
Le 30 avril, les associations de prisonnier·es palestinien·nes ont lancé un appel à l’Organisation mondiale de la santé, signalant :
« l’apparition de nombreuses maladies, dont la gale, des infections amibiennes, des diarrhées chroniques, des vomissements continus, ainsi que d’autres affections dermatologiques graves. Les enfants détenus présentent également des symptômes de maladies de peau non diagnostiquées et non traitées.
Tous·tes les prisonnier·es sont privé·es de leur droit aux soins médicaux, et l’administration pénitentiaire refuse de traiter la cause réelle de ces maladies, à savoir les conditions de détention inhumaines et insalubres dans les prisons. »
Depuis le 7 octobre 2023, dans le contexte du Déluge d’Al-Aqsa et du génocide sioniste-impérialiste en cours à Gaza et dans toute la Palestine occupée, au moins 65 prisonniers palestiniens identifiés ont été martyrisés dans les prisons sionistes. L’occupation continue de détenir les corps de 63 d’entre eux (parmi 74 corps de prisonniers palestiniens et près de 700 corps de martyrs palestiniens conservés dans les morgues et les « cimetières des nombres » de l’occupation). Plus de 40 de ces martyrs sont originaires de Gaza, mais la liste complète des prisonniers martyrs venant de Gaza n’a pas été rendue publique ; on y compte notamment le Dr Adnan al-Bursh, le Dr Iyad al-Rantisi, ainsi que de nombreux autres Palestiniens torturés à mort par des passages à tabac violents, des viols et autres agressions sexuelles.
Quelques jours plus tôt, la Palestinian Prisoners Society déclarait que :
« Les autorités pénitentiaires de l’occupation sioniste transfèrent délibérément des prisonniers politiques palestiniens malades entre différentes prisons et cellules dans le but de propager des maladies infectieuses parmi la population carcérale. »
Elle a précisé que des prisonniers atteints de maladies contagieuses étaient transférés de la prison de Megiddo vers celle du désert du Naqab, sans aucun traitement médical ni soin :
« En conséquence, les prisonniers de la prison du Naqab ont été infectés et ont commencé à présenter des symptômes tels que des douleurs abdominales aiguës, des vomissements persistants, une fatigue extrême, ainsi que des cas de gale — autant de signes d’un danger grave et croissant pour leur vie. »
L’occupation mène une politique systématique de privation de soins médicaux, d’interdiction des produits d’hygiène et du matériel de nettoyage, de surpopulation carcérale et de famine, en plus de l’escalade continue de la torture, des passages à tabac, et des violences physiques, psychologiques et sexuelles. Des dirigeants du mouvement des prisonniers palestiniens, comme Abdallah Barghouti, sont soumis à des tortures et passages à tabac répétés, avant qu’on leur refuse tout soin pour leurs blessures — illustrant pleinement cette politique d’« assassinat lent / mort lente » menée contre l’ensemble du mouvement des prisonnier·es. Plusieurs prisonniers palestiniens sont actuellement ciblés par des campagnes de négligence médicale, de mauvais traitements et d’abus, notamment :
Mohammed al-Natsheh
Cheikh Mohammed Jamal al-Natsheh, 65 ans, est membre du Conseil législatif palestinien. Il a passé plus de 23 années dans les prisons de l’occupation, dont neuf ans sous détention administrative — une incarcération sans charges ni procès. Il a été arrêté pour la première fois en 1988, lors de la première Intifada. Figure de proue du mouvement Hamas en Cisjordanie occupée, il fait partie des 415 dirigeants et membres du Hamas et du Jihad Islamique Palestinien qui ont été déportés de force en 1992 par l’occupation vers Marj al-Zouhour, dans le sud du Liban, à la suite d’une opération de résistance — avant qu’ils ne parviennent à revenir.
Par la suite, il a été assigné à résidence à plusieurs reprises par l’Autorité palestinienne, dans le cadre de sa « coordination sécuritaire » avec le régime sioniste. Il a de nouveau été arrêté et emprisonné en 2002 par l’occupation, durant l’Intifada d’Al-Aqsa, période pendant laquelle il a été maintenu en isolement pendant quatre années. En 2006, il s’est présenté aux élections du Conseil législatif palestinien sur la liste Changement et Réforme, alignée sur le Hamas, qui remporta les élections. À sa libération, il fut à nouveau arrêté à plusieurs reprises entre 2013 et 2025, placé en détention administrative et soumis à une interdiction de voyager. Durant son emprisonnement, il a participé à plusieurs grèves de la faim, exigeant la fin de la politique de détention administrative.
