Samidoun : Les sanctions contre Addameer et cinq associations palestiniennes sont une continuité du génocide, portée par l’impérialisme américain

Le Réseau international de solidarité avec les prisonnier·es palestinien·nes, Samidoun, condamne avec la plus grande fermeté la dernière attaque du département du Trésor des États-Unis contre le mouvement de libération palestinien — une attaque qui vise directement le mouvement des prisonnier·es palestinien·nes, en inscrivant l’association Addameer, de soutien aux prisonnier·es et de défense des droits humains, ainsi que cinq autres organisations caritatives répondant aux besoins financiers et économiques du peuple palestinien, sur la liste des « terroristes mondiaux spécialement désignés » (SDGT). Cette désignation fait écho à celle déjà imposée contre Samidoun, ainsi que contre l’écrivain et militant palestinien Khaled Barakat, membre du Comité exécutif du Masar Badil – Mouvement de la voie révolutionnaire alternative palestinienne, le 15 octobre 2024.

Ces désignations s’inscrivent clairement dans une stratégie délibérée visant à isoler les prisonnier·es palestinien·nes et à réprimer les élans de solidarité — en particulier depuis les États-Unis — tout en cherchant à affamer encore davantage le peuple palestinien et à aggraver la politique impérialiste-sioniste de famine organisée, notamment à Gaza.
Dans ce contexte, nous relevons en particulier la déclaration suivante dans le texte publié aujourd’hui :
« De plus, au printemps 2022, [Khaled] Barakat se serait coordonné avec le FPLP pour envoyer des fonds à Addameer et organiser des rencontres entre Addameer et Samidoun. » Cette affirmation est totalement fictive, sans aucun fondement réel. Il s’agit d’une nouvelle fabrication issue de l’entité sioniste et de ses services de renseignement, qui diffusent en permanence des mensonges dans les médias internationaux — allant jusqu’à accuser les Palestinien·nes d’avoir bombardé leur propre hôpital ou à prétendre que les jours de la semaine sur un calendrier trouvé dans un hopital documentaient des combattants en train de surveiller des prisonnier·es.
Aucun fonds n’a été transféré, aucune réunion de ce type n’a été organisée par Khaled Barakat. Si des représentant·es d’Addameer et de Samidoun se sont retrouvé·es au même endroit, ce ne fut que par hasard lors de conférences ou événements communs. D’ailleurs, le simple fait de devoir opposer un démenti à ce type d’absurdité est en soi ridicule : toutes les organisations qui défendent les prisonnier·es palestinien·nes devraient évidemment se coordonner et construire des stratégies communes pour les soutenir et organiser leur libération. Mais les faits demeurent : les accusations formulées par le département du Trésor américain sont totalement fausses, d’origine inconnue et douteuse, et nous les considérons comme une tentative délibérée de semer la division dans le mouvement.
Nous dénonçons également avec la plus grande fermeté les désignations de la Fondation ISRAA aux Pays-Bas, ainsi que celles d’Amin Abu Rashed et de sa fille Israa Abu Rashed, militant·es infatigables pour la cause palestinienne, qui ont joué un rôle central dans la fourniture d’une aide humanitaire massive, inconditionnelle et indispensable à la population de Gaza et aux réfugié·es palestinien·nes en Palestine comme dans les camps d’exil.
Nous dénonçons également la poursuite des attaques menées par le département du Trésor américain contre la communauté palestinienne en Italie, dans le prolongement des désignations d’octobre dernier visant Mohammed Hannoun, figure majeure de la communauté palestinienne, du mouvement de solidarité et de la lutte contre le génocide sioniste-impérialiste en cours, ainsi que l’Association caritative de solidarité avec le peuple palestinien. Ces attaques se poursuivent aujourd’hui avec la désignation de La Cupola d’Oro.
Nous condamnons aussi avec la plus grande fermeté la désignation de la Société caritative Al Weam, de Filistin Vakfi et de l’Association El Baraka, respectivement basées en Palestine, en Turquie et en Algérie, ainsi que de leurs responsables : Mohammed Abu MareiZeki Ararawi et Ahmed Brahimi. Toutes ces désignations s’inscrivent clairement dans la stratégie sioniste-américaine de génocide par la famine, mise en œuvre contre l’ensemble du peuple palestinien, en particulier à Gaza. Ces sanctions visent à couper les réseaux de soutien arabes, palestiniens, islamiques et internationaux indépendants, pour imposer une aide conditionnée, sous contrôle impérialiste, à un peuple affamé et assiégé.
Il s’agit d’une guerre économique contre le peuple palestinien, qui vise à provoquer le chaos, la perte d’espoir, la famine de masse. Elles vont de pair avec les prétendues « fondations humanitaires » à Gaza — comme la Gaza Humanitarian Foundation — qui ne sont que des pièges mortels à Rafah et Netzarim. L’imposition de ces sanctions, dans un contexte où les États-Unis envoient des milliards de dollars d’armement, partagent des renseignements, utilisent leur veto à l’ONU, et orchestrent arrestations et intimidations, tout ceci constitue un acte de génocide en cours contre le peuple palestinien — bien au-delà d’une simple complicité. En réalité, criminaliser celles et ceux qui agissent pour mettre fin au génocide et à l’apartheid est en soi un crime de guerre, un crime contre l’humanité, qui s’ajoute à l’histoire sanglante de l’impérialisme américain.
Ces sanctions s’inscrivent dans une stratégie impérialiste globale : 18 années de siège contre Gaza, des sanctions contre l’Iran, Cuba, le Soudan, le Venezuela, et d’autres pays souverains. Une stratégie destinée à briser la résistance populaire, à affamer les masses, à étouffer toute perspective d’autodétermination et de développement indépendant. Les effets dévastateurs de ces régimes de sanctions sont tristement visibles en Syrie, dont une partie du territoire reste sous occupation sioniste, pendant que son gouvernement cherche aujourd’hui à normaliser les relations au nom d’une prétendue « levée des sanctions ».
Comme nous l’avions déjà souligné au moment de notre propre désignation, celle d’Addameer aujourd’hui vise clairement à isoler le mouvement des prisonnier·es palestinien·nes de toute solidarité internationale, en particulier depuis les États-Unis, en s’attaquant méthodiquement à toutes les organisations qui œuvrent pour leur libération — qu’elles soient engagées à un niveau populaire, sur le terrain juridique ou dans les instances internationales. Le régime impérialiste américain ne veut pas que les prisonnier·es deviennent un mot d’ordre central des mouvements de solidarité et de libération de la Palestine aux États-Unis.
De la même manière, il refuse que nous tissions des alliances avec d’autres mouvements qui affrontent l’emprisonnement, la déportation et la violence d’État, comme on le voit aujourd’hui à Los Angeles et dans tout le pays, dans le soulèvement en cours contre la répression menée par l’ICE, les expulsions massives et le racisme d’État.
L’usage des désignations « terroristes » et l’attaque contre le mouvement de libération de la Palestine ne peuvent pas être séparés des attaques contre les migrant·es, les réfugié·es, les étudiant·es et les travailleur·euses aux États-Unis : elles s’inscrivent dans une même logique de déportation massive, de terreur d’État, et d’emprisonnement pour des activités politiques et un engagement militant.
Ce ne sont pas que nos slogans ou nos pancartes qui se rejoignent — nous affrontons les mêmes ennemis, avec l’impérialisme américain en leur centre.
Tout cela vise aussi à laisser dans l’ombre les plus de 10 400 prisonnier·es palestinien·nes, qui affrontent la torture et de famine, sous la direction du fasciste notoire Itamar Ben Gvir, soumis·es à une politique de mort lente — privé·es de tout soutien, de toute solidarité, de toute visibilité internationale.
Cela vise enfin à affaiblir les efforts constants de la résistance palestinienne pour obtenir la libération des prisonnier·es dans le cadre d’un cessez-le-feu digne et juste, associé à un échange de prisonnier·es et au retrait total des forces d’occupation génocidaires de Gaza assiégée.
Comme nous l’avions déjà affirmé au moment de la désignation de Samidoun :
    
