La direction du mouvement des prisonnier·es subit l’isolement, la famine et la torture : Hassan Salameh, Abbas al-Sayyed, Muammar Shahrour

Actuellement, dans un contexte où les prisonnier·es palestinien·nes, subissent la négligence médicale délibérée (refus de soins médicaux), systématiquement utilisé par l’occupation sioniste dans sa politique “de mort lente”, et où plus de 65 prisonniers palestiniens sont tombés en martyrs depuis le 7 octobre 2023, victimes de torture, de passages à tabac, de famine et de négligence médicale, les dirigeants du mouvement des prisonnier·es sont particulièrement ciblés, torturés et isolés dans une tentative délibérée de les éliminer.

Des dirigeants tels que Abdullah Barghouti, Cheikh Mohammed al-Natsheh, Ahed Abu Ghoulmeh, Marwan Barghouti et Ibrahim Hamed ont été passés à tabac et agressés en prison, et les violations se multiplient rapidement, mettant en danger la vie des dirigeants du mouvement des prisonnier·es palestinien·nes.

Aujourd’hui, les leaders Abbas al-Sayyed, Hassan Salameh et Muammar Shahrour subissent la torture et l’isolement, sont privés de soins médicaux, de communication avec leurs proches et les organisations indépendantes de défenses des droits humains sont dans l’impossibilité de surveiller leur état de santé.
 
Ces attaques contre la direction du mouvement des prisonnier·es sont la continuité du génocide sioniste-impérialiste en cours à Gaza et plus généralement dans toute la Palestine occupée, et s’inscrivent dans la politique d’assassinats ciblés menée par l’occupation contre les dirigeants de la résistance palestinienne. Nous appelons tous les soutiens de la Palestine dans le monde à agir et s’organiser pour exiger leur libération et celle de tous·tes les prisonnier·es palestinien·nes, partie essentielle de la lutte contre le génocide à Gaza, sur la voie de la libération totale de la Palestine, de la Mer au Jourdain.

Hassan Salameh

Hassan Salameh est l’un des dirigeants historiques du mouvement des prisonnier·es palestinien·nes. Il purge actuellement la troisième peine la plus longue dans les prisons de l’occupation, après Abdullah Barghouti et Ibrahim Hamed. Né en 1971 à Khan Younes (Gaza), il s’est engagé très tôt dans la lutte de libération palestinienne, dès la première grande Intifada de 1987. Commandant au sein des Brigades Izz al-Din al-Qassam, il s’est fait connaître pour des opérations de résistance menées en représailles à l’assassinat de l’ingénieur Yahya Ayyash par l’occupation en 1996.
Il a été arrêté à al-Khalil en mai 1996, puis condamné par un tribunal militaire de l’occupation à 46 peines de prison à vie. L’occupation a refusé à plusieurs reprises de le libérer dans le cadre d’échanges de prisonnier·es. Il a passé 13 années en isolement, avant de rejoindre ses camarades après la grève de la faim de la dignité (Karameh) en 2012.
En 2010, il a épousé l’ancienne prisonnière libérée Ghufran Zamel, mais l’occupation lui interdit de lui rendre visite depuis leur mariage : elle n’a pu le voir que deux fois durant toute sa détention. Depuis sa cellule, Hassan Salameh a écrit plusieurs ouvrages, dont un témoignage sur l’isolement carcéral et des écrits sur la résistance palestinienne.

Depuis le 7 octobre 2023, il est détenu en isolement et a été transféré entre les sections d’isolement de plusieurs prisons ; il est actuellement détenu dans celle de la prison de Megiddo. Il a été agressé physiquement à plusieurs reprises, battu six fois par les gardiens au cours des deux derniers mois. Il a également été privé de soins médicaux pour ses blessures et les effets de la famine qui règne dans les prisons. Son poids a chuté à 62 kg, il a perdu plusieurs dents et sa vision s’est considérablement dégradée. En résumé, Hassan Salameh est détenu en isolement, soumis à des passages à tabac périodiques et privé de tout soin médical par l’occupation, dans un exemple flagrant de la politique de « mort lente » à laquelle sont soumis les prisonnier·es palestinien·nes.