Il a été enlevé à son domicile à al-Khalil le 11 mars 2025, et immédiatement soumis à la torture, à des coups violents et à des abus pendant les dix jours d’interrogatoire qu’il a subi. Il a été si grièvement blessé lors de cette agression qu’il a développé une hémorragie cérébrale et d’autres hémorragies internes, entraînant son transfert à la tristement célèbre clinique de la prison de Ramleh, surnommée « l’abattoir » par les prisonnier·es palestinien·nes. Durant cette période, sa famille s’est vu refuser toute information sur son état de santé, et les visites de son avocat ont été interdites.
Sa famille a depuis appris qu’il souffre aujourd’hui d’une insuffisance rénale et de multiples autres problèmes de santé, et qu’il reste dans un état de choc en raison des tortures subies et de la négligence médicale. Ils ont confirmé qu’il ne souffrait d’aucune maladie aiguë ou chronique avant son arrestation, et que sa situation actuelle est le résultat direct des tortures de l’occupation.
Le Bureau des médias des prisonnier·es a déclaré : « Nous tenons l’occupation sioniste pleinement responsable de la vie du député prisonnier Mohammed Jamal al-Natsheh, victime d’une tentative d’assassinat et de liquidation par torture sévère. » Face à l’indignation suscitée par les actes de torture et de maltraitance médicale, l’occupation a annoncé le report de son procès et, le 30 avril, a de nouveau interdit à son avocat de lui rendre visite, sous prétexte d’un transfert vers un autre hôpital. La vie du Cheikh al-Natsheh est en danger permanent dans les prisons de l’occupation et nécessite une intervention immédiate et sa libération urgente.
Ayman al-Haj Yahya
Ayman al-Haj Yahya, originaire de Taybeh, en Palestine occupée de 1948, est emprisonné dans les geôles de l’occupation depuis 2020. En 2023, il a été condamné à sept ans de prison pour accusations de contact avec des « agents étrangers » — une accusation fréquemment utilisée par l’occupation contre les Palestinien·nes titulaires de la citoyenneté « israélienne » qui voyagent au Liban ou rencontrent des mouvements de libération arabes ou régionaux.
Il est le secrétaire général du mouvement Kifah, un mouvement de Palestinien·nes en Palestine occupée de 1948, centré sur l’organisation populaire, le boycott des institutions sionistes comme la Knesset, et la défense des prisonnier·es palestinien·nes. Il a aussi été secrétaire de l’Association des prisonnier·es de Palestine ’48. Pendant les trois années de détention préventive, au cours desquelles son procès a été constamment reporté, il a perdu son épouse, Rula al-Haj Yahya. Ayman et Rula sont les parents de quatre enfants.
Le fils d’Ayman, Jihad al-Haj Yahya, a été condamné en 2024 à 13 mois de prison pour « incitation au terrorisme et identification avec le Hamas », pour avoir publié trois stories sur ses réseaux sociaux, dans lesquelles il écrivait : « Notre Gaza ne mourra pas » et exprimait sa solidarité avec la résistance palestinienne, en tant que partie intégrante du peuple palestinien. Ces accusations d’« incitation » sont fréquemment utilisées pour cibler les Palestinien·nes en Palestine occupée de 1948 et réduire au silence toute forme d’activisme, même verbal ou sur les réseaux sociaux, contre le génocide.
Ses codétenus de la prison du désert du Naqab ont lancé un appel au monde pour protéger sa vie et sa santé, après qu’il soit tombé gravement malade en détention et que tout accès aux soins médicaux lui ait été refusé. Seuls ses compagnons de cellule ont pu lui venir en aide, avec les ressources extrêmement limitées à leur disposition. Suite à cet appel, son avocat a annoncé qu’il était désormais hospitalisé pour une pneumonie.
