Défendre la Palestine et Gaza en Belgique : hommage à Mahmoud et appel à la libération des prisonniers

Alors que la population de Gaza continue de subir un génocide, les réfugiés palestiniens de Gaza en Belgique font face à une attaque presque sans précédent contre leur droit d’asile, leur vie et leurs libertés. À la suite d’une série d’arrestations, au moins six Palestiniens de Gaza ont été enlevés et transférés dans des centres fermés, tandis qu’un septième, Mahmoud Ezzat Farag Allah, a choisi de mettre fin à ses jours pour échapper au contrôle de l’État belge. Ces Gazaouis sont pris pour cible en raison de leur rôle au sein du mouvement de solidarité belge, qui organise quotidiennement depuis plus de deux ans des manifestations devant la Bourse de Bruxelles, dans le centre historique.

Le 7 octobre 2025, Mahmoud Ezzat Farag Allah a utilisé sa vie comme dernière arme pour protester contre l’injustice : il s’est suicidé dans l’un des centres fermés pour détenus de l’immigration. Arrêté trois mois auparavant, il venait en même temps d’apprendre le décès de sa mère, survenu au milieu du génocide sioniste qui continue à Gaza, Palestine. Samidoun pleure Mahmoud, honore son martyre et son acte de Résistance, et dénonce la violence d’État, le colonialisme et la suprématie blanche infligés à lui, à ses camarades et à tous les peuples opprimés.

De nombreux jeunes Palestiniens de Gaza, organisateurs aguerris des manifestations quotidiennes, restent emprisonnés dans les centres fermés :

  • Anas Seyam, actuellement en grève de la faim
  • Fathi Al-Hamss
  • Hamouda Albayyouk
  • Hussameddine Al-Ras, actuellement en grève de la faim
  • Ali Abu Taha
  • Mahmoud Abu Hudayed

Les manifestations à la Bourse sont devenues, au-delà des cris d’indignation contre le génocide et pour la libération de la Palestine, des espaces pour appeler à la libération de ces camarades et frères emprisonnés, ainsi que pour pleurer la perte de Mahmoud. La manifestation du soir du 8 octobre a ainsi servi de mémorial pour Mahmoud et pour tous les martyrs de Palestine.

En réponse à la détérioration des conditions dans les centres de détention et au martyre de Mahmoud, deux jeunes détenus, Anas et Hussam, ont entamé une grève de la faim. Anas écrit : « Je suis détenu depuis 34 jours parce que je défends ma cause palestinienne ». Ils protestent également contre l’arrestation d’encore plus de Palestiniens en Belgique au cours des derniers jours ; des rapports indiquent que dans les heures qui ont suivi le décès de Mahmoud, la police a arrêté au moins trois jeunes Palestiniens de Gaza dans les rues de Bruxelles. Dans son dernier message avant d’entamer sa grève de la faim, Anas a déclaré : « Je me mets en grève de la faim parce que nous traversons vraiment des moments très difficiles, mes amis et moi, en sachant que la police va me confisquer mon téléphone à cause de cette grève de la faim. J’espère que vous ne nous oublierez pas et que vous continuerez à nous soutenir. »

Alors que Mahmoud l’a payé de sa vie, qu’Anas et Hussam ont mis leur corps et leur santé en jeu pour la libération de la Palestine et de leurs camarades, il nous revient de faire écho à leur appel et d’amplifier leurs voix, de résister à la répression, de libérer les prisonniers et de lutter contre la répression raciste, de la Belgique à la Palestine.

L’augmentation de la répression et de la violence anti-palestinienne suit la montée en puissance de la coalition gouvernementale fasciste « Arizona », qui revendique ouvertement son islamophobie, son racisme et son sionisme.

En réalité, ce gouvernement a mené sa campagne électorale en partie sur son empressement à soutenir le génocide en Palestine, en réprimant les organisations palestiniennes et de solidarité avec la Palestine en Belgique. Une nouvelle loi permettrait à l’exécutif belge de dissoudre des organisations « radicales » sans aucune procédure judiciaire. Samidoun Belgique est visée en raison de son action politique de terrain et de son soutien au droit inaliénable du peuple palestinien à la résistance et à la libération. L’adoption de ce texte ouvrirait la porte à des décisions arbitraires, dictées par l’exécutif, et constituerait un précédent dangereux portant gravement atteinte aux droits fondamentaux que la Belgique prétend défendre.

Loin d’être nouvelle, la répression ciblée contre Samidoun inclut également la tentative de l’État belge de révoquer le statut de réfugié et de résidence du coordinateur européen de Samidoun, Mohammed Khatib. Ce processus, initié par l’ancien gouvernement, a été intensifié par la coalition actuelle « Arizona ».

Toutes ces attaques s’inscrivent dans un assaut global du gouvernement impérialiste belge, qui intensifie la répression du mouvement pour la libération de la Palestine. Cette intensification se manifeste de différentes manières : décisions administratives politiquement motivées, y compris la révocation de statuts d’asile ; élaboration par le gouvernement d’une nouvelle loi facilitant l’interdiction d’organisations ; arrestations et inculpations d’étudiants activistes ; attaques constantes de politiciens, médias et autres contre des personnes et organisations défendant la Palestine. Depuis plusieurs semaines, et encore aujourd’hui, les jeunes Palestiniens, notamment à Bruxelles, sont pris pour cible par la police : interpellations, fouilles, arrestations et détentions. La majorité d’entre eux est ciblée pour leur rôle actif dans le mouvement bruxellois pour la Palestine depuis octobre 2023.

La plupart de ces jeunes Palestiniens viennent de Gaza ; certains sont des réfugiés reconnus, d’autres sont en cours de procédure d’asile, fuyant le génocide, le siège et les assauts incessants de l’entité sioniste qui ciblent Gaza tout au long de leur vie. Plutôt que d’assurer la protection légale des jeunes fuyant le génocide, l’État belge intensifie la machine à déportations avec cette série d’arrestations. Ces arrestations et détentions sont manifestement motivées par des considérations politiques, et les jeunes Palestiniens, à l’instar de leurs camarades migrants détenus, subissent des conditions de détention difficiles et souvent cruelles.

L’État belge, par le biais de sa police, de sa justice et de ses politiques migratoires, porte une responsabilité directe dans la négation de la liberté, des droits et de la dignité des jeunes Palestiniens en Belgique. Pendant des années, la Belgique a cultivé l’image d’un refuge sûr pour les Palestiniens fuyant les assauts de l’occupation. Mais le gouvernement et ses agences d’immigration ont exploité cette image pour imposer des conditions politiques odieuses et propager des récits qui cherchent à faire porter la responsabilité de la souffrance et de l’oppression à Gaza aux Palestiniens et à leur Résistance, plutôt qu’à l’occupant. Le génocide, diffusé en direct au vu du monde entier par l’entité sioniste, avec la complicité de la Belgique, a rendu cette mascarade impossible à maintenir. Les attaques contre la jeunesse palestinienne, contre les organisations palestiniennes et de solidarité, ainsi que contre le mouvement populaire croissant, s’inscrivent dans la continuité de la complicité belge dans ce génocide.

La Belgique a mis en place des politiques migratoires très restrictives (comme ailleurs en Europe) et intensifie la répression contre les mouvements sociaux. Les lois sur l’immigration et leur potentiel déshumanisant sont de plus en plus utilisées comme un outil politique pour réprimer et faire taire les voix palestiniennes.

Alors que l’État belge et sa police cherchent à emprisonner le cœur du mouvement palestinien en Belgique et ailleurs, une réponse collective est nécessaire de toute urgence. Nous devons affirmer clairement que, peu importe leurs tentatives d’intimidation, le nombre de personnes qu’ils arrêtent ou qu’ils poussent à abandonner leur vie, nous ne renoncerons jamais à la Palestine.

Le 7 octobre 2025, une jeune étudiante palestinienne, Ruaa Khatib, a affirmé fièrement son soutien à la Résistance lors de sa cérémonie de remise des diplômes dans le centre de Bruxelles.

Depuis deux ans, des manifestant·e·s continuent de se rassembler quotidiennement à la Bourse, dans le centre-ville de Bruxelles, malgré le risque croissant pour les Palestiniens et les personnes sans-papiers. Les attaques et arrestations policières semblent constituer une tentative calculée de détruire le mouvement de protestation et d’imposer la terreur à la communauté ; pourtant, les gens répondent par la solidarité, et non par le silence.

Le mouvement étudiant est toujours vivant, malgré la répression qu’il a subie et continue de subir, alors qu’il se prépare à une grève massive sur tous les campus le 23 octobre. Des rassemblements sont organisés dans toutes les villes de Belgique en soutien à la Flottille mondiale de Sumud et aux Mille Madleens, naviguant pour briser le siège et mettre fin au génocide. Partout, les gens s’organisent collectivement contre le danger des nouvelles lois proposées et l’escalade de la répression — mais nous devons intensifier notre action pour mettre fin à ces attaques répressives et libérer nos camarades de l’emprisonnement injuste de l’État belge.

Au fur et à mesure que le mouvement de solidarité avec la Palestine se renforce au cœur de l’impérialisme, la répression étatique s’intensifie, entraînant un nombre croissant de prisonniers qui refusent cet asservissement. Anas, Mahmoud, Hussam et leurs camarades font partie des prisonniers palestiniens de la diaspora et du mouvement internationaliste, emprisonnés dans des prisons dans des prisons impérialistes, y compris T. Hoxha et les 24 de Filton, Casey Goonan, Tarek Bazrouk, Anan Yaeesh, Ghassan Elashi et Shukri Abu Baker, ainsi que, bien sûr, près de 11 000 prisonniers palestiniens dans les prisons sionistes, le cœur de la résistance et la conscience de notre mouvement.

Par leur soutien indéfectible à la lutte de libération palestinienne, par leur refus des tentatives des États impérialistes et sionistes d’étouffer la voix du peuple, et par leur résistance inébranlable, ces prisonniers demeurent notre boussole. Nous exhortons tous les partisans de la Palestine à prendre la défense des jeunes Palestiniens emprisonnés en Belgique, à appeler à leur libération, à se joindre aux manifestations quotidiennes à 19 h à la Bourse de Bruxelles, et à exiger du gouvernement belge qu’il mette fin à ses attaques contre la jeunesse palestinienne et à sa complicité dans le génocide. Les responsables belges doivent non seulement cesser de violer les droits des Palestiniens, mais aussi être tenus pour responsables de leur soutien à l’apartheid, au génocide, aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité.


En savoir plus sur Samidoun : réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens

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