Muhannad Shreim : L’occupation attaque et isole une voix du mouvement des prisonniers

La direction du mouvement des prisonniers palestiniens est sous attaque. Au beau milieu de l’offensive contre le mouvement des prisonniers palestiniens dans son ensemble, où le refus de soins médicaux, la torture, les agressions physiques et sexuelles et la privation de nourriture se sont mués en tentatives systématiques de « lent assassinat » – rappelons qu’au moins 66 prisonniers palestiniens sont devenus des martyrs, depuis le 7 octobre 2023 –, les dirigeants du mouvement font l’objet d’une attaque particulière.

Les dirigeants prisonniers palestiniens frappés de lourdes sentences  – et qui sont prioritaires lors d’un échange de prisonniers avec la résistance – sont confrontés au confinement solitaire, à la torture et à la négligence médicale, et c’est le cas, entre autres, de Muhannad Shreim, 49 ans, un dirigeant du mouvement des prisonniers qui purge actuellement 29 (vingt-neuf!) condamnations à vie plus 20 ans pour son rôle dans la résistance des Brigades Izz el-Din al-Qassam lors de l’Intifada Al-Aqsa.

Depuis les sept mois écoulés, il est enfermé en confinement solitaire, après avoir été transféré de la section d’isolement de la prison de Gilboa à celle de la prison de Megiddo. Il subit un isolement complet dans une cellule étroite, sans la moindre lumière. Pendant ce temps, il a perdu 45 kilos et n’en pèse plus que 60.

Il ressent des douleurs pénibles dans tout le corps, on continue de le priver de nourriture et de soins médicaux et le fait qu’il est en confinement solitaire fait qu’on lui refuse le moindre accès à un contrôle indépendant de son statut. C’est la politique du « lent assassinat » telle qu’elle est mise en pratique contre les dirigeants du mouvement des prisonniers.

Nombre de dirigeants du mouvement des prisonniers ont été ciblés, enfermés en isolement, battus à maintes reprises, affamés et privés de soins médicaux. Parmi ceux-ci figurent Abdullah Barghouti, Hassan Salameh, Ahed Abu Ghoulmeh, Ibrahim Hamed, Muammar Shahrour, Abbas al-Sayyed, Marwan Barghouti, Mohammed al-Natsheh et Ahmad Sa’adat.

Cette politique de « lent assassinat » fait partie intégrante de l’actuel génocide sioniste-impérialiste à Gaza et dans toute la Palestine occupée, c’est une manifestation de l’actuelle politique d’assassinat menée par l’occupation et qui cible la direction de la résistance palestinienne. Nous demandons instamment aux partisans de la Palestine du monde entier d’agir et de s’organiser pour exiger leur libération et celle de tous les prisonniers palestiniens dans le cadre de l’arrêt du génocide à Gaza – sur la voie de la libération de la Palestine du fleuve à la mer.

Muhannad Shreim

Muhannad Talal Mansour Shreim est né le 12 novembre 1975 à Tulkarem, où il a grandi et obtenu son diplôme de l’enseignement secondaire en 1993. Il a poursuivi son éducation à l’Université nationale An-Najah de Naplouse en 1994, où il est devenu l’un des dirigeants les plus éminents et visibles du Bloc islamique sur le campus.

Il avait la réputation d’être présent, de prendre la parole et de scander des slogans à chaque manifestation, célébration, cortège funéraire ou mémorial, de parler de la résistance et de la lutte de libération, de la défense de la mosquée  Al-Aqsa et de la libération de la Palestine du fleuve à la mer. C’est souvent lui qui dirigeait les jeunes dans leurs slogans afin de mobiliser les gens et de les inciter à intensifier leurs actions.

Il a été arrêté à maintes reprises par les forces de l’occupation pour son activité au sein du mouvement étudiant et il n’a guère tardé à rallier le mouvement du Hamas et à se muer en combattant des Brigades Izz el-Din al-Qassam. Il n’a pas été en mesure d’achever ses études en raison de ses arrestations répétées, bien que, plus tard, il ait repris l’étude de la loi islamique à l’Université ouverte d’Al-Quds (et, en 2021, il obtenait son diplôme en Études israéliennes à l’intérieur même des prisons sionistes).