La répression contre Samidoun s’inscrit dans une offensive plus large contre la diaspora palestinienne, les communautés arabes et tous les internationalistes qui luttent pour la Palestine. Tous les partis politiques dominants — des démocrates aux républicains, des sociaux-démocrates à l’extrême droite — ont profité de l’année écoulée pour intensifier les mesures racistes, islamophobes et répressives contre le peuple palestinien, les Arabes, les musulman·es, les réfugié·es, les migrant·es et les militant·es. Cette répression reflète les intérêts des États-Unis et du Canada — eux-mêmes États coloniaux de peuplement, fondés sur le génocide, le nettoyage ethnique et la répression continue des peuples autochtones — ainsi que ceux de l’Europe, berceau du mouvement sioniste.
Elle s’inscrit dans la lutte mondiale contre le colonialisme et l’impérialisme, qui se poursuivra jusqu’à la libération de la Palestine du fleuve à la mer, jusqu’au retour de tous les réfugié·es palestinien·nes et jusqu’à la libération de tous les peuples et nations opprimés.
Tout comme l’entité sioniste redoute la résistance palestinienne, les puissances impérialistes redoutent la diaspora palestinienne et ses soutiens, qui se lèvent encore et encore — en particulier depuis le début de l’opération Déluge d’Al-Aqsa et du génocide sioniste. Ce qu’ils craignent, c’est un mouvement populaire fort, qui menace leurs intérêts politiques et économiques en Palestine et dans la région.
Dans ce contexte, nous tenons à adresser un message clair à nos camarades du mouvement de libération de la Palestine aux États-Unis :
    
Face aux désignations d’organisations comme « terroristes », la réponse ne peut pas être d’isoler les organisations visées, de mettre en garde les collectifs contre toute coordination avec elles, ou de refuser d’en parler.
Ce type de posture, souvent justifiée comme étant « stratégique » ou « juridiquement prudente », ne fait qu’encourager le régime américain à désigner et sanctionner toujours plus d’organisations et de militant·es — car cela lui envoie un signal clair : ces désignations fonctionnent. Nous ne pourrons jamais répondre à ces désignations en les traitant comme des questions purement juridiques. Nos ennemis ne respectent ni le droit national, ni le droit international : ils mènent une guerre génocidaire contre le peuple palestinien dans son ensemble, et piétinent quotidiennement les interdits les plus fondamentaux du droit.
Évidemment, rien de tout cela n’est nouveau. Les organisations palestiniennes subissent ce type d’étiquetage et de répression depuis des décennies. Plusieurs Palestinien·nes sont aujourd’hui encore emprisonné·es aux États-Unis, comme Ghassan Elashi et Shukri Abu Baker, membres des Holy Land Five, condamnés à 65 ans de prison pour avoir fourni une aide caritative au peuple palestinien — détenus depuis 2008. L’objectif des lois impérialistes « anti-terroristes » n’est pas seulement de criminaliser les organisations et de les frapper par des sanctions économiques ou par une politique de famine. Elles visent aussi à modifier les priorités politiques du mouvement et à orienter ses stratégies selon les règles de l’ennemi.
C’est pourquoi notre réponse ne peut pas être dictée par une lecture prudente ou juridique de ces lois, mais doit être une réponse politique, offensive : refuser l’isolement, célébrer, normaliser et soutenir publiquement le peuple palestinien, ses organisations de résistance et le mouvement des prisonnier·es. Pour que le travail du mouvement de solidarité ait du sens et soit réellement efficace, il doit soutenir les organisations de la Résistance palestinienne — et même se coordonner avec elles, aussi largement que possible.
La seule réponse possible à ces désignations, c’est la défiance, la solidarité, et le refus catégorique de plier face aux exigences sionistes-impérialistes des États-Unis, qui visent à isoler la résistance, à isoler les prisonnier·es palestinien·nes et à affamer le peuple palestinien sous couvert de « conformité légale ».
À l’inverse, nous devons intensifier notre engagement, renforcer la résistance, soutenir l’intifada dans les rues des villes du monde, exiger la fin des listes dites « terroristes » et le retrait immédiat de toutes les organisations de résistance palestiniennes, libanaises, yéménites, iraniennes et autres de ces listes. Nous devons nous tenir aux côtés de la Résistance palestinienne et de toutes les forces de résistance dans la région et dans le monde, exiger la libération de chaque prisonnier·e palestinien·ne — et la libération de toute la Palestine, du fleuve à la mer.

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