistes, notamment des drones quadricoptères du même modèle que ceux utilisés par l’armée coloniale à Gaza. Ceux là même qui imitent les cris de femmes et d’enfants, afin d’attirer les Palestinien•nes et de les tuer. Ce sabotage aurait coûté à Elbit Systems (la plus grande entreprise d’armement sioniste) plus d’un million de livres sterling de dégâts.
Après l’arrestation des six militant•es dans le centre de recherches, de nouvelles descentes ont eu lieu, et 12 autres militant•es ont été placé•es en détention provisoire pour la même action à Filton, l’État utilisant des moyens de répression anti-terroriste lors de leurs arrestations et leurs interrogatoires. Au total, 18 militant•es sont actuellement incarcéré•es dans les prisons britanniques pour des accusations en lien avec cette action contre le centre de recherche et développement du fabricant d’armes sioniste, Elbit Systems.
En cette journée de mobilisation en solidarité avec les Filton18 et alors qu’une audience a lieu aujourd’hui à Londres où les avocat•es tenteront d’obtenir l’arrêt des mesures de répression anti-terroristes utilisées contre la majorité des militant•es du groupe incarcéré•es, nous vous partageons deux poèmes écrits par deux de ces 18 prisonnier•es.

Fatema Zainab Rajwani : Aux habitant • es de Gaza
Fatema a été placée en détention provisoire le 14 août 2024, après avoir été arrêtée à l’intérieur de l’usine d’armement d’Elbit. Elle a passé six jours à l’isolement et s’est vu refuser le droit d’appeler sa mère pendant deux semaines. Les visites lui ont également été interdites pendant trois semaines. Fatema est actuellement en dernière année d’études en médias à l’université.
Elle passe actuellement ramadan seule, loin de sa mère et de sa communauté auprès de laquelle elle était très investie :
« Habituellement, nous allons à la mosquée de notre quartier, nous rompons le jeûne ensemble. Elle était très active dans la communauté. Elle rendait service, faisait du bénévolat. Ce sont toutes ces choses qui lui manquent maintenant, et c’est ce qui la déprime vraiment … De ne plus pouvoir faire ces choses-là ».
« Elle sait qu’elle est du bon côté de l’histoire. Elle traverse des moments difficiles et des moments de déprime, mais nous gérons cela ensemble au téléphone lorsqu’elle peut m’appeler. Nous appelons cela la thérapie coranique : chaque fois qu’elle se sent déprimée, nous prenons le Coran, nous l’ouvrons au hasard, nous le récitons et réfléchissons sur le passage en question, sa signification, etc ». raconte sa maman, Sukaina.
Depuis sa cellule de la prison pour femmes d’Ashford, dans le Surrey, Fatema a écrit ce poème, rempli d’amour et d’espoir. Il symbolise la force de cette militante, que le gouvernement tente de briser, mais qui reste fermement attachée à ses idéaux de justice et de révolution.
“Aux habitant • es de Gaza, je vous écris animé par l’amour et la tristesse.
La nuit, je rêve d’un amour si vaste et si profond qu’il nous libère tous·tes.
Il s’étend à travers les continents pour combler l’espace entre mon corps brun et le vôtre. Je souhaite que l’amour dont je rêve soit suffisant. Je souhaite que l’amour dont je rêve puisse contenir votre peine de la même manière que notre silence soutient la violence.
Quand il n’y a plus rien d’autre sur quoi écrire, j’écris sur l’amour.
Car il n’y a pas de vie qui vaille la peine d’être vécue, pas de force qui vaille d’être exprimée, si ce n’est pour l’amour.
Le genre d’amour qui vous force à témoigner.
Le genre d’amour qui ne reste pas silencieux.
Un amour qui n’est ni patient ni doux mais implacable et dur.
Je rêve d’un amour si englobant qu’il fait mal.
Un amour qui ne nous rend pas moins peureux, mais un amour qui nous rend moins conciliant·es.
La nuit, je rêve d’un amour si vaste et si profond qu’il nous libère tous·tes.
Quand l’aube se lève, je rêve de me réveiller face à un amour qui n’est pas nouveau mais ancien, ancestral et impitoyable.
Le type d’amour qui incite à l’action.
Il n’y a pas de plus grand acte d’amour que de se tenir fermement entre tout ce que vous connaissez (et qui détruit) et tout ce qui pourrait être (reconstruit à neuf).”