Il avait été arrêté la première fois en octobre 1993 et bien vite relâché, mais arrêté de nouveau un mois plus tard, en novembre 1993, puis placé en détention administrative pendant neuf mois, avant d’être libéré en août 1994. Plusieurs mois plus tard, en janvier 1995, il était de nouveau emprisonné pour plus de trois ans, jusqu’à sa libération en mai 1998.

Muhannad Shreim était ensuite arrêté par les forces de l’occupation le 8 mai 2002, après une longue poursuite de plusieurs mois en tant que dirigeant des Brigades Izz el-Din al-Qassam, et plus particulièrement pour son rôle aux côtés d’Abbas al-Sayyed et de Muammar Shahrour dans l’opération du Park Hotel à Netanya. Des centaines de soldats de l’occupation avaient envahi la ville de  Tulkarem avec des dizaines de véhicules blindés et autres chars avec l’ordre d’arrêter Muhannad, avant de prendre d’assaut le bâtiment où il se cachait. Plus tôt, il avait déjà échappé aux soldats sionistes bien qu’il eût été arrêté après leur avoir présenté une fausse carte d’identité.

Il avait été soumis à des interrogatoires particulièrement musclés et à la torture pendant plus de deux mois et, trois mois après son arrestation, les forces de l’occupation démolissaient non seulement sa maison mais aussi l’immeuble tout entier, y compris les étages appartenant à son père et à ses frères Mansour et Mohammed. Les deux frères étaient eux aussi d’anciens prisonniers qui avaient été écroués par l’occupation lors de l’Intifada Al-Aqsa. Muhannad Shreim a finalement été condamné à 29 fois la perpétuité plus 20 ans dans les prisons sionistes.

Depuis son emprisonnement, son père est décédé en 2005 et Muhannad n’a pas eu la permission de lui dire adieu. À maintes reprises, il a été transféré d’une prison à l’autre et détenu en confinement solitaire pendant plusieurs années avant d’être libéré de cet isolement en compagnie d’autres dirigeants emprisonnés, à la suite de la grève de la faim de Karameh, en 2012.

Il figurait sur une liste publique en compagnie de plusieurs de ses camarades dirigeants emprisonnés avant l’échange de Wafa al-Ahrar, en tant que l’un des prisonniers que le régime sioniste allait refuser de relâcher dans le cadre de l’échange. Il a rédigé maints articles à l’intérieur même des prisons de l’occupation, mais aucun de ses textes n’est sorti des murs de la prison depuis le début du Déluge d’Al-Aqsa et au cours du génocide sioniste-impérialiste à Gaza. Actuellement, il est en isolement et privé d’une nourriture suffisante, et ce, dans une tentative en vue d’empêcher une fois de plus ses écrits et sa voix d’atteindre le peuple palestinien, arabe et international – et c’est à nous qu’incombe le défi d’agir pour le défendre, lui et ses compagnons palestiniens emprisonnés, tous résistants, combattants et dirigeants.

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Nous invitons instamment tous les partisans de la Palestine et de la cause palestinienne à s’exprimer activement et à entreprendre des actions via des manifestations, des actions de masse et des actions directes afin de s’opposer à la violence contre les prisonniers palestiniens. Les puissances impérialistes, comme les EU, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, qui continuent d’armer, de soutenir et de couvrir le génocide sioniste à Gaza et dans toute la Palestine occupée, sont totalement impliquées dans ces actions inhumaines.

Notre mouvement dans son ensemble doit répondre collectivement à une telle répression en s’organisant encore plus bruyamment, visiblement et efficacement afin de mettre à l’arrêt la machine de guerre impérialiste-sioniste, de soutenir la résistance palestinienne et toutes les forces de résistance dans la région, et de faire en sorte que les prisonniers palestiniens ne soient dès maintenant plus jamais isolés de la cause de la libération palestinienne, arabe, islamique et de toute la région, et du mouvement international en faveur de la justice.

Liberté pour tous les prisonniers palestiniens dans les geôles de l’occupation ! Victoire de la résistance !

Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre !

 

 


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