Dans ce contexte, les propres paroles d’Ayman résonnent comme un appel à l’action : « N’oubliez pas vos prisonnier·es, ceux·celles que vous avez laissés derrière vous — élevez leur voix haut et fort, car nous mourons dans les prisons. » – prisonnier Ayman al-Haj Yahya
Zaher al-Shishtari
Zaher al-Shishtari est dirigeant du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP). Il milite pour la libération de la Palestine depuis sa jeunesse, lorsqu’il cofonda l’Union des lycéen·nes palestinien·nes alors qu’il était lui-même au lycée. Originaire de Naplouse, il a été arrêté et emprisonné plus de 30 fois par l’occupation depuis 1979, passant de nombreuses années derrière les barreaux.
Plus récemment, il a été de nouveau emprisonné en août 2024, après avoir été enlevé de son domicile lors d’un raid nocturne. Depuis son incarcération, son état de santé s’est gravement détérioré : il a contracté la gale, et on lui a refusé les médicaments nécessaires pour ses pathologies chroniques, dans le cadre de la politique systématique de maltraitance médicale des prisonnier·es palestinien·nes.
Il est atteint de sclérose en plaques, une maladie chronique affectant le système nerveux central, entraînant des troubles moteurs et de l’équilibre. L’occupation lui a confisqué sa canne et refuse de lui administrer les injections mensuelles prescrites pour sa SEP. Il souffre également de paralysie faciale (atteinte des nerfs crâniens) et de diabète chronique. Son avocate, Nadia Daqqa, a rapporté qu’il ne peut plus marcher sans l’aide de ses codétenus, dont il dépend pour tous ses besoins quotidiens, y compris pour aller aux toilettes. Lors d’une tentative d’y aller seul, il est tombé et a subi de graves blessures et contusions. Il a perdu plus de 15 kg depuis son incarcération, conséquence directe de la privation médicale et de la politique de famine imposée par l’occupation.
Ces trois dirigeants emprisonnés ne sont pas seuls dans leur lutte contre la «politique de mort lente » menée contre les prisonnier·es palestinien·nes. Il y a quelques jours à peine, Haneen Jaber, mère de martyrs emprisonnée, a été diagnostiquée d’un cancer dans les prisons sionistes, suscitant de vives inquiétudes pour sa vie et sa santé. Dans le même temps, le journaliste de renom de Jénine, Ali Samoudi, a été transféré à l’hôpital après avoir été arrêté par les forces d’occupation le 29 avril.
Ali Samoudi souffre de multiples pathologies chroniques, dont le diabète et une hypertension artérielle, et a récemment été victime d’une crise cardiaque. Il a été blessé à plusieurs reprises par les forces d’occupation dans l’exercice de ses fonctions journalistiques — la plus récente en mai 2022, lorsqu’il a été atteint alors qu’il assistait à l’assassinat de sa collègue Shireen Abu Aqleh, tuée par des soldats sionistes dans le camp de réfugiés de Jénine. Depuis cet événement, des éclats de métal sont restés dans son corps, notamment dans sa colonne vertébrale, ses pieds et sa tête, exposant encore davantage sa vie et sa santé à un grave danger.
Nous appelons tous les soutiens de la Palestine et de sa cause à prendre la parole activement et à agir concrètement : manifestations, actions de masse, actions directes — pour affronter les abus infligés aux prisonnier·es palestinien·nes. Les puissances impérialistes comme les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, qui continuent d’armer, de financer et de couvrir politiquement le génocide sioniste à Gaza et dans toute la Palestine occupée, sont pleinement complices de ces actes inhumains.
L’ensemble de notre mouvement doit répondre collectivement à cette répression en s’organisant de manière encore plus forte, plus claire et plus déterminée, afin de mettre à l’arrêt la machine de guerre impérialiste-sioniste, de soutenir la Résistance palestinienne et toutes les forces de résistance dans la région, et de garantir que les prisonnier·es palestinien·nes ne soient jamais isolé·es du peuple palestinien, des luttes arabes, islamiques et régionales pour la libération, ni du mouvement international pour la justice.
Liberté pour tous les prisonnier·es palestinien·nes dans les geôles de l’occupation !
Victoire à la Résistance !
Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre !
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