Avocat et défenseur des droits humains franco-palestinien, Salah Hamouri reste sous la menace constante d’une expulsion de Jérusalem à tout moment. Alors qu’une audience est prévue le 1er janvier, la ministre israélienne de l’Intérieur et militante d’extrême droite Ayelet Shaked a annoncé ce vendredi 9 décembre qu’elle avait rejeté les arguments avancés par les avocats de Salah lors de l’audience du 6 décembre dernier et qu’elle ne voyait aucune raison de reconsidérer son expulsion ou sa détention, comme le souligne le Comité pour la libération de Salah Hamouri.
🔴La décision du Ministère de l’Intérieur israélien suite à l’audience du 06/12 est tombée. La ministre de l’Intérieur rejette les arguments avancés par les avocats de Salah Hamouri et décide qu’il n’y a pas lieu de modifier la décision d’expulser Salah. #LiberezSalah pic.twitter.com/lSsT6KQN9f
— Liberté pour Salah Hamouri (@LiberezSalah) December 9, 2022
Le comité a rappelé que “L’audience prévue pour le 1er janvier 2023 ne garantit en rien que Salah ne sera pas expulsé avant”, et a établi un lien entre ce processus et la torture psychologique et le harcèlement dont sont victimes Salah Hamouri et sa famille. Emprisonné depuis le 7 mars dernier, il est actuellement détenu sans inculpation ni procès à la prison de Hadarim en tant que “détenu de haute sécurité”. Les militants ont également mis en garde contre les prochaines vacances de décembre, notant que les responsables israéliens pourraient chercher à profiter de cette période pour forcer l’expulsion de Salah, qui est né et vit dans sa ville natale de Jérusalem en Palestine.
Tout comme de nombreux groupes de parlementaires français (comme EELV, PCF et LFI), le député européen Manu Pineda, qui préside la commission des relations avec la Palestine, a dénoncé l’ordre d’expulser Salah Hamouri :
La decisión de la ocupación israelí de deportar al #HRD Salah Hammouri constituye una grave violación de los #DerechosHumanos. Como europarlamentarios pedimos a las autoridades responsables que tomen medidas inmediatas. #JusticeForSalah pic.twitter.com/qAVYk8ysB7
— Manu Pineda🔻 (@ManuPineda) December 6, 2022
Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, où Salah travaille en tant qu’avocat et chercheur sur le terrain, a noté :
Le 2 décembre 2022, des experts des Nations Unies, notamment le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, et le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme dans la lutte antiterroriste, ont appelé à une enquête complète et à l’obligation de rendre des comptes pour les crimes de guerre israéliens présumés commis dans le territoire palestinien occupé, soulignant que ” “l’expulsion forcée de personnes protégées du territoire occupé et le fait de forcer leur allégeance à la puissance occupante, constituent des violations graves du droit humanitaire international.” En outre, le 2 décembre 2022, Human Rights Watch, Amnesty International et de nombreuses autres organisations de la société civile nationales et internationales, ont exhorté le président français Emmanuel Macron à agir immédiatement contre la déportation forcée de Salah Hamouri et à mettre fin au crime de guerre dont il est victime et au précédent qu’il crée. Nous prenons note de l’opposition du gouvernement français à l’expulsion forcée de Salah Hamouri et des efforts déployés pour qu’il soit autorisé à vivre une vie normale dans sa ville natale, Jérusalem. Cependant, en raison de la gravité de la situation, nous demandons instamment des mesures plus concrètes pour empêcher l’expulsion forcée de Salah.
L’Association internationale des juristes démocrates a adopté une résolution le 4 décembre demandant la libération immédiate de Salah Hamouri et le retour de son droit de résidence à Jérusalem, appelant également la France à refuser de coopérer ou d’accepter une déportation de Salah vers la France, notant que :
Les autorités israéliennes utilisent régulièrement la révocation forcée de la résidence des Palestiniens de Jérusalem comme un moyen de déplacer les Palestiniens autochtones et de créer une “majorité juive” dans Jérusalem occupée, ainsi que de réduire au silence et de réprimer les défenseurs des droits humains, les organisateurs et les représentants politiques palestiniens. Rien qu’entre 1967 et 2015, au moins 14 500 Palestiniens de Jérusalem ont été dépouillés de leur identité de Jérusalem et expulsés de leur ville natale, ce qui constitue un crime de guerre et un crime contre l’humanité en vertu du Statut de Rome.
Ce n’est que le dernier incident en date dans la persécution continue de Hamouri, un avocat franco-palestinien qui a été touché à plusieurs reprises par la détention administrative, un emprisonnement sans inculpation ni procès. Il est emprisonné arbitrairement depuis mars 2022 et se bat depuis 2021 contre la tentative de lui retirer ses droits de résidence et de l’expulser de sa Jérusalem natale sur la base d’un “manquement à l’allégeance” à l’occupation coloniale, un acte constituant un crime de guerre. Sa femme et ses enfants sont interdits d’entrée en Palestine, ce qui le contraint à vivre séparé de sa famille. Il est l’un des six défenseurs palestiniens des droits de l’homme dont il a été prouvé qu’ils étaient surveillés par le tristement célèbre logiciel espion “Pegasus” vendu par le groupe NSO. Il a été emprisonné pendant 7 ans jusqu’à sa libération en 2011, dans une affaire qui est devenue célèbre, surtout en France, comme un exemple de l’illégitimité et de l’injustice du système d’incarcération israélien.
Alors que la France tente de criminaliser le boycott d’Israël et d’interdire des organisations (comme le Collectif Palestine Vaincra), elle montre une nouvelle fois sa complicité avec l’apartheid israélien en révélant son inaction pour faire respecter les droits de Salah Hamouri en dépit de prises de position positives arrachées par la mobilisation de centaines d’associations, parlementaires et d’élus locaux. Les dirigeants français ont exprimé que Salah devrait pouvoir vivre librement avec sa famille à Jérusalem, mais la France doit exercer une réelle pression pour défendre les droits de ses citoyens – notamment en imposant des sanctions au régime israélien, en mettant fin au commerce des armes et, pratiquement et immédiatement, en refusant d’accepter un vol d’expulsion pour Salah Hamouri.
Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network dénonce la tentative de dépouiller Salah Hamouri de son identité jérusalémite et de sa présence palestinienne sur la terre de Palestine. Nous demandons qu’il soit mis fin à l’emprisonnement en cours de Salah Hamouri ainsi qu’à l’utilisation de la détention administrative pour cibler les dirigeants palestiniens et les défenseurs des droits humains. Par ailleurs, nous exigeons la fin du projet israélien de nettoyage ethnique en cours à Jérusalem, qui vise le peuple et l’identité palestiniens de la ville, capitale de la Palestine. Nous appelons tous les partisans de la Palestine à agir pour exiger la libération de Salah Hamouri et de tous les prisonniers palestiniens emprisonnés dans les prisons de l’occupation.