Abbas al-Sayyed

Muammar Shahrour

Muammar Shahrour, né en 1979 à Tulkarem, en Cisjordanie occupée, est un autre dirigeant du mouvement des prisonnier·es, aujourd’hui soumis à de sévères tortures et à une grave négligence médicale par l’occupation, dans le cadre de sa politique de “mort lente” ciblant les figures de la résistance palestinienne incarcérées.
Condamné à 29 peines de prison à perpétuité, auxquelles s’ajoutent 20 années supplémentaires, Muammar Shahrour est le représentant du mouvement Hamas au sein des comités de direction et de représentation des prisonnier·es. Il est issu d’une famille de résistants, ayant contribué et joué un rôle dans les différentes époques de la résistance palestinienne, historique et contemporaine, contre le colonialisme et l’occupation.
Son grand-père, Hajj Sharif Shahrour, fut arrêté par les autorités britanniques et passa 4 années en prison pour sa participation à la révolution de 1936-1939 en Palestine. Son oncle, Shawqi Shahrour, a fondé des bases militaires de l’OLP et organisé des brigades de résistant·es, transportant munitions, armes et combattant·es entre la Jordanie et la Palestine. Il a passé 18 ans dans les prisons sionistes pour avoir mené une opération à Jérusalem aux côtés de Fatima Bernawi. Le jeune Muammar lui rendait visite dès son plus jeune âge. Un autre de ses oncles, Bassem Shahrour, a été martyrisé à Tunis lorsque l’armée sioniste a bombardé le siège de l’OLP en 1985.
Muammar Shahrour a participé à la grande Intifada populaire dès l’âge de 8 ans, et a été arrêté à de nombreuses reprises par l’occupation. Il a pris part à de nombreuses grèves, sit-in et actions en soutien au mouvement des prisonnier·es. Après avoir terminé le lycée, il a étudié à les sports à l’Université Kadoorie de Tulkarem, où il a obtenu la ceinture noire de karaté et s’est investi dans l’enseignement des arts martiaux aux enfants et aux jeunes. Il a ensuite poursuivi des études en éducation islamique à l’Université ouverte Al-Quds, avant de rejoindre la résistance au sein des Brigades al-Qassam. Déterminé à lutter pour la libération de la Palestine, il s’était également engagé à venger l’assassinat de son ami proche et camarade, Amer al-Hudairi, tué par trois missiles sionistes fournis par les États-Unis, au moment où il entrait dans sa voiture après avoir quitté le domicile de Muammar.
Il a participé, aux côtés d’Abbas al-Sayyed, à la planification et à la mise en œuvre d’opérations militaires menées par les Brigades al-Qassam, ce qui a fait de lui une cible poursuivie à la fois par l’Autorité palestinienne et par l’occupation. Il a finalement été arrêté en 2002 par l’occupation à Dhinnaba, près de Tulkarem, après une traque prolongée, marquée par l’arrestation de sa mère, de ses sœurs et de ses frères. Il a été condamné à l’une des peines les plus longues des prisons de l’occupation, à l’issue de plusieurs mois de torture et d’interrogatoires.
Depuis janvier 2024, Muammar Shahrour est détenu à l’isolement dans la prison de Megiddo, où il subit des agressions répétées par les unités répressives, accompagnées de violents passages à tabac. Récemment, il a été battu à six reprises en l’espace d’une seule semaine, les assaillants visant spécifiquement sa tête et sa poitrine pour lui infliger un maximum de dégâts. En raison de la politique de famine, son poids est tombé à seulement 55 kg. Il souffre également de polyarthrite rhumatoïde, pour laquelle aucun traitement ne lui est administré depuis des mois, ce qui aggrave encore les douleurs dues aux coups et à la torture.
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« Au fond des cellules obscures, où la lumière peine à pénétrer, les dirigeants du mouvement des prisonnier·es palestinien·nes mènent un combat inégal contre une machine de mort systémique, conçue spécifiquement pour éliminer les dernières consciences vivantes, celles qui incarnent la mémoire et la volonté de la lutte palestinienne.
 
