- Le 29 octobre, deux militantes sont convoquées pour une première déclaration à l’Audience nationale pour un délit présumé d’apologie du terrorisme.
- Les accusées feront une brève déclaration aux médias à leur sortie, en compagnie d’Amnesty International et de la Communauté palestinienne de Madrid.
- Khaldía Abubakra, l’une des accusées, a déclaré sans ambages que “ceux qui devraient se retrouver sur le banc des accusés sont Netanyahu et Biden, qui commettent un génocide en temps réel sous le regard passif de la soi-disant communauté internationale”.
Madrid, 28 octobre 2024
Le matin du 29 octobre 2024, deux militantes pro-palestiniens sont convoqués pour une première déclaration à l’Audience nationale dans le cadre d’un procès intenté par le parti politique VOX pour un délit présumé d’apologie du terrorisme. La plainte, qui a abouti au tribunal n° 6 de l’Audience nationale et qui est toujours en phase d’instruction, a été déposée en réponse à un événement organisé le 3 juin 2024 par Podemos au Congrès des députés sous le nom de “Défense de la Palestine et criminalisation en Europe” et auquel ont participé les deux militantes et le chirurgien palestinien Ghassan Abu Sitta.
Le Réseau de solidarité avec les prisonnier.es palestinien.nes, Samidoun a convoqué les médias sur la Plaza Villa de París, aux portes de l’Audience Nationale, pour faire des déclarations aux médias, avec des représentants d’Amnesty International, de l’Asociation Hispano-palestinienne Jerusalem (Communauté Palestinienne de Madrid), et accompagnées par des membres de la gauche au Congrès.
Ce cas s’ajoute à une longue liste d’accusations de glorification du terrorisme qui ont des effets néfastes sur la liberté d’expression, comme dans le cas des marionnettistes engagés par la mairie de Madrid en 2016, le cas de Cassandra Vera, en 2013 pour des blagues sur l’assassinat de Carrero Blanco sur le réseau social Twitter ou la blague contre l’humoriste Facu Díaz pour un sketch en 2014.
Les militantes incriminées ont rejeté l’accusation de glorification du terrorisme et considèrent cette nouvelle action en justice du groupe d’ultra-droite comme une attaque contre la liberté d’expression des militant.es des droits humains et une manœuvre de diversion pour détourner l’attention des massacres perpétrés quotidiennement contre le peuple palestinien. Khaldia Abubakra, l’une des militantes accusées, d’origine gazaouie, déclare sans ambages que “ceux qui devraient s’asseoir sur le banc des accusés sont Netanyahou et Biden, qui commettent un génocide en temps réel sous le regard passif de la soi-disant communauté internationale”.
La militante palestinienne poursuit : “le procès et la campagne de ciblage médiatique de l’ultra-droite dont nous avons fait l’objet sont une démonstration totale de la collusion entre le régime israélien et les mouvements réactionnaires en Europe”, et termine en affirmant qu’il est inouï que la défense du peuple palestinien vous conduise devant les tribunaux alors que certains politiciens et journalistes de ce pays banalisent et acclament le génocide”.
Samidoun, dans un communiqué publié le 27 octobre sur les réseaux sociaux, dénonce un nouvel épisode de “l’escalade du climat répressif” qui sévit tant au niveau international qu’en Espagne. Samidoun est la cible directe de l’alliance sioniste-réactionnaire”, affirme le communiqué, qui détaille comment, le 15 octobre, le Canada et les États-Unis ont interdit l’organisation, rejoignant ainsi l’exemple de l’Allemagne ou la tentative d’interdiction du Collectif Palestine Vaincra en 2022 par le ministère français de l’Intérieur. Dans tous les cas, les interdictions sont le fruit de décisions politiques qui n’ont pas pris la peine d’étayer leurs accusations par des procédures juridiques assorties de garanties. Ils soulignent qu’il existe une stratégie internationale visant à faire taire les voix des militant.es palestinien.nes par l’intimidation, la censure et la répression bureaucratique de la part des institutions publiques.
Avec cette plainte, VOX montre ses relations étroites avec le lobby sioniste en Espagne, qui s’exprime dans une combinaison d’associations et de personnalités de la politique, du journalisme et du monde des affaires. Il existe de nombreuses initiatives dans lesquelles la droite a soutenu inconditionnellement les intérêts d’Israël et maintenant, après une année d’intensification du conflit en Palestine, ce pacte est plus vivant que jamais, faisant un saut qualitatif et trouvant dans la persécution et le ciblage des militant.es un nouveau front d’action.