Lors de l’ouverture de la réunion du « Conseil Central de l’Organisation de libération de la Palestine » ce matin, 23 avril, le « président » de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (Abou Mazen), a inauguré l’événement par un discours dans lequel il a adopté pleinement le narratif anti-palestinien, reprenant les exigences sionistes, américaines et européennes envers la Résistance palestinienne – en particulier contre le Hamas et les Brigades Izz al-Din al-Qassam – pour qu’ils déposent les armes, remettent les prisonniers de guerre qu’ils détiennent, et qualifiant le Hamas de « fils de chiens », en pleine période de génocide à Gaza et plus globalement dans toute la Palestine occupée.
Bien entendu, cela n’est pas surprenant : Alors qu’elle n’apporte aucun soutien aux Palestinien·nes confronté·es à l’occupation et au génocide, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie, où des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées des camps de réfugiés, « l’Autorité palestinienne » a ôté la vie à 21 martyrs, arrêté des centaines de personnes pour avoir participé à la résistance ou simplement pour avoir parlé ou manifesté en faveur de Gaza, et détient des dizaines de prisonniers politiques, à qui elle inflige la torture, tout en maintenant la « coordination sécuritaire » avec le régime d’occupation génocidaire (coordination qu’Abbas a précédemment qualifiée de « sacrée »). Le but de la réunion du Conseil Central n’était pas de discuter de la création d’un front uni palestinien ni de faire face au génocide, mais plutôt de nommer un « vice-président » de l’OLP parmi les alliés d’Abbas, avec la bénédiction des États-Unis et de l’Union européenne. La réunion a été boycottée à l’avance par le Front Populaire de Libération de la Palestine et l’Initiative Nationale Palestinienne ; après le discours d’Abbas et une première journée désastreuse, le Front Démocratique de Libération de la Palestine a annoncé qu’il se retirait de la réunion. (Resistance News Network a publié un rapport détaillé sur les réactions et le rejet massifs de la réunion et les déclarations d’Abbas par les Palestinien·nes.)
Comme nous l’avons déjà souligné : la seule véritable voie vers l’unité nationale palestinienne passe par la résistance et l’affrontement, menée par celles et ceux qui luttent pour la libération de la Palestine, et elle ne peut inclure ceux qui emprisonnent, assassinent et trahissent le peuple et la résistance au profit des occupants et des impérialistes.
Plusieurs prisonniers palestiniens libérés ont déjà réagi aux attaques d’Abbas contre la résistance et contre une large partie du peuple palestinien ; Fakhri Barghouti, prisonnier libéré et membre du conseil révolutionnaire du Fatah, a déclaré que cette réunion ne représente ni l’OLP ni le peuple palestinien, mais plutôt « une bande qui a pris en otage la prise de décision palestinienne ».
Nael Barghouti, le prisonnier palestinien qui a passé le plus de temps dans les prisons sioniste, et qui a été libéré lors de l’échange de prisonnier·es Toufan al-Ahrar, arraché par la résistance palestinienne et la population de Gaza – échange au cours duquel il a été expulsé vers l’Égypte – a déclaré :
« Les propos offensants d’Abbas contre notre peuple et sa résistance se sont retournés contre lui, et sa soit disante tristesse concernant notre déportation sont contredites par le traitement réservé aux prisonnier·es et ancien·nes prisonnier·es par l’Autorité palestinienne, y compris celles et ceux issus du mouvement Fatah. »
L’« Autorité palestinienne » de Ramallah refuse de délivrer de nouveaux passeports palestiniens aux prisonniers libérés, les empêchant ainsi de reprendre une vie normale après leur libération. Au moment même où Abbas attaquait la résistance qui a permis la libération de plus de 1 700 autres prisonnier·es au cours de cet échange, les forces d’occupation menaient un raid de trois heures dans la ville natale de Nael Barghouti, Kobar, occupant la maison familiale et la transformant en centre d’interrogatoire avant d’en prendre les mesures, disant à son épouse, la prisonnière libérée Iman Nafeh, qu’ils avaient l’intention de la démolir. Par ailleurs, Iman est interdite de voyage par l’occupation, ce qui l’empêche de retrouver son mari en Egypte.
Cela s’ajoute à l’ordre donné par l’Autorité palestinienne de mettre fin aux allocations financières accordées aux familles des prisonnier·es palestinien·nes, une exigence de longue date du régime sioniste, des États-Unis et de l’Union Européenne. Cette attaque contre les familles des combattant·es de la liberté et des résistant·es emprisonné·es a suscité une réaction massive de toutes les forces politiques palestiniennes, et Abbas a limogé le président de la Commission des affaires des prisonniers, Qaddoura Fares.
L’Assemblée des familles des prisonnier·es a publié une déclaration condamnant l’attaque du président Mahmoud Abbas contre les forces héroïques de la résistance, qui défendent le peuple palestinien contre le génocide et luttent pour la libération des prisonnier·es :
Nous condamnons fermement le discours dangereux tenu par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dans lequel il a appelé à la libération des prisonniers « israéliens » et a insulté les héros de la résistance avec des termes dégradants, indignes de ceux qui prétendent assumer la responsabilité du peuple.
Où se situe la question des dix mille prisonnier·es palestinien·nes dans les prisons de l’occupation dans l’agenda de Monsieur le Président ? Et est-il convenable qu’une personne ayant passé des décennies dans les prisons de l’occupation soit ainsi reniée — particulièrement en ce moment national aussi sensible que critique ?
