Au beau milieu de l’offensive contre la direction du mouvement des prisonniers, qui voit les éminents leaders du peuple palestinien et de sa résistance – et en particulier ceux qui entrent prioritairement en ligne de compte pour être libérés lors d’un échange de prisonniers – soumis au confinement solitaire, à des tabassages, à la privation de nourriture et à la torture, Ahmad Sa’adat, le secrétaire général emprisonné du Front populaire pour la libération de la Palestine, est maintenu en isolement à la prison de Megiddo.
Lors de son dernier transfert en isolement à Megiddo, il a été agressé et sévèrement tabassé et il lui a fallu faire face à une situation de santé dangereuse et à un refus de soins médicaux, vu qu’il est emprisonné dans une situation impropre à la vie humaine. Dans un communiqué, le FPLP a expliqué que l’attaque contre Sa’adat « a lieu dans un contexte d’escalade systématique et dangereuse qui cible les dirigeants du mouvement des prisonniers, tout en visant à les liquider lentement, physiquement et psychologiquement, via la négligence médicale, la torture, la violence, l’isolement et la privation de nourriture systématique ».
Nombre de dirigeants du mouvement des prisonniers ont été ciblés, enfermés en isolement, battus à maintes reprises, affamés et privés de soins médicaux. Parmi ceux-ci figurent Abdullah Barghouti, Hassan Salameh, Ahed Abu Ghoulmeh, Ibrahim Hamed, Muammar Shahrour, Abbas al-Sayyed, Marwan Barghouti, Mohammed al-Natsheh et Muhannad Shreim.
Cette politique de « lent assassinat » fait partie intégrante de l’actuel génocide sioniste-impérialiste à Gaza et dans toute la Palestine occupée, c’est une manifestation de l’actuelle politique d’assassinat menée par l’occupation et qui cible la direction de la résistance palestinienne. Nous demandons instamment aux partisans de la Palestine du monde entier d’agir et d’exiger leur libération et celle de tous les prisonniers palestiniens dans le cadre de l’arrêt du génocide à Gaza – sur la voie de la libération de la Palestine du fleuve à la mer.
Ahmad Sa’adat est le secrétaire général emprisonné du Front populaire pour la libération de la Palestine. Il est l’un des plus de 10 000 prisonniers politiques palestiniens et il a été condamné à 30 ans d’emprisonnement dans les prisons sionistes pour une série de délits politiques « relatifs à la sécurité ». Parmi ces charges figurent l’affiliation à une organisation interdite (le FPLP, dont il est le secrétaire général), le fait d’occuper un poste au sein d’une organisation interdite et l’incitation en raison d’un discours tenu par Sa’adat même suite à l’assassinat par Israël de son prédécesseur Abu Ali Mustafa, en août 2001, discours dans lequel il avait déclaré « œil pour œil, dent pour dent ». Le 17 octobre 2001, à l’hôtel Hyatt de Jérusalem, en guise de représailles pour l’assassinat d’Abu Ali Mustafa, des combattants de l’aile armée du FPLP assassinaient Rehavam Ze’evi, le tristement célèbre ministre du Tourisme, raciste et d’extrême droite, du gouvernement israélien d’Ariel Sharon.
Né en 1953, Sa’adat est le fils de réfugiés chassés de leur foyer dans le village de Deir Tarif, près de Ramleh, lors de la Nakba de 1948. Professeur de mathématiques de formation, il est marié avec Abla Sa’adat, elle-même activiste bien connue, et il est le père de quatre enfants. Il est impliqué dans le mouvement national palestinien depuis 1967, date à laquelle il a commencé à être actif au sein du mouvement étudiant. Il a été élu secrétaire général du FPLP suite à l’assassinat d’Abu Ali Mustafa.
Le 15 janvier 2002, Sa’adat assistait à un meeting en compagnie du chef de la sécurité de l’« Autorité palestinienne », Tawfik Tirawi. Le meeting avait été organisé sous de faux prétextes et Sa’adat avait été enlevé et emmené au complexe de la Mouqata’a à Ramallah, à l’époque le quartier général du président de l’AP Yasser Arafat, dans le cadre de la « coordination sécuritaire » avec le régime sioniste. Lors d’un arrangement impliquant le régime sioniste, la Grande-Bretagne et les États-Unis, Sa’adat avait alors été enfermé dans une prison de l’Autorité palestinienne à Jéricho pendant plus de quatre ans sous la surveillance de gardiens américains, canadiens et britanniques. Il y était détenu en compagnie d’Ahed Abu Ghoulmeh, Majdi Rimawi, Hamdi Qur’an, Basil al-Asmar et Fouad Shobaki. Le directeur de la « surveillance » américano-britannique des prisonniers à la prison de Jéricho avait dirigé précédemment pour la Grande-Bretagne l’infâme Centre de détention de Maze, en Irlande du Nord occupée, où étaient détenus des prisonniers républicains irlandais, et un autre fonctionnaire britannique sur place allait être impliqué plus tard dans la création des « Casques blancs » en Syrie.