Zoë Rogers : Quand ils me demandent pourquoi je l’ai fait, je leur parle des enfants
Zoë a été arrêtée à l’intérieur du centre d’armement d’Elbit à Filton le 6 août et est emprisonnée en attente de son procès depuis. Elle s’est vu refuser tout contact avec sa mère pendant deux semaines et l’a revue pour la première fois lors de son procès. Elle n’a pas été autorisée à passer d’appel téléphonique, a été placée à l’isolement, et a reçu, avec ses co-accusées, une ordonnance de non-association pour les empêcher de communiquer entre elles.
Depuis sa cellule, Zoë a écrit ce magnifique poème pour expliquer pourquoi elle a choisi l’action directe afin de résister au génocide et au sionisme en Palestine :
“Quand ils me demandent pourquoi je l’ai fait, je leur parle des enfants.
De leur enfance volée, leurs squelettes carbonisés et fumants, leurs corps écrasés si facilement par les immeubles qui s’écroulent. De leur peau qui fond lorsque les tentes enflammées s’effondrent autour d’eux.
Je leur parle du garçon retrouvé portant le corps de son frère dans son sac à dos ensanglanté. Je leur parle de la fille dont le corps pendu lui arrivait aux genoux. Je leur parle du père qui tenait son enfant décapité. Je leur parle de la mère qui a reçu le « poids approximatif » des membres de sa famille à enterrer, car ils étaient brisés au point d’être méconnaissables.
Ensuite, je leur raconte l’histoire, comment cela s’est reproduit à maintes reprises. Je parle du gang Stern, des Jeunesses des Collines, des guerres de 1948 et 1967, de l’opération Plomb Durci et de l’opération Bordure Protectrice. J’explique comment ils appellent cela« tondre la pelouse»,« nettoyer» le territoire de ces« animaux humains ».
Je leur explique comment ils calculent les nutriments minimums pour maintenir tout le monde en vie, en coupent un peu et ne laissent entrer que ça. Depuis la guerre génocidaire, ils ont interdit le chlore, la morphine, les jouets pour enfants et bien d’autres choses essentielles à la survie.
Enfin, j’explique que c’est nous qui avons permis cette situation avec notre déclaration Balfour et aujourd’hui via la répression médiatique. Je leur dis que je ne peux plus supporter cela, que cela ne peut plus durer, alors j’ai pris des mesures contre Elbit, leur fournisseur d’armes.
Mais je n’oublie jamais de dire :
C’est l’amour, et non la haine, qui m’a appelé.
J’ai observé leurs chants et leurs danses pour la liberté. J’ai lu leurs livres remplis d’espoir. J’ai écouté leurs rêves de devenir médecins, enseignants, journalistes et de ne jamais abandonner”
Pour en savoir plus sur les Filton18, nous vous encourageons à suivre la campagne “Free the Filton 18” et Palestine Action (également sur instagram) !
Nous vous partageons également cette interview des mères de Fatema, Zoë et Leona, reçues par le rappeur Lowkey pour le média Mint Press News :
Face à la répression, illustration de l’implication directe des centres impérialistes dans le génocide du peuple palestinien perpétré depuis le 7 octobre 2023 par le régime sioniste à Gaza, et plus largement au projet colonial sioniste en œuvre depuis plus d’une centaine d’année en Palestine, mobilisons nous activement en soutien à nos camarades incarcéré•es ! Partout où nous le pouvons, exigeons la libération de tous•tes nos camarades incarcéré•es dans les centres impérialistes, les régimes réactionnaires et normalisateurs et en Palestine occupée : des Filton 18 à Georges Abdallah, d’Anan Yaeesh à Mahmoud Khalil, des Holy Land Five à Ahmad Saadat, de Karmel Khawaja à Shatela Abu Ayad : Libérez tous•tes nos prisonnier•es !
La Campagne “Free the Filton 18” met à disposition plusieurs ressource pour vos mobilisations via son linktree :
Le réseau international de solidarité avec les prisonnier•es palestinien•nes, Samidoun, met à disposition plusieurs ressources pour vos mobilisations :
- Affiche “Free the Filton 18”
- Tract “Free the Filton 18”
- Modèle Banderole “Free the Filton 18”
- Livret “Free the Filton 18”
En savoir plus sur Samidoun : réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens
Subscribe to get the latest posts sent to your email.