Abdallah al-Barghouthi, Hassan Salameh, Cheikh Muhammad Jamal al-Natsheh, Abbas al-Sayyed, Muammar Shahrour et d’autres figures du mouvement carcéral ne sont pas de simples noms figurant en tête des listes de prisonnier·es. Ils sont le noyau de la conscience de la résistance, les symboles de cette lutte, et de la fermeté du peuple palestinien derrière les barreaux. Ils font face à une attaque féroce visant leur humanité même, leur existence révolutionnaire, sous le couvert du silence et de la complicité de la communauté internationale …
 
Ces hommes n’ont jamais été de simples numéros dans les registres des prisonnier·es ; ils sont des lanternes qui ont éclairé le chemin pour toute une génération de combattant·es, portant la responsabilité de préserver la dignité humaine palestinienne à l’intérieur des cellules de l’occupation.
 
Aujourd’hui, on les pousse vers la mort, dans une scène brutale qui reflète la barbarie de l’occupation et l’absence totale des valeurs morales les plus élémentaires de la part de la communauté internationale.
 
La Nakba se répète à l’intérieur même des prisons. 
Ce qui se passe n’est plus une simple violation des droits humains — c’est une composante à part entière d’un génocide global, visant le corps et l’âme de notre peuple, achevant l’histoire de la Nakba palestinienne sous sa forme la plus brutale. Ceux qui assassinent les dirigeants du mouvement des prisonnier·es cherchent à anéantir la structure morale, culturelle et politique d’un peuple tout entier.
 
Nous, au Bureau des médias des prisonnier·es, ne lançons pas simplement un avertissement — nous poussons un cri vers le monde : nos dirigeants sont tués à petit feu, et nous perdons, un à un, les piliers de la patience et de la fermeté.
 
Nous n’avons pas le luxe du temps — l’heure est grave, et chaque seconde de silence est une participation indirecte au crime.
 
Nous tenons l’occupation pleinement responsable de la vie des dirigeants emprisonnés, et nous appelons les institutions internationales et les organisations des droits humains — ainsi que chaque voix libre dans ce monde — à s’élever avec force :
 
« Sauvez ce qu’il reste de notre humanité derrière les barreaux. »
 
Nous rejoignons l’appel du Bureau des médias des prisonnier·es, et nous appelons tous les soutiens de la Palestine et de sa cause à prendre la parole et à agir :
par des manifestations, des actions de masse, des actions directes, pour dénoncer les abus contre les prisonnier·es palestinien·nes. Les puissances impérialistes comme les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, qui continuent d’armer, de soutenir et de couvrir le génocide sioniste à Gaza et dans toute la Palestine occupée, sont pleinement complices de ces crimes inhumains.
 
Notre mouvement tout entier doit répondre collectivement à cette répression, en s’organisant de façon encore plus forte, plus claire, plus déterminée, pour mettre à terre la machine de guerre impérialiste-sioniste, soutenir la résistance palestinienne et toutes les forces de résistance de la région, et faire en sorte que les prisonnier·es palestinien·nes ne soient plus jamais isolés du peuple palestinien, des luttes de libération arabes, islamiques et régionales, et du mouvement international pour la justice.
 
Liberté pour tous·tes les prisonnier·es palestinien·nes dans les prisons de l’occupation !
Gloire à la Résistance !
De la Mer au Jourdain, Palestine vaincra !

En savoir plus sur Samidoun : réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens

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