Le dirigeant palestinien emprisonné, Ahmad Sa’adat, agressé en isolement par ses gardiens sionistes

Ahmad Sa’adat, 72 ans, dirigeant national palestinien emprisonné et secrétaire général du Front populaire pour la libération de la Palestine, a été roué de coups par les geôliers de l’occupation au moment de son transfert depuis la prison de Megiddo, où il était en isolement, vers la prison de Ganot, où il est de nouveau en isolement.

Ceci est le cas de torture le plus récent enregistré à l’encontre des dirigeants des prisonniers palestiniens, après la dénonciation des agressions répétées subies par Abdullah Barghouti, ou par Hassan Salameh, Ahed Abu Ghoulmeh, Ibrahim Hamed, Muammar Shahrour, Abbas al-Sayyed, Marwan BarghoutiMohammed ArmanMuhannad Shreim et bien d’autres Palestiniens de premier plan emprisonnés que le régime d’occupation sioniste refuse de relâcher.

Asra Media Office a rapporté que, immédiatement après son transfert en isolement à la prison de Ganot (le complexe des prisons de Ramon et Nafha, où bien des prisonniers dirigeants sont détenus), Ahmad Sa’adat a été sauvagement battu dès son arrivée. La famille de Sa’adat a expliqué à Asra qu’elle lui avait rendu visite début novembre à la prison de Megiddo, après quoi il avait été transféré à Ganot. Il avait déjà subi une forte perte de poids, imputable à l’actuelle politique d’affamement imposée aux prisonniers palestiniens – parallèle à celle qui est imposée à Gaza – et, à plusieurs reprises, les gardiens avaient fait irruption dans sa cellule d’isolement à Megiddo, pour le menacer et le harceler.

En mars 2025, il avait été soumis à une autre agression après avoir été transféré de l’isolement à la prison de Ramon vers la prison de Megiddo. Après qu’on l’avait battu, on l’avait placé dans la cour de la prison, la tête sous une couverture, pendant trois heures. Il a par ailleurs attrapé la gale, une dangereuse affection cutanée qu’en plusieurs occasions on a laissée délibérément se propager dans les prisons sionistes. Les prisonniers palestiniens n’ont pas le droit de changer de vêtements ni de couvertures et on leur refuse également l’accès aux articles d’hygiène de base. Plutôt que de les traiter contre la gale, les autorités carcérales les enferment délibérément en compagnie d’autres prisonniers qui en souffrent eux aussi, de sorte que la maladie se propage rapidement. Cette façon de faire exemplifie non seulement la politique de négligence médicale, mais également les abus médicaux et sanitaires délibérés de la part des geôliers de l’occupation.

Ces attaques s’inscrivent dans le cadre de la politique de « mort lente » (slow assassination, en anglais – NdT) appliquée aux leaders des prisonniers palestiniens à l’intérieur des prisons de l’occupation. Alors que les politiciens sionistes, dont l’infâme ministre fasciste de la sécurité interne, Itamar Ben-Gvir, en charge des prisons, activent l’adoption de leur « loi » prévoyant l’exécution des prisonniers palestiniens, ils continuent de chercher à légitimer de la sorte la pratique existante des exécutions extrajudiciaires à l’intérieur des prisons de l’occupation.

Les leaders emprisonnés sont isolés et subissent des abus sévères, d’autant plus qu’ils sont des personnalités largement admirées et respectées au sein du mouvement des prisonniers palestiniens et de la société dans son ensemble. Ils sont les représentants de la résistance palestinienne et ils exemplifient l’engagement du peuple palestinien à vouloir assurer sa libération par tous les moyens nécessaires. Ahmad Sa’adat a été isolé en de nombreuses occasions, au cours de ses années d’emprisonnement par l’occupation, et il a rédigé un livre, “Echoes of the Shackles” focusing on this experience (L’écho des chaînes et des fers), qui traite surtout de cette expérience.

La section d’isolement de la prison de Ganot est particulièrement dangereuse, du fait que les Palestiniens qui y sont détenus se voient non seulement refuser très régulièrement les visites de leurs familles, mais également presque toutes celles de leurs avocats. Un grand nombre de leaders du mouvement des prisonniers y ont été transférés, soumis à des tabassages systématiques, à des tortures et autres violence, sans la moindre possibilité de dénoncer les crimes auxquels on les soumet.

