Anan Yaeesh, prisonnier palestinien dans les prisons italiennes, entame une grève de la faim

Anan Yaeesh, prisonnier politique palestinien détenu en Italie, a entamé une grève de la faim après son transfert soudain dans une prison isolée, une décision qui semble directement liée à la montée du mouvement populaire italien en soutien à la cause palestinienne et contre le génocide à Gaza. Ce mouvement a rassemblé plus de deux millions d’Italiens lors de manifestations massives, à la suite d’une grève générale nationale déclenchée par l’attaque sioniste contre la flottille Global Sumud, pour exiger la fin du génocide.

Alors que le gouvernement italien, dirigé par Giorgia Meloni et son parti d’extrême droite, continue de soutenir ouvertement le projet colonial sioniste en Palestine occupée, le peuple italien, lui, a fait entendre son indignation face aux crimes de guerre sionistes et impérialistes. Il exige la libération d’Anan et l’abandon de toutes les charges contre lui et ses coaccusés, Ali Arar et Mansour Doghmosh. Bien qu’Ali et Mansour aient été libérés en attendant le verdict, Anan reste emprisonné, victime d’une répression directement liée à son engagement politique et à la mobilisation populaire internationale.

La campagne Free Anan a publié la déclaration suivante :

Le samedi 4 octobre 2025 le prisonnier politique palestinien Anan Yaeesh a entamé une grève de la faim. Cette décision s’inscrit dans le prolongement des manifestations pour la Palestine qui ont balayé l’Italie depuis la grève générale lancée le 22 septembre, et notamment la manifestation nationale à Rome, où plus d’un million de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre le génocide du peuple palestinien et la collaboration et la complicité du gouvernement italien avec l’occupation sioniste.

Par sa grève de la faim, Anan Yaeesh entend également réaffirmer ses droits bafoués. Récemment en guise de sanction contre les manifestations de solidarité organisées devant la prison de Terni, il a été transféré à la prison de Melfi, en Basilicate. Cette décision arbitraire et punitive a encore aggravé sa situation : l’éloignement du tribunal de l’Aquila, où se déroulent ses procès, et de Rome, où se trouvent ses avocats, compromet gravement son droit à la défense. Dans la nouvelle prison, les rencontres avec les avocats sont devenues de plus en plus difficiles et rares, rendant quasiment impossible tout accord sur une stratégie de défense. Ce transfert, dépourvu de justification objective, constitue une mesure de représailles contre la solidarité et une tentative d’isolement politique et humain.

La grève de la faim d’Anan Yaeesh est un acte de résistance et de dignité, appelant à la mobilisation et à la vigilance de tous ceux qui se soucient de la justice, de la liberté et des droits du peuple palestinien. Nous exigeons le respect des droits d’Anan Yaeesh, la fin des mesures punitives et son transfert immédiat dans une prison garantissant le plein exercice de son droit à la défense.

Nous réaffirmons également qu’un transfert n’entamera ni diminuera en rien la solidarité que le peuple italien a exprimé envers Anan ces deux dernières années. Nous précisons donc, à l’intention de ceux qui sont à l’origine de ces décisions, que, quel que soit le lieu où Anan sera transféré, il continuera de bénéficier d’un large soutien et d’une mobilisation en faveur de sa cause.

Anan Yaeesh, militant palestinien de 37 ans, est un ancien prisonnier des geôles sionistes, originaire de Tulkarem, en Cisjordanie occupée. Actif dans le mouvement de libération pendant la Deuxième Intifada, ou Intifada Al-Aqsa, il a passé quatre ans dans les prisons sionistes et a été gravement blessé en 2006 lors d’une embuscade tendue par les forces spéciales coloniales.

En 2013, Anan a quitté la Palestine pour la Norvège avant de s’installer en Italie en 2017, où il a obtenu un permis de séjour en 2019. Fin janvier 2024, il a été arrêté par la police italienne à L’Aquila, sa ville de résidence, puis transféré en détention dans la prison de haute sécurité de Terni, et plus récemment à Melfi, pour sa collaboration présumée avec les Brigades de Tulkarem, une organisation liée aux Brigades des martyrs d’Al Aqsa — l’un des groupes armés du Fatah qui continuent de lutter pour la libération de la Palestine, et non pour la « coordination sécuritaire » avec l’occupant.