Monsieur Abbas n’éprouve-t-il aucune honte en se comparant aux dirigeants « israéliens », qui manifestent une grande préoccupation pour leurs prisonniers et mobilisent tous leurs efforts politiques, militaires et internationaux pour les libérer ?
Le président Abbas n’a-t-il pas suivi comment les familles des prisonniers « israéliens » sont prises en charge et accompagnées auprès des institutions et instances internationales à travers le monde ?
Pourquoi de telles déclarations à ce moment précis, alors que notre cause n’a jamais connu autant de tentatives de liquidation ? Et dans l’intérêt de qui est-il de dépeindre les héros de la résistance — qui détiennent les prisonniers non par vengeance, mais pour une cause noble et élevée — de cette manière ?
Le chef de l’Autorité et de l’Organisation de libération de la Palestine ignore-t-il que l’action en faveur de la libération des prisonniers est garantie par toutes les lois et conventions internationales ? Nous n’irons même pas jusqu’à dire qu’il s’agit d’un des devoirs nationaux les plus essentiels — car pour celui qui tient un tel discours, la patrie n’a ni valeur ni poids, si ce n’est sous la forme d’un fauteuil présidentiel et d’un cortège motorisé. Et pourtant, il oublie que le plus petit soldat israélien peut fermer son bureau et interrompre ses déplacements.
Nos prisonnier·es sont une couronne sur nos têtes.
Nos prisonnier·es sont le joyau de notre chère patrie.
Celui ou celle qui œuvre pour leur liberté et verse son sang pour elles·eux est honoré·e, noble et authentique. Et seul un être vil, méprisable et indigne oserait parler contre elles·eux.
L’Assemblée des familles des martyrs a également publié une déclaration en réponse :
Gloire aux martyrs, et honte aux complaisants
C’est avec une profonde colère et une grande tristesse que nous recevons les propos tenus par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dans son discours d’ouverture de la session du Conseil Central. Ses déclarations ont constitué un coup de poignard dans le dos de notre peuple, de nos martyrs et de notre résistance héroïque à Gaza et en Cisjordanie et de tous leurs sacrifices — alors que notre peuple mène une bataille existentielle dans la bande de Gaza, où enfants et femmes sont bombardés, et où des familles entières sont exterminées.
Nous posons alors cette question avec amertume : où était la direction palestinienne durant ces cinq cent soixante-quatre jours d’agression ? Où était l’Autorité lorsque Gaza était assiégée, affamée, anéantie ?
Nous, à l’Assemblée des familles des martyrs, affirmons que la résistance, sous toutes ses formes, est un droit légitime de notre peuple. Il n’est pas question d’y renoncer, et nous n’autorisons personne à la compromettre ou à y renoncer en notre nom.
Accuser la résistance palestinienne et ses factions — que nous considérons comme partie intégrante du tissu de notre peuple — en leur attribuant des descriptions abjectes dans le discours présidentiel, constitue une déchéance morale et politique. Cela est indigne du rang des martyrs et de la grandeur de la résilience de notre peuple, et témoigne de la profondeur de la rupture entre l’Autorité et la réalité de la résistance palestinienne.
Nous rejetons catégoriquement l’emploi du mot « morts » pour qualifier les martyrs tombés lors de la bataille du Déluge d’Al-Aqsa. Une telle qualification ne reflète rien d’autre qu’une ignorance de la sacralité du martyre dans la conscience de notre peuple, et un mépris du sang de celles et ceux qui ont offert leur âme pour la patrie.
L’Assemblée des familles des martyrs, rejette toute atteinte à la dignité de celles et ceux qui ont donné leur vie, et toute banalisation de leur sang dans une scène politique dépourvue de légitimité nationale et morale.
Gloire aux martyrs… Honneur à la résistance… Et honte à ceux qui trahissent les sacrifices de leur peuple.
Assemblée des familles des martyrs
Gaza – Palestine
Le but de l’Autorité palestinienne présidée par Abbas, de ses forces de sécurité et du projet de « coordination sécuritaire » dans le cadre duquel elles portent leurs armes, est d’empêcher le peuple palestinien et son mouvement de libération de résister efficacement et de renverser le régime sioniste.
Elle agit entièrement au service des intérêts du sionisme et de l’impérialisme, tout en arborant un emblème avec le drapeau palestinien sur chaque badge de ses agents. Pendant ce temps, les forces de la résistance — de la Palestine au Yémen, en passant par le Liban et au-delà — résistent au génocide à Gaza et luttent pour la libération totale de la Palestine du sionisme, et de toute la région de l’impérialisme.
L’Autorité Palestinienne, ainsi que ses bailleurs de fonds et ses formateurs, doivent être tenus pour responsables de leur trahison continue envers le peuple palestinien et de leur collaboration avec le régime d’occupation et le colonialisme sioniste. Le projet d’Oslo, soutenu par l’entité sioniste, l’impérialisme et les régimes réactionnaires, doit tomber — et tombera — sur la voie de la libération de la Palestine, du fleuve à la mer, menée par un peuple et une résistance unies.
Nous appelons toutes et tous à répondre par l’action et la mobilisation. Partout dans le monde, des organisations étudiantes et communautaires ont dénoncé le rôle de l’Autorité palestinienne en tant qu’entité collaboratrice dirigée par l’impérialisme, complice de l’occupation, de la colonisation et du génocide sionistes.
Affirmons haut et fort, dans les rues, notre solidarité avec le peuple palestinien et sa Résistance héroïque, pour une Palestine libre, du fleuve à la mer.
En savoir plus sur Samidoun : réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens
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