Les prisonniers palestiniens – et spécialement les plus de 1 468 d’entre eux kidnappés à Gaza par les forces génocidaires d’invasion – actuellement détenus dans les camps militaires prisons de l’occupation, outre les milliers de Palestiniens de Gaza qui ont été libérés par la Résistance, sont très régulièrement soumis à des tortures physiques et psychologiques, à des agressions sexuelles et à des viols, à un affamement délibéré, au refus de soins de santé et à la négligence médicale généralisée, à des tabassages, au refus d’accès à l’hygiène et autres besoins sanitaires, au refus des visites de leurs familles ou de leurs avocats. Plus de 83 noms de martyrs, morts à l’intérieur même des prisons de l’occupation ces deux dernières années, ont été communiqués, mais un rapport plus récent a fait savoir qu’ils étaient au moins 98 à être morts en prison. Par ailleurs, des centaines de corps de Palestiniens renvoyés à Gaza montrent des signes évidents de séjour en prison, de soumission à des contraintes, de décès sous la torture ou via des exécutions extrajudiciaires.

Sa’adat a été condamné à 30 ans d’emprisonnement dans les prisons sionistes pour une série de délits politiques « relatifs à la sécurité ». Parmi ces charges figurent l’affiliation à une organisation interdite (le FPLP, dont il est le secrétaire général), le fait d’occuper un poste au sein d’une organisation interdite et l’incitation en raison d’un discours tenu par Sa’adat même suite à l’assassinat par Israël de son prédécesseur Abu Ali Mustafa, en août 2001, discours dans lequel il avait déclaré « œil pour œil, dent pour dent ». Le 17 octobre 2001, à l’hôtel Hyatt de Jérusalem, en guise de représailles pour l’assassinat d’Abu Ali Mustafa, des combattants de l’aile armée du FPLP assassinaient Rehavam Ze’evi, le tristement célèbre ministre du Tourisme, raciste et d’extrême droite, du gouvernement israélien d’Ariel Sharon.

Né en 1953, Sa’adat est le fils de réfugiés chassés de leur foyer dans le village de Deir Tarif, près de Ramleh, lors de la Nakba de 1948. Professeur de mathématiques de formation, il est marié avec Abla Sa’adat, elle-même activiste bien connue, et il est le père de quatre enfants. Il est impliqué dans le mouvement national palestinien depuis 1967, date à laquelle il a commencé à être actif au sein du mouvement étudiant. Il a été élu secrétaire général du FPLP suite à l’assassinat d’Abu Ali Mustafa.

Le 15 janvier 2002, Sa’adat assistait à un meeting en compagnie du chef de la sécurité de l’« Autorité palestinienne », Tawfik Tirawi. Le meeting avait été organisé sous de faux prétextes et Sa’adat avait été enlevé et emmené au complexe de la Mouqata’a à Ramallah, à l’époque le quartier général du président de l’AP Yasser Arafat, dans le cadre de la « coordination sécuritaire » avec le régime sioniste. Lors d’un arrangement impliquant le régime sioniste, la Grande-Bretagne et les États-Unis, Sa’adat avait alors été enfermé dans une prison de l’Autorité palestinienne à Jéricho pendant plus de quatre ans sous la surveillance de gardiens américains, canadiens et britanniques. Il y était détenu en compagnie d’Ahed Abu Ghoulmeh, Majdi Rimawi, Hamdi Qur’an, Basil al-Asmar et Fouad Shobaki. Le directeur de la « surveillance » américano-britannique des prisonniers à la prison de Jéricho avait dirigé précédemment pour la Grande-Bretagne l’infâme Centre de détention de Maze, en Irlande du Nord occupée, où étaient détenus des prisonniers républicains irlandais, et un autre fonctionnaire britannique sur place allait être impliqué plus tard dans la création des « Casques blancs » en Syrie.

En janvier 2006, tout en étant emprisonné, Ahmad Sa’adat était élu au Conseil législatif palestinien à la place d’Abu Ali Mustafa. Ce furent les fameuses élections du CLP remportées par le bloc du Changement et de la Réforme, aligné avec le Hamas, le Mouvement de la résistance islamique. Le 14 mars 2006, quelques jours avant qu’Ismaïl Haniyeh n’entre en fonction comme Premier ministre – après avoir fait état lors de la campagne électorale de son engagement manifeste à libérer les prisonniers palestiniens détenus dans les geôles de l’AP dans le cadre de la « coordination sécuritaire » –, des militaires sionistes pénétraient de force dans la prison de Jéricho, alors que les gardiens américains, britanniques et canadiens se tenaient à l’écart pour faciliter l’assaut. Ils tuaient deux gardiens palestiniens et enlevaient Sa’adat et cinq de ses compagnons de détention pour les emmener dans les prisons de l’armée d’occupation.

Il avait été arrêté par l’occupation israélienne en de nombreuses occasions, entre autres en 1970, 1973, 1975, 1976, 1989 et 1992 pour un total de 10 années de détention.

En 1993, il avait été élu au Bureau politique du FPLP et il était devenu responsable pour le secteur de Cisjordanie en 1994. Dans ce contexte, il allait être arrêté à plusieurs reprises entre 1994 et 1996 par l’Autorité palestinienne dans le cadre de la coordination sécuritaire avec l’occupation israélienne établie à la suite des accords d’Oslo de 1993.

Le 25 décembre 2008, Sa’adat était condamné à passer 30 ans dans les prisons de l’occupation coloniale. Sa longue sentence, décidée par un tribunal militaire sioniste, était prévue en tant que mécanisme d’emprisonnement de la résistance et de l’engagement du peuple palestinien à rechercher la liberté, la justice, la libération et l’autodétermination. Sa’adat a refusé constamment et en de très nombreuses occasions de reconnaître la légitimité du tribunal illégal en ne daignant pas se lever et en prononçant des déclarations de rejet.

Depuis lors, il a continué de diriger le mouvement des prisonniers palestiniens derrière les barreaux. Il a été maintenu en isolement pendant près de trois ans et, à maintes reprises, on lui a refusé les visites de sa famille. Plusieurs grèves de la faim importantes des prisonniers palestiniens, dont celle de septembre-octobre 2011 et celle d’avril-mai 2012, ont exigé la fin de l’isolement – dont celui de Sa’adat – comme revendication principale. Finalement, fin mai 2012, suite à l’accord en vue de mettre un terme à la grève de la faim des prisonniers, Sa’adat allait être libéré de l’isolement et renvoyé parmi la population générale de la prison. Au cours de la grève, Sa’adat avait été hospitalisé en raison de la tension physique sévère provoquée par le fait de n’ingurgiter que du sel et de l’eau.

Il a participé à de multiples grèves de la faim et protestations collectives, dont la grève de la faim de 2015 contre la détention administrative, la grève de la Dignité en 2017, la grève de 2016 en solidarité avec Bilal Kayed et la grève de la faim de 2019.

Nous invitons instamment tous les partisans de la Palestine et de la cause palestinienne à s’exprimer activement et à entreprendre des actions en vue de faire face aux violences vécues par les prisonniers palestiniens, dont Ahmad Sa’adat et ses compagnons dirigeants palestiniens. Les puissances impérialistes, comme les EU, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, qui soutiennent et couvrent le régime génocidaire sioniste à Gaza et dans toute la Palestine occupée, sont totalement impliqués dans ces actes inhumains. L’appel de ce jour n’est pas moins urgent que celui d’avant le cessez-le-feu violé quotidiennement par l’occupation.

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Aujourd’hui, le régime sioniste tente de légitimer sa politique systématique de viol, de torture et de violence en adoptant la loi sur l’exécution des prisonniers palestiniens. Jour après jour, il confisque des terres et ravit des vies de martyr.e.s dans toute la Cisjordanie. Il conspire avec les EU et se voit donner carte blanche par l’illégitime et injuste résolution du Conseil de sécurité, adoptée le 17 novembre dernier, en vue d’imposer une occupation impérialiste/sioniste conjointe à Gaza. Il incombe au mouvement international de ne laisser ni les prisonniers, ni la résistance, ni le peuple palestinien affronter seuls cet ennemi d’une rare violence.

En effet, les actes de répression des puissances impérialistes – telles les sanctions des EU et du Canada contre Samidoun le 15 octobre 2024 – sont censées priver le mouvement des prisonniers palestiniens d’un soutien et d’une solidarité venant de l’extérieur, masquer les crimes commis contre eux et empêcher les perpétrateurs d’avoir à rendre des comptes, et limiter, dissuader et réprimer le mouvement croissant de libération des prisonniers qui fait partie intégrante de la libération de la Palestine du fleuve à la mer. Ils cherchent surtout à réprimer ce mouvement du fait que la résistance palestinienne a fait savoir clairement qu’elle insistait sur ce point et qu’elle était engagée dans un véritable échange de prisonniers dans la dignité afin de libérer les dirigeants palestiniens et tous les prisonniers palestiniens se trouvant encore dans les geôles sionistes. La répression au cœur même des nations impérialistes se veut elle aussi un mécanisme de pression contre le peuple palestinien, ses prisonniers et sa Résistance.

Notre mouvement tout entier doit répondre collectivement à cette répression en s’organisant avec encore plus de force, de clarté et d’efficacité afin d’abattre la machine de guerre impérialiste-sioniste, de soutenir la résistance palestinienne et toutes les forces de résistance de la région et de faire en sorte que les prisonniers palestiniens ne soient jamais, ni aujourd’hui ni plus tard, isolés du peuple palestinien, des causes arabes, islamiques et régionales de libération et du mouvement international en faveur de la Justice.

Liberté pour tous les prisonniers palestiniens dans les geôles de l’occupation ! Victoire à la Résistance !

Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre !

Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine


En savoir plus sur Samidoun : réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens

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