Alors que le tribunal de L’Aquila a rejeté, le 12 mars 2024, la première tentative d’extradition d’Anan vers le régime sioniste de Palestine occupée, en soulignant qu’il risquait d’y être soumis à la torture, les procureurs italiens avaient arrêté deux autres Palestiniens la veille, le 11 mars 2024 — Ali Irar et Mansour Doghmosh — les accusant, avec Anan, de soutenir les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa à Tulkarem. En septembre 2024, le tribunal a ordonné la libération provisoire d’Ali et de Mansour, alors que les charges pesant contre eux restaient en vigueur. Anan, lui, demeure emprisonné dans un établissement de haute sécurité, victime d’une répression politique continue.

Le mercredi 26 février, Anan Yaeesh s’est adressé à la Cour pour rappeler la légitimité de la résistance palestinienne en vertu du droit international et l’urgence de s’opposer au génocide. (Lire l’intégralité de sa déclaration ici.) Il a souligné :

Vous voulez que je me défende des accusations portées contre moi, mais j’ai honte de chercher l’acquittement pour des accusations qui, pour moi, représentent un motif d’honneur. Je ne veux pas me défendre de l’accusation d’avoir des droits et de les avoir revendiqués, ou d’avoir tenté de libérer mon peuple et mon pays de l’oppression coloniale. Je jure que je n’ai pas l’intention d’être acquitté de la légitime résistance contre l’occupation sioniste. La résistance palestinienne est l’un des phénomènes les plus nobles connus de l’histoire. Au contraire, j’ai honte de me retrouver dans une pièce chaude, même en prison, alors que des enfants de Gaza meurent de froid, de faim et de soif. J’ai honte du bon traitement reçu des autorités pénitentiaires ici, alors que mes frères prisonniers dans les prisons israéliennes subissent les pires tortures, oppressions et sévices.

Le procès d’Anan a été reporté à plusieurs reprises, notamment à mesure que le mouvement de solidarité avec la Palestine s’est renforcé. Ses soutiens estiment que ces reports constituent une manœuvre délibérée pour éviter un verdict, craignant l’indignation populaire et la mobilisation qui suivraient une condamnation ou, pire encore, une extradition vers la Palestine.

Les audiences finales, initialement prévues les 19 et 26 septembre, ont été reprogrammées en raison du transfert du juge associé, sans que les procédures obligatoires destinées à garantir la continuité de la procédure et le droit constitutionnel à un procès sans retard injustifié aient été appliquées. La conclusion de l’enquête préliminaire est désormais prévue pour le 31 octobre, les plaidoiries de l’accusation pour le 21 novembre, et les plaidoiries finales, y compris celles de la défense, pour le 28 novembre.

Au cours du procès, la campagne Free Anan écrit :

« L’accusation n’a pas réussi à prouver la participation des trois hommes à des actions violentes contre des civils ou des colons israéliens. Aucune violation des limites fixées par le droit international concernant le droit à la résistance n’a été démontrée. En réalité, l’accusation n’a même pas réussi à prouver que de tels événements aient jamais eu lieu. Cela confirme le caractère politique d’un procès qui apparaît de plus en plus comme une tentative de criminaliser la solidarité et la résistance palestiniennes. »

Le réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers palestiniens appelle tous les militants et organisations palestiniens, arabes et internationaux à se tenir aux côtés d’Anan Yaeesh, Ali Arar, Mansour Doghmosh, de tous les prisonniers palestiniens en exil et dans la diaspora, ainsi que des prisonniers internationaux de la cause palestinienne dans les prisons impérialistes. Soutenez la défense juridique d’Anan, participez aux manifestations ou envoyez des lettres aux ambassades italiennes pour exiger l’abandon de toutes les charges contre ces trois Palestiniens, et faites connaître sa lutte pour la libération comme partie intégrante de la lutte pour la libération de la Palestine, de la mer au Jourdain.

Un exemple d’affiche de solidarité avec Anan Yaeesh est disponible en téléchargement et peut être utilisé librement.


En savoir plus sur Samidoun : réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens

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