“J’ai été arrêté en décembre 2023 et immédiatement transféré en interrogatoire pendant six jours. Ce furent quelques-uns des jours les plus intenses et difficiles que je n’ai jamais vécu. J’ai été soumis aux méthodes d’interrogatoire dites du ‘disco’ et de la ‘couche’. Pendant les six jours, j’ai été exposé à une musique extrêmement forte. J’ai dû utiliser des couches pour me soulager, et elles n’ont été changées que deux fois. J’ai été privé de nourriture et on m’a donné très peu d’eau—un demi-verre par jour. J’ai été menotté et aveuglé pendant toute la durée de l’interrogatoire.” – Un prisonnier palestinien originaire de Gaza emprisonné à la prison de Rakefet
Un nouveau rapport, “La Prison souterraine d’Israël pour les prisonnier·es politiques palestinien·nes enlevés à Gaza”, publié par la Commission des Affaires des Prisonnier·es et la Palestinian Prisoners Society, expose les conditions de détention horribles dans lesquels sont incarcéré·es les Palestinien·nes de Gaza enlevé·es par les forces d’occupation génocidaires.
Le rapport révèle l’existence la “section Rakefet”, une aile souterraine de la prison de Nitsan-Ramle, réservée aux prisonniers politiques palestiniens de Gaza. Comme l’indiquent les auteurs du rapport :
La visite a commencé lorsque les équipes juridiques ont été conduites à l’entrée d’un bâtiment ressemblant à un vieil entrepôt. La porte s’est ouverte, révélant un escalier descendant sous terre, comme l’ont décrit les avocat·es. La zone était pleine de cafards, avec des trous dans les sols et les murs. Les visites se déroulaient sous une surveillance stricte et lourde. Les avocat·es étaient sommé·es de ne rien dire aux prisonnier·es concernant leurs familles ou les événements extérieurs.
Les avocat·es, en racontant leurs visites, ont noté que :
“Cette section, que l’occupation a créé pour les prisonniers qu’elle appelle des ‘prisonniers d’élite’, fait partie des lieux qui ont été visités et l’occupation y incarcèrent ceux qu’elle désigne comme ‘combattants illégaux’.”
L’occupation a mis en place un système qui lui permet de détenir indéfiniment des Palestinien·nes de Gaza, en les désignant comme ‘combattants illégaux’, le même terme utilisé par les États-Unis pour détenir indéfiniment des prisonniers à la base navale de Guantanamo Bay. Ce terme est utilisé contre une large catégorie de Palestinien·nes de Gaza, y compris le Dr. Hussam Abu Safiya, le pédiatre héroïque et directeur de l’hôpital Kamal Adwan, enlevé par l’occupation pour son rôle central dans le système de santé palestinien à Gaza.
De nombreux·ses Palestinien·nes de Gaza, enlevé·es massivement par les forces d’invasion génocidaires tout au long des 19 derniers mois dans la bande de Gaza assiégée, ont été soumis·es à des formes extrêmes de torture et d’abus, y compris des agressions sexuelles et physiques, le viol, la famine de masse, des passages à tabac et des tortures jusqu’à des blessures graves ou la mort, et diverses formes de violences, combinées à une absence presque totale de soins médicaux. Bien que de nombreux abus aient eu lieu dans les camps militaires, comme Sde Teiman et Anatot, les mauvais traitements s’étendent dans tout le système carcéral sioniste.
Parmi les – au moins – 66 prisonniers palestiniens identifiés qui ont été martyrisés dans les prisons de l’occupation depuis le 7 octobre 2023, lors du génocide en cours, au moins 40 étaient de Gaza. Les lieux de détention et les identités des Palestinien·nes originaires de Gaza enlevé·es par les forces d’occupation sont restés largement secrètes, le régime sioniste refusant de transmettre ces informations, laissant de nombreux·ses Palestinien·nes disparus – leurs familles étant incapables de savoir s’ils sont détenus dans un camp de torture de l’occupation ou tombés martyrs sous les décombres.
Comme le note le rapport :
“Il est important de souligner que le nombre de prisonnier·es de Gaza reconnus par les Services Pénitentiaires israéliens au début d’avril 2025 s’élève à 1 747, classés comme ‘combattants illégaux’. Ce chiffre ne comprend pas tous les détenus de Gaza enfermés dans des camps de détention de l’armée sioniste —seuls ceux relevant du système pénitentiaire classique sont comptabilisés.”
L’interrogatoire appelé “disco”, évoqué dans de nombreux témoignages, consiste à être enchaîné tout en étant exposé à une musique extrêmement forte, diffusée en continu pendant plusieurs jours. (Cette méthode a également été utilisée par les interrogateurs américains dans les sites secrets de la CIA et à Guantanamo Bay.) L’interrogatoire dit des “couches” consiste à forcer les prisonniers à porter des couches, en les enchaînant à des chaises, et à leur interdire l’accès aux toilettes pendant plusieurs jours. Un détenu, qui témoigne dans ce rapport, a été soumis à ces méthodes d’interrogatoire pendant six jours d’affilée sans interruption.
Les prisonniers notent que :
- La fracture des doigts est utilisée comme méthode de torture, de punition et de contrôle par les gardes d’occupation ;
- Aucune lumière du jour n’entre dans leurs cellules ni même dans la cour ;
- Ils ont été battus avec des objets dans les parties génitales ;
- L’accès aux sous-vêtements leur est refusé ;
- Ils sont privés de soins médicaux ;
- Ils sont fréquemment forcés d’insulter leur mère par les gardes.
Nous republions le texte complet de ce rapport important ci-dessous et incitons à sa large diffusion.
Nous appelons les soutiens de la Palestine à travers le monde à agir et à s’organiser pour exiger la libération de tous·tes les prisonnier·es palestinien·nes, comme un volet essentiel de la lutte pour la fin du génocide à Gaza — sur la voie de la libération de la Palestine, de la Mer au Jourdain.
Par la Commission des Affaires des Prisonniers et le Club des Prisonniers Palestiniens
“Visite souterraine aux prisonniers de Gaza”
Les premières visites aux détenus de Gaza dans la section sous la prison de Nitzan-Ramla, ou ce qui est appelé la section Rakefet.
6/5/2025
Cette section, que l’occupation a créé pour les prisonniers qu’elle appelle des ‘prisonniers d’élite’, fait partie des lieux qui ont été visités et l’occupation y incarcèrent ceux qu’elle désigne comme ‘combattants illégaux’.
La Commission des Affaires des Prisonnier·es et la Palestinian Prisoners Society examinent de nouveaux témoignages qui seront ajoutés à la liste des témoignages choquants et horribles concernant les détails vécus par les prisonnier·es de Gaza lors de leur arrestation, leur interrogatoire et leur transfert d’une prison à une autre, et d’un camp à un autre, tout au long des longs mois de leur détention. Ils ont été soumis à des crimes systématiques, qui étaient, dans leur ensemble, des crimes de torture qu’ils leur étaient infligés, minute par minute, depuis leur arrestation. Ces témoignages ont été obtenus à travers des visites, les premières du genre que les équipes juridiques ont pu effectuer récemment, lors desquelles un groupe de détenus a été visité dans des conditions strictes et sous un niveau de surveillance élevé dans la section Rakefet située sous la prison Nitzan – Ramla.
Visite souterraine aux prisonniers originaires de Gaza incarcérés dans la section Rakefet
La visite qui a eu lieu auprès d’un groupe de prisonniers, a commencé par l’entrée des équipes juridiques dans un vieux bâtiment ressemblant à un entrepôt. Une porte s’est ouverte, donnant accès à un escalier souterrain, rempli de cafards et de trous dans le sol et les murs. Les visites ont eu lieu, accompagnées des gardes de la prison et sous une surveillance stricte, pendant laquelle les avocats ont été informés qu’il leur était interdit de dire aux prisonniers quoi que ce soit concernant leurs familles ou les événements extérieurs. Des signes de terreur et de peur étaient évidents sur les corps des prisonniers rencontrés. Au départ, il y a eu de grandes difficultés à entamer une conversation avec l’un des détenus, en raison du niveau de surveillance imposé à la visite. Cependant, après des tentatives des avocats, ils ont pu rassurer les prisonniers et leur confirmer qu’ils étaient des avocats venus leur rendre visite.
Ici, nous passons en revue certains des témoignages des détenus, y compris les détails choquants qu’ils contiennent. Ces témoignages font suite aux dizaines de témoignages et de déclarations obtenues auprès des prisonnier·es originaires de Gaza depuis le début du génocide.
La section Rakefet est la plus difficile et la plus cruelle en termes de conditions de détention, comparée aux autres prisons et camps.
Témoignage du détenu (S.J.) : “J’ai été arrêté en décembre 2023, et j’ai immédiatement été transféré à l’interrogatoire pendant six jours, les plus intenses et difficiles que j’ai vécu, durant lesquels j’ai été soumis à l’interrogatoire sous les méthodes “disco” et des “couches”. Durant ces 6 jours, j’ai dû utiliser des couches pour me soulager, elles n’ont été changées que deux fois, et j’ai été privé de nourriture, on me servait que très peu d’eau, un demi-verre par jour, et pendant toute la période de l’interrogatoire, j’étais menotté et mes yeux étaient bandés. J’ai ensuite été transféré du camp de “Sde Teiman” à la prison de Ashkelon, où je suis resté 45 jours, puis j’ai été transféré au centre de détention Moscobiyya pour 85 jours, puis à la prison Ofer, et enfin à la section Rakefet dans la prison de Nitzan-Ramle.”
S.J a indiqué que les conditions de détention dans la section Rakefet de Ramleh sont les plus difficiles qu’il ait connu, comparées à toutes les prisons dans lesquelles il a été incarcéré. Dans chaque cellule, il y a trois prisonniers, l’un d’eux dort par terre. L’accès à la “furah” (cour de la prison) se fait alors que nous restons menottés, et cette zone n’est pas exposée au soleil. Pendant tout leur temps dans la “furah”, ils sont exposés aux humiliations, et il leur est aussi interdit de lever la tête pendant toute la durée de la promenade.
Nous ne savons pas quand le soleil se lève ni quand il se couche.
Témoignage du détenu (W.N.) : “J’ai été arrêté en décembre 2024, puis interrogé par l’armée d’occupation avant d’être transféré dans un camp de la bande de Gaza. J’ai été interrogé par le service de renseignement, menacé et battu, puis transféré à la prison de Ramleh. Aujourd’hui, je souffre de problèmes de santé et de douleurs sévères. Ce qui aggrave mes souffrances, c’est que nous sommes forcés de nous asseoir sur nos genoux pendant de longues périodes. J’ai aussi été agressé sexuellement en étant battu avec un détecteur d’objets sur les parties intimes de mon corps. Aujourd’hui, nous sommes complètement isolés du monde extérieur. Nous ne savons pas quand le soleil se lève ni quand il se couche. On nous fournit des vêtements usés et endommagés, et nous sommes forcés de les porter. Nous sommes privés de sous-vêtements. En plus de tout cela, ils nous forcent à insulter nos mères, et nous subissons des passages à tabac et de l’oppression. Le passage à tabac lors de mon transfert à la prison a provoqué la fracture de l’un de mes doigts, sachant que les gardes de la prison utilisent la méthode de la fracture des doigts, et cela est arrivé à plus d’un détenu.”
La fracture des doigts est une méthode de torture des détenus.
Dans le même contexte, le détenu (Kh. D.) a indiqué qu’il a été soumis à la méthode “disco”, puis à un interrogatoire par le renseignement de l’occupation, et cela a été répété 3 à 4 fois. Ils l’ont délibérément suspendu sur une chaise pendant de longues périodes, puis l’ont jeté au sol tout en étant menotté. L’interrogatoire a duré 30 jours dans les cellules de la prison d’Ashkelon, et pendant toute cette période, il a subi des passages à tabac sévères. Aujourd’hui, il souffre de la gale, qu’il a contractée pendant sa détention à la prison d’Ofer, et la maladie l’accompagne encore après son transfert à la prison de Ramleh. Aujourd’hui, en plus de la gale, il souffre de douleurs sévères à la poitrine qui augmentent en intensité à cause des entraves et menottes qui le contraignent à se tenir dans une position douloureuse. Il a également indiqué que l’administration pénitentiaire punit les prisonniers en leur brisant les pouces.
Les caméras à l’intérieur des cellules documentent en permanence les mouvements des détenus.
Quant au détenu (A.G.), il témoigne :
“J’ai été détenu pendant 35 jours dans le camp de (Sde Teiman). J’ai été soumis à un interrogatoire “disco” pendant cinq jours. Lorsque j’ai été arrêté, je souffrais d’une blessure et je n’ai reçu aucun traitement. J’avais une forte fièvre au début de la détention, et je criais tout le temps à cause de la douleur dans mon corps. De plus, je souffre de problèmes cardiaques et j’ai perdu connaissance plusieurs fois. Ils se sont contentés de confirmer que j’étais toujours vivant. Pendant la première phase de ma détention, je n’avais ni vêtements ni couverture. J’avais très froid parce que j’étais détenu dans un hangar ouvert de plusieurs côtés, ce qui a exacerbé ma souffrance. Pendant 15 jours, mes mains étaient liées et mes yeux étaient bandés en permanence. Ensuite, j’ai été transféré à la section Rakefet dans la prison de Ramla. Dans toutes les cellules ici, il y avait des caméras qui documentaient constamment nos mouvements. Il nous était interdit de prier, et on nous menaçait de mort tout le temps. Le processus pour nous faire sortir pour une pause était une occasion pour les gardiens de la prison de nous agresser par de sévères passages à tabac et de nous insulter, alors que nos mains étaient liées. Nous ne voyons jamais le soleil, on nous force à insulter nos mères, le geôlier décide quand et combien de temps nous pouvons prendre une douche, chaque cellule reçoit un rouleau de papier toilette tous les trois jours, et la quantité de nourriture est très faible. Nous savons que le jour se lève uniquement parce qu’à ce moment là, les gardiens retirent les matelas et les couvertures.”
La prison de Rakefet – Ramle fait partie des prisons et des camps que l’occupation a ouvert depuis le génocide ou qui ont été réinvestis pour détenir des prisonnier·es de Gaza. Les plus connus d’entre eux sont : Sde Teiman, Anatot, le camp d’Ofer, Rakefet et un autre camp qui a été ouvert pour les détenus de la Cisjordanie : le camp Manashe. Ces camps sont connus pour les crimes de torture que l’occupation y commet, le régime sioniste les ayant transformés en lieux de torture physique et psychologique pour les prisonniers qui y sont incarcérés.
Début avril, le nombre de détenus de Gaza reconnus par l’administration pénitentiaire sioniste était de 1 747 personnes, classées comme “combattants illégaux”. Ce chiffre ne comprend pas tous·tes les prisonnier·es de Gaza détenus dans les camps militaires sionistes, mais uniquement ceux et celles incarcéré·es dans les prisons coloniales.
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