En janvier 2006, tout en étant emprisonné, Ahmad Sa’adat était élu au Conseil législatif palestinien à la place d’Abu Ali Mustafa. Ce furent les fameuses élections du CLP remportées par le bloc du Changement et de la Réforme, aligné avec le Hamas, le Mouvement de la résistance islamique. Le 14 mars 2006, quelques jours avant qu’Ismaïl Haniyeh n’entre en fonction comme Premier ministre – après avoir fait état lors de la campagne électorale de son engagement manifeste à libérer les prisonniers palestiniens détenus dans les geôles de l’AP dans le cadre de la « coordination sécuritaire » –, des militaires sionistes pénétraient de force dans la prison de Jéricho, alors que les gardiens américains, britanniques et canadiens se tenaient à l’écart pour faciliter l’assaut. Ils tuaient deux gardiens palestiniens et enlevaient Sa’adat et cinq de ses compagnons de détention pour les emmener dans les prisons de l’armée d’occupation.
Il avait été arrêté par l’occupation israélienne en de nombreuses occasions, entre autres en 1970, 1973, 1975, 1976, 1989 et 1992 pour un total de 10 années de détention.
En 1993, il avait été élu au Bureau politique du FPLP et il était devenu responsable pour le secteur de Cisjordanie en 1994. Dans ce contexte, il allait être arrêté à plusieurs reprises entre 1994 et 1996 par l’Autorité palestinienne dans le cadre de la coordination sécuritaire avec l’occupation israélienne établie à la suite des accords d’Oslo de 1993.
Le 25 décembre 2008, Sa’adat était condamné à passer 30 ans dans les prisons de l’occupation coloniale. Sa longue sentence, décidée par un tribunal militaire sioniste, était prévue en tant que mécanisme d’emprisonnement de la résistance et de l’engagement du peuple palestinien à rechercher la liberté, la justice, la libération et l’autodétermination. Sa’adat a refusé constamment et en de très nombreuses occasions de reconnaître la légitimité du tribunal illégal en ne daignant pas se lever et en prononçant des déclarations de rejet.
Depuis lors, il a continué de diriger le mouvement des prisonniers palestiniens derrière les barreaux. Il a été maintenu en isolement pendant près de trois ans et, à maintes reprises, on lui a refusé les visites de sa famille. Plusieurs grèves de la faim importantes des prisonniers palestiniens, dont celle de septembre-octobre 2011 et celle d’avril-mai 2012, ont exigé la fin de l’isolement – dont celui de Sa’adat – comme revendication principale. Finalement, fin mai 2012, suite à l’accord en vue de mettre un terme à la grève de la faim des prisonniers, Sa’adat allait être libéré de l’isolement et renvoyé parmi la population générale de la prison. Au cours de la grève, Sa’adat avait été hospitalisé en raison de la tension physique sévère provoquée par le fait de n’ingurgiter que du sel et de l’eau.
Il a participé à de multiples grèves de la faim et protestations collectives, dont la grève de la faim de 2015 contre la détention administrative, la grève de la Dignité en 2017, la grève de 2016 en solidarité avec Bilal Kayed et la grève de la faim de 2019.
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Aujourd’hui, depuis le 7 octobre 2023, plus de 66 prisonniers palestiniens sont devenus des martyrs en raison de la torture, des agressions, de la privation de nourriture et de la négligence médicale, et des dirigeants du mouvement des prisonniers, tel Sa’adat, sont particulièrement ciblés pour être torturés, placés en isolement et liquidés dans les geôles coloniales.
Nous invitons instamment tous les partisans de la Palestine et de la cause palestinienne à s’exprimer activement et à entreprendre des actions via des manifestations, des actions de masse et des actions directes afin de s’opposer à la violence contre les prisonniers palestiniens. Les puissances impérialistes, comme les EU, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, qui continuent d’armer, de soutenir et de couvrir le génocide sioniste à Gaza et dans toute la Palestine occupée, sont totalement impliquées dans ces actions inhumaines.
Notre mouvement dans son ensemble doit répondre collectivement à une telle répression en s’organisant encore plus bruyamment, visiblement et efficacement afin de mettre à l’arrêt la machine de guerre impérialiste-sioniste, de soutenir la résistance palestinienne et toutes les forces de résistance dans la région, et de faire en sorte que les prisonniers palestiniens ne soient dès maintenant plus jamais isolés de la cause de la libération palestinienne, arabe, islamique et de toute la région, et du mouvement international en faveur de la justice.
Liberté pour tous les prisonniers palestiniens dans les geôles de l’occupation ! Victoire de la résistance !
Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre !
En savoir plus sur Samidoun : réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens
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