Danger pour la vie et la santé de Raja Eghbarieh alors que l’occupation refuse de le présenter au tribunal

La famille et les camarades du dirigeant palestinien emprisonné Raja Eghbarieh ont exprimé leur vives inquiétudes quant à son état de santé et à son intégrité physique. Âgé de 73 ans, Raja Eghbarieh est une figure historique du mouvement palestinien de gauche Abnaa al-Balad, actif dans les territoires palestiniens colonisés en 1948. Il a été arrêté par les forces d’occupation dans sa maison à Umm al-Fahm le 9 avril 2025. Quelques jours plus tard, un ordre de détention administrative de 4 mois a été prononcé à son encontre, sans accusation ni procès.
Les ordres de détention administrative, introduits en Palestine par le mandat colonial britannique puis repris par le régime sioniste, permettent une incarcération renouvelable indéfiniment, sans charges ni procès, sur la base d’un « dossier secret » que ni le·la détenu·e ni ses avocat·es ne peuvent consulter. À l’heure actuelle, plus de 3 600 Palestinien·nes sont emprisonné·es sous ce régime, parmi au moins 10 000 prisonnier·es politiques palestinien·nes.
Raja Eghbarieh devait comparaître devant le tribunal de district de Haïfa le 8 mai 2025. Ces audiences se tiennent généralement à huis clos, sans public. Pourtant, il n’a pas été présenté à la cour. Depuis son arrestation, il était détenu à la prison de Megiddo, avant d’être soudainement transféré à la prison de Ramon. Lorsque sa famille et ses avocats ont exigé qu’une photo soit transmise au tribunal pour attester de son état, l’administration pénitentiaire a refusé. Elle a seulement indiqué qu’il était désormais détenu dans l’aile fermée de la prison de Ramon, où il a contracté la gale, comme plusieurs autres prisonniers. Cette maladie cutanée est largement répandue dans les prisons sionistes, en raison du refus de l’occupation de fournir des soins médicaux appropriés ou même des produits d’hygiène de base aux détenu·es palestinien·nes. Une visite juridique lui a également été refusée, sous prétexte qu’il ne pouvait être en contact avec personne à cause de la maladie.
Par ailleurs, des témoignages fiables de codétenus ayant été enfermés avec Eghbarieh font état de passages à tabac, de violences lors des transferts, et d’une jambe cassée. Le mouvement Abnaa al-Balad a publié une déclaration appelant à une mobilisation urgente des instances juridiques et nationales, avertissant que:
« sa vie est en danger, il risque d’être assassiné… Nous tenons “Israël”, ses services de sécurité, ses services de renseignement et l’administration pénitentiaire entièrement responsables de son sort, et affirmons que notre peuple et notre nation se tiennent aux côtés de la lutte des prisonnier·es, face aux crimes sans précédent que l’occupation leur inflige. »
Depuis le 7 octobre 2023, plus de 66 prisonniers palestiniens ont été assassinés dans les prisons de l’occupation, victimes de tortures, de privation de soins médicaux et de famine : une politique de “mort lente”.
Ces chiffres n’incluent pas les Palestinien·nes de Gaza enfermé·es dans les tristement célèbres camps militaires de torture, où les sévices physiques, psychologiques et sexuels, la malnutrition, les passages à tabac et l’absence totale de soins sont largement documentés.
Dans un précédent appel à l’action, le mouvement Abnaa al-Balad déclarait :
    
“La détention administrative de Raja Eghbarieh s’inscrit dans le cadre du génocide en cours perpétré par les forces d’occupation sionistes contre le peuple palestinien, en particulier à Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, l’État sioniste mène une campagne implacable de massacres, de nettoyage ethnique et de terreur contre le peuple palestinien. Cette campagne ne se limite ni à Gaza ni à la Cisjordanie : elle vise également les Palestinien·nes vivant dans les territoires occupés depuis 1948, avec pour objectif de faire taire toute protestation. Toute tentative de dénoncer ce génocide est violemment réprimée. Des dizaines de personnes ont été persécutées pour de simples messages de solidarité avec Gaza publiés sur les réseaux sociaux. Des centaines ont été arrêtées, torturées, emprisonnées, licenciées ou expulsées de leurs universités.”
Raja Eghbarieh est une figure connue, engagée dans le mouvement de libération palestinien depuis les années 1980. Il fut l’un des organisateurs de la grève générale des Palestinien·nes de 48, le 9 décembre 1987, proclamée « Journée de la Palestine », deux jours après le déclenchement de la grande Intifada du 7 décembre. À cette époque déjà, il avait été placé en détention administrative, avec d’autres leaders du mouvement. Deux ans plus tard, en 1990, il devient le premier secrétaire général élu d’Abnaa al-Balad.
Comme l’a souligné le mouvement dans son appel :
“Alors que tous les efforts doivent être concentrés pour mettre fin au génocide en cours à Gaza, défendre la liberté de celles et ceux qui luttent contre ce génocide fait partie intégrante de ce combat mondial essentiel. La répression politique en Palestine de 1948 vise à terroriser et à paralyser une partie importante du peuple palestinien.”
Le Réseau de solidarité avec les prisonnier·es palestinien·nes Samidoun appelle tous les soutiens du peuple palestinien et de sa résistance à se mobiliser pour la libération de Raja Eghbarieh et de l’ensemble des prisonnier·es palestinien·nes incarcéré·es pour leur engagement dans la lutte de libération.
Nous rappelons que le régime d’occupation — ainsi que les puissances impérialistes qui le soutiennent comme pilier de leur domination dans la région, notamment les États-Unis, la France, le Canada, le Royaume-Uni et l’Allemagne — portent l’entière responsabilité des crimes contre l’humanité perpétrés dans les prisons de l’occupation. Ils sont responsables de la vie et de la santé des prisonnier·es palestinien·nes, soumis à la torture, à la famine, et à cette politique méthodique de “mort lente” par négligence médicale.

En savoir plus sur Samidoun : réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens

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