Carnet de voyage de la délégation européenne de Samidoun au Liban en Juillet 2021

Traduction: Collectif Palestine Vaincra

Une délégation européenne de Samidoun est partie au Liban en juillet 2021 à la rencontre de la résistance palestinienne et libanaise, de la Campagne libanaise pour la libération de Georges Abdallah et des différents camps de réfugiés palestiniens. Des membres de Samidoun Espagne, du Collectif Palestine Vaincra, de Samidoun Stockholm, de Samidoun Pays-Bas ainsi que le coordinateur européen Mohammed Khatib composent la délégation. N’hésitez pas à faire un don pour aider la délégation à soutenir le travail des organisations locales dans les camps de réfugiés palestiniens.

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Dans les rues de Chatila, un camp de réfugiés palestinien au Liban, devant une affiche en hommage à Georges Habache.

Jour 1

La délégation du réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun au Liban, la « Brigade Ghassan Kanafani », a officiellement lancé sa première journée d’activités le 22 juillet 2021 en rencontrant des organisations dans le camp de réfugiés de Chatila et la Campagne de boycott des partisans d’Israël au Liban.

Avant d’entrer dans le camp de Chatila, la délégation a visité le cimetière des martyrs de Chatila pour rendre hommage à ceux qui ont consacré leur vie à la lutte de libération palestinienne. Au cimetière des martyrs, la délégation a visité les tombes de Ghassan Kanafani (1936-1972), Maher al-Yamani (1949-2019), et des membres de l’Armée rouge japonaise Tsuyoshi Okudaira (1945 -1972), Yasuyuki Yasuda (1945-1972), Bakawa Hiomori (1947-2002), Owasamu Maruoka (1950-2011).

Chatila abrite aujourd’hui 27 000 personnes, dont 14 000 réfugiés palestiniens luttant pour leur droit de rentrer chez eux, qui leur a été refusé pendant 73 ans. Etabli en 1948 par des réfugiés palestiniens déplacés de force de leurs maisons et de leurs terres à l’intérieur de la Palestine occupée par les forces d’occupation sionistes pendant la Nakba, le camp a également été le site du tristement célèbre massacre de 1982 perpétré par l’occupation israélienne et les forces réactionnaires locales.

Au camp de Chatila, la délégation a rencontré le Club d’échecs palestinien, qui offre une éducation culturelle et parascolaire à plus de soixante-dix enfants du camp. Le Club offre également un environnement sûr et évolutif pour les enfants du camp, frappés par l’extrême pauvreté. Cette pauvreté est d’abord causée par l’expulsion du peuple palestinien par Israël, mais elle est renforcée par les lois discriminatoires de l’État libanais. Par exemple, les réfugiés palestiniens au Liban ne sont pas autorisés à travailler, provoquant un chômage généralisé et les poussant au travail illégal. La délégation a rencontré des dizaines de membres du Club pour faire connaissance et échanger des points de vue et des expériences, ainsi que jouer quelques parties d’échecs.

Créé en 2013, le Club est en fait géré par les enfants eux-mêmes, qui s’organisent en assemblée générale, avec le soutien de leur coordinateur Mahmoud Al-Hanoun. La structure propose non seulement une éducation sur les échecs, mais sur la Palestine et la politique en général. Par exemple, une affiche appelant à la libération de Georges Ibrahim Abdallah, communiste libanais emprisonné depuis 1984 en France, est accrochée au-dessus de la salle principale du club. Samidoun remercie le Club d’échecs pour l’accueil chaleureux et s’engage à continuer à soutenir le Club et son travail politiquement et matériellement.

Dans la soirée, la délégation a rencontré la Campagne libanaise pour le boycott des partisans d’Israël. Cette campagne a commencé en 2002, lors de la deuxième Intifada. Un point central important de leur campagne est le boycott culturel et universitaire d’Israël mais aussi la confrontation à la normalisation rampante et aux tentatives de briser le boycott libanais. Samah Idriss, coordinateur de la Campagne, a discuté avec la délégation de la crise économique et politique libanaise et des relations entre la gauche libanaise et le peuple palestinien au Liban.

Rencontre entre la délégation de Samidoun et la Campagne libanaise pour le boycott des partisans d’Israël.

Jour 2

Vendredi 23 juillet, les délégués de Samidoun au Liban ont participé à plusieurs réunions politiques et activités culturelles. Ils et elles ont commencé les activités de la journée en rencontrant à Beyrouth Jamal Wakim, professeur à l’Université libanaise. Jamal Wakim est également un dirigeant du Mouvement populaire du Liban (Harakat al-Shaab), un parti politique formé en 2000 avec un programme progressiste et anti-impérialiste. La délégation a discuté de la situation de la gauche palestinienne et de ses organisations politiques, et de la manière dont nous pouvons collectivement avancer pour faire progresser la libération de la Palestine.

Les divergences de vues sur le nationalisme arabe et les visions de la voie de la libération nationale pour l’ensemble de la région étaient également à l’ordre du jour. La délégation a également discuté des relations des différents mouvements anticoloniaux dans le monde et de leurs relations entre eux, Wakim établissant des parallèles avec Cuba, le Brésil et le reste de l’Amérique latine comme exemples dont il faut s’inspirer, notamment les pièges des mouvements réformistes et la nécessité d’un changement révolutionnaire.

Nous avons également discuté de la manière dont l’impérialisme américain, avec Israël comme fer de lance, travaille activement à fragmenter le Liban et le reste de la région arabe afin d’asseoir davantage son hégémonie, et de l’importance de contrer ces attaques. Une partie de cette fragmentation s’est reflétée dans la guerre civile libanaise, au cours de laquelle la société libanaise a été restructurée en faveur des intérêts impérialistes, principalement par la violence contre les pauvres et les minorités marginalisées.

Rencontre avec Jamal Wakim

Dans la soirée, la délégation de Samidoun s’est rendue dans le camp de réfugiés de Mar Elias, où elle a rencontré des membres du Front populaire de libération de la Palestine dans son bureau situé dans le camp, écoutant des vétérans de la lutte pour la Palestine parler de leurs expériences et de leurs visions de l’avenir de la libération palestinienne.

La délégation a ensuite visité le Club culturel palestinien du camp de réfugiés de Mar Elias. Le Club est une plateforme sociale, culturelle et politique dans les camps du Liban, au service principalement des enfants et des jeunes. Il organise des activités culturelles et des événements sur l’histoire et la géographie de la Palestine pour les plus jeunes et des ateliers politiques pour les plus âgés. L’un des objectifs du Club est de sensibiliser la jeunesse palestinienne à la politique.

Le Club culturel palestinien accueille toutes les organisations de jeunesse indépendantes qui souhaitent s’organiser ensemble. Le Club a été lancé par des étudiants de l’Université arabe de Beyrouth en 1993, après la guerre civile libanaise et la signature des accords d’Oslo, lorsqu’ils ont constaté l’absence d’organisations politiques pour les habitants des camps de réfugiés, pour faire avancer la libération palestinienne et protéger le droit au retour. Samidoun et le Club ont eu une longue discussion au cours de laquelle nous avons partagé nos expériences d’organisation pour la Palestine et comment nous pouvons construire notre coopération pour faire avancer la cause de la libération nationale.

La délégation a reçu une leçon d’histoire sur la culture des camps, notamment la fondation du groupe de musique palestinien Jafra, qui a été à l’origine de plusieurs générations de danse dabke dans les camps. En fin de soirée, la délégation de Samidoun a eu le plaisir d’écouter la musique et à la poésie de Jaafar al-Toufar.

Nos hôtes Cirine Nabulsi et Mahmoud al-Badawia ont conclu la réunion en offrant au réseau Samidoun le portrait d’un Palestinien emprisonné regardant vers la liberté et un message de solidarité, de lutte et d’espoir pour la future libération de la Palestine.

Jour 3

Pour le troisième jour, la délégation internationale de Samidoun  a participé à de nombreuses visites et rencontres à Beyrouth, Tripoli et dans le camp de réfugiés palestiniens de Beddawi.

La première de ces rencontres a eu lieu au siège de l’organisation culturelle Ajyaal (« Générations ») coordonnée par Samira Salah, qui nous a accueillis avec son mari, Salah Salah, co-fondateur du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) et membre historique du Mouvement nationaliste arabe. La délégation de Samidoun a honoré Salah et Samira pour leur combat de toute une vie et leur dévouement au peuple palestinien et à leur mouvement de libération, en leur présentant des broderies palestiniennes.

Samira Salah et Salah Salah avec Mohammed Khatib et Jaldia Abubakra de Samidoun.

Samira est une réfugiée palestinienne née à Tibériade, qui a grandi à Homs en Syrie après le déplacement forcé de sa famille de Palestine pendant la Nakba. En 1965, elle rejoint le Mouvement nationaliste arabe, bien qu’elle y ait toujours participé en tant que militante. Lorsqu’elle est devenue membre du FPLP, elle était responsable du syndicat des femmes et elle est devenue membre du Comité central du FPLP. Plus tard, elle a consacré ses plus grands efforts au comité des réfugiés palestiniens de l’OLP. Son activité au sein de ce comité était orientée vers les camps de réfugiés qui n’étaient pas reconnus comme tels au Liban et n’ont donc reçu aucun soutien financier, y compris de l’UNRWA.

Après la guerre du Liban en 2006, Salah et Samira ont déménagé à Tripoli pour se concentrer sur le développement de la coopération libano-palestinienne. Avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe, les deux camps d’activités de jeunesse coordonnés chaque année, structurