Le 17 octobre 2025 marque le 24e anniversaire d’une opération prévue et menée par les Brigades du Martyr Abu Ali Mustafa du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP). Ce jour-là, à l’hôtel Regency de « Tel-Aviv », le ministre fasciste israélien du Tourisme, Rehavam Ze’evi, était exécuté par quatre combattants de la liberté, Majdi al-Rimawi, Hamdi Qu’ran, Basil Al-Asmar et Ahed Abu Ghoulmeh. Cette opération était l’accomplissement d’une promesse faite quelques semaines plus tôt par le nouveau secrétaire général du FPLP, Ahmad Sa’adat. L’assassinat d’Abu Ali Mustafa, secrétaire général du FPLP, le 27 août 2001, allait être vengé : « Œil pour œil, dent pour dent, tête pour tête. »
Dans toute la Palestine et dans la diaspora, les masses célébraient cette opération historique qui concernait le plus haut responsable « israélien » jamais ciblé avec succès par la Résistance. Spécifiquement, l’opération se caractérisait par un effort sérieux pour imposer la parité – avec les conséquences significatives et la responsabilisation – face à la longue politique d’assassinat de l’occupation qui ciblait – et continue de le faire – les dirigeants politiques et militaires, les écrivains, théoriciens, hommes de science, responsables du gouvernement et révolutionnaires palestiniens, libanais, yéménites, iraniens et autres.
C’est l’une des raisons pour lesquelles l’occupation continue de refuser de relâcher Sa’adat et les révolutionnaires du 17 octobre dans le cadre d’un échange de prisonniers. À l’instar de leurs compagnons les dirigeants emprisonnés de la Résistance Abdullah Barghouti, Ibrahim Hamed, Hassan Salameh, Abbas al-Sayyed, Jamal Abu al-Haija, Anas Jaradat, Muhannad Shreim, Mohammed Arman et Marwan Barghouti, les prisonniers Sa’adat, al-Rimawi, Qu’ran, al-Asmar, Abu Ghoulmeh, ainsi que Mohammed al-Rimawi et Mohammed Sa’adat (le frère d’Ahmad) aujourd’hui martyr, sont tous eux aussi des dirigeants actifs, de même que des symboles à opposer à l’occupation et ils reflètent la force, les possibilités et le caractère innovant de la résistance armée et populaire du peuple palestinien.
Sa’adat, né en 1953 à al-Bireh, en Palestine, fils de réfugiés chassés de chez eux à Deir Tarif en 1948, ralliait la ligue étudiante du FPLP en 1967 et, officiellement, les rangs du FPLP en 1969. Il est marié à Abla Sa’adat, elle-même activiste libérée par la Résistance et par la détermination du peuple de Gaza lors de l’échange de prisonniers Toufan Al-Ahrar en janvier 2025, et il est le père de quatre enfants. Révolutionnaire de toute une vie et militant du Front, il a été arrêté et emprisonné à maintes reprises pour son militantisme : en 1969, 1970, 1973, 1975, 1976, 1989, 1992, 1995 et 1996. Après avoir été élu au Comité central du FPLP en 1981 et au Bureau politique en 1993, il a été élu secrétaire-général après l’assassinat d’Abu Ali Mustafa en août 2001.
Après l’opération du 17 octobre et au milieu de l’Intifada Al-Aqsa en plein essor, l’Autorité palestinienne, qui avait précédemment emprisonné Sa’adat en 1995 et 1996, et qui était engagée dans une série de campagnes de persécutions, d’arrestations et même d’assassinats ciblant des organisateurs de la résistance du Hamas et du Djihad islamique, appliquait une fois de plus sa politique de collaboration sécuritaire avec l’entité sioniste et menait une campagne acharnée d’arrestations contre les membres du FPLP dans toute la Cisjordanie et à Gaza. La « coordination sécuritaire » est une exigence obligatoire imposée à l’AP en vertu des accords d’Oslo qui l’ont créée, et faisant en sorte que l’AP et en particulier ses services de sécurité fassent office de gardiens de l’occupation et de poursuivants de la Résistance plutôt que de protecteurs de la sécurité du peuple palestinien contre la violence des soldats de l’occupation et des colons.
Plus de 60 membres du FPLP ont été arrêtés et emprisonnés par l’AP, dont Abu Ghoulmeh, al-Rimawi, Qu’ran et al-Asmar. Le 15 janvier 2002, sous le prétexte de négocier la libération de ses camarades détenus, Sa’adat était attiré à une réunion avec Tawfiq Tirawi, réunion au cours de laquelle les forces sécuritaires de l’AP l’arrêtaient. Il est resté emprisonné depuis lors, tout d’abord au complexe résidentiel de l’AP à Ramallah, avant que lui et ses camarades soient transférés à la prison de l’AP, à Jéricho, en mai 2002. À Jéricho, ils étaient apparemment détenus sous la garde des forces sécuritaires de l’AP mais, en fait, sous la direction et l’autorité de gardiens américains, canadiens et britanniques.
Quand le Bloc du Changement et de la Réforme, la liste électorale associée au Hamas, remporta les élections du Conseil législatif palestinien en 2006, l’une de ses promesses prioritaires fut de libérer Ahmad Sa’adat, ses camarades et tous les prisonniers politiques palestiniens détenus dans le cadre de la « coordination sécuritaire » avec l’entité sioniste. Par conséquent, les sionistes s’arrangèrent rapidement pour éviter cela. Le 14 mars 2006, moins de dix jours avant qu’Ismaïl Haniyeh, plus tard président martyr du Bureau politique du Hamas, ne prête serment comme Premier ministre, les FOI entamèrent le siège de la prison de Jéricho. Les gardiens américains, canadiens et britanniques quittèrent leurs postes pour laisser le champ libre à l’occupation et la plupart des gardiens de l’AP se rendirent très rapidement, bien que deux d’entre eux eussent été tués par l’occupation.
Ahmad Sa’adat et 200 autres prisonniers politiques furent alors kidnappés et emmenés dans des prisons sionistes. En décembre 2008, Sa’adat fut condamné à 30 ans de prison par un tribunal de l’occupation. Lors de son procès, il déclara : « Je ne suis pas ici pour me défendre devant votre tribunal (…) Je suis ici pour défendre mon peuple et son droit légitime à l’indépendance nationale, à l’autodétermination et au retour. » Dans chaque moment important, Sa’adat fit montre d’une grande intégrité morale et d’un grand engagement révolutionnaire envers la cause à laquelle il avait voué sa vie, la libération de la Palestine et de son peuple. En prison, il a été un dirigeant du mouvement des prisonniers, il a participé à de multiples grèves de la faim et protestations collectives, y compris la grève de la faim de 2005 contre la détention administrative, la grève de Karameh, ou de la dignité, en 2017, et la grève de la faim de 2019.
Au fil des années, Sa’adat a été soumis à des conditions de détention particulièrement pénibles et il a été détenu en isolement pendant des années. Ces deux dernières années, après le 7 octobre 2023 et Déluge d’Al-Aqsa, en en plein génocide à Gaza, les dirigeants du mouvement des prisonniers ont été particulièrement ciblés par l’isolement et les mauvais traitements. Tant Sa’adat qu’Abu Ghoulmeh ont été maintes fois placés en isolement, se sont vu refuser des soins médicaux et ont été victimes d’abus en tous genres dans les prisons de l’occupation, avec peu de possibilité de dénoncer la réalité de leurs souffrances. En janvier 2025, il a été révélé que Sa’adat avait été transféré et enfermé à la prison de Megiddo et qu’il avait été agressé et très violemment tabassé durant le transfert, alors qu’il était dans un état de santé dangereux et qu’on lui refusait des soins médicaux. En avril 2025, des prisonniers libérés ont également fait savoir qu’Abu Ghoulmeh avait été battu par les geôliers de l’occupation au cours de son transfert vers la prison de Gilboa.
Les prisonniers libérés lors de l’échange Toufan al-Ahrar ont témoigné des conditions horribles à l’intérieur des prisons sionistes et du recours routinier et systématique à la torture, à la violence, aux agressions sexuelles, aux abus médicaux et à l’affamement contre les Palestiniens emprisonnés, dans le même temps que l’occupation restituait à Gaza les corps des martyrs emprisonnés. Ils étaient dans un état horrible, révélant des signes manifestes de torture, d’aveuglement, de menottage et de maintien en position de pendaison.
Les agressions contre Sa’adat illustrent le contexte plus large des tentatives sionistes en vue d’isoler et, en particulier, de maltraiter les dirigeants du mouvement des prisonniers. Cela a également été illustré dernièrement lors de la visite du sinistre fasciste Itamar Ben Gvir — souvent comparé à Rehavam Ze’evi — à Marwan Barghouti, après quoi Barghouti a été tabassé par huit geôliers jusqu’au moment où il a perdu conscience. Comme l’a révélé le prisonnier libéré Ayman al-Sharabati, ils lui ont brisé quatre côtes, lors de l’agression. Au fil des années de captivité, de torture, de crimes contre l’humanité et d’abus en tous genres par l’occupation et ses geôliers, les dirigeants du mouvement des prisonniers, dont Sa’adat et ses camarades de l’opération du 17 octobre, n’ont rien perdu de leur détermination.
Alors que nous venons de célébrer la libération de 1968 prisonniers lors de la troisième phase de l’échange Toufan al-Ahrar, obtenue par le biais de la lutte, de la direction de la résistance et des sacrifices du peuple palestinien, en particulier à Gaza, Sa’adat, ses compagnons dirigeants du mouvement des prisonniers, y compris Abu Ghoulmeh, Rimawi, al-Ahmar et Qur’an, et plus de 9 000 autres restent dans les geôles sionistes. Toutefois, en dépit de la dureté des souffrances auxquelles ils ont été soumis, surtout au cours de ces deux dernières années, le mouvement des prisonniers reste fort, puisqu’il peut compter sur l’engagement fort et sincère de la Résistance envers l’objectif qu’est la libération de tous les prisonniers.
Cette date, le 17 octobre, nous rappelle que, malgré l’impunité à grande échelle assurée aux génocidaires par les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, les pays de l’Union européenne et les autres puissances impérialistes, les crimes sionistes ne seront pas impunis, pour la Résistance. De même que, le 17 octobre 2001, les Brigades Abu Ali Mustafa ont vengé avec succès l’assassinat d’Abu Ali Mustafa, dirigeant national et symbole du peuple palestinien, la résistance palestinienne, dirigée par les Brigades Izz el-Din al-Qassam, a révélé au grand jour les illusions de l’impénétrabilité de l’armée sioniste en ce jour du grand passage, le 7 octobre 2023, avec le lancement de l’opération Déluge d’Al-Aqsa et l’entame d’une nouvelle ère de la Révolution palestinienne et, en effet, de l’intifada mondiale.
Aujourd’hui, la Résistance palestinienne reste unifiée, active et pleinement engagée dans la lutte. Les récentes campagnes d’attentats ciblés contre des dirigeants de la Résistance, à Gaza et dans la Palestine occupée, au Liban, au Yémen, au Qatar, en Iran, ont pris les vies de grands dirigeants : de Yahya Sinwar, Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif, à Sayyed Hassan Nasrallah, Sayyed Hashem Safieddine et Fouad al-Shukr, à Ahmed al-Rawhi et Mohammed Abdul-Karim al-Ghamari, à Mohammed Bagheri et Mohammed Saeed Izadi.
Ces crimes non plus ne doivent pas rester impunis. Ce n’est pas uniquement la responsabilité de la Résistance, mais de toutes les institutions internationales et des gens qui cherchent la justice, de tenir les criminels de guerre de l’entité sioniste et les puissances impérialistes pour responsables de leur génocide, de leur campagne d’affamement, de leurs meurtres délibérés – et de leur politique d’assassinat. Quand le système international échoue complètement et qu’en lieu et place il accorde l’impunité, l’exemple du 17 octobre est une démonstration limpide de ce que la Résistance n’acceptera pas le ciblage en cours de ses dirigeants et de son peuple en vue de les détruire.
Les dirigeants et combattants emprisonnés, parmi lesquels Sa’adat et les héros du 17 octobre, sont restés déterminés tout au long des années de captivité, de torture, de mauvais traitements et de crimes. Leurs histoires, en même temps que les innombrables histoires des combattants palestiniens et des dirigeants de la Résistance dans les prisons sionistes servent d’appel à l’action à tous les êtres libres du monde entier afin qu’ils combattent pour la libération des dirigeants emprisonnés et qu’ils imposent cette libération au régime sioniste.
Comme l’a écrit Sa’adat : « La lutte palestinienne pour la libération nationale fait partie intégrante du mouvement international des peuples pour la libération nationale, la justice raciale et économique internationale et la fin de l’occupation, du colonialisme et de l’impérialisme. »
Nous invitons instamment tous les partisans de la liberté, de la Palestine et de la cause palestinienne à s’exprimer activement et à entreprendre des actions via des manifestations, des actions de masse et des actions directes dans le but d’exiger la liberté pour tous les prisonniers des geôles sionistes. Les puissances impérialistes comme les EU, la France, le Canada, le Royaume-Uni et leurs alliés arabes réactionnaires et traîtres continuent d’armer, de soutenir et de couvrir le projet sioniste, tout en prétendant célébrer la « paix ». Alors que la Résistance s’emploie à mettre un terme à la menace de collaboration et à faire ressurgir la vie des cendres du génocide dans la bande de Gaza, elles cherchent à menacer de poursuivre ce même génocide ainsi que les occupations étrangères internationales de Gaza et de toute la Palestine. Les prisonniers palestiniens ne seront pas oubliés et ils ne seront jamais isolés du peuple palestinien, des causes que représente la libération arabe et régionale, et du mouvement international en faveur de la justice. La lutte pour la libération des prisonniers fait partie intégrante de la lutte pour la libération de la Palestine, de toute la Palestine – et de la lutte mondiale pour la libération, la souveraineté et l’autodétermination face à l’impérialisme dirigé par les États-Unis.
Gloire aux martyrs !
Longue vie à la Résistance !
Liberté pour Ahmad Sa’adat et tous les prisonniers !
La Palestine sera libre, du fleuve à la mer !
En savoir plus sur Samidoun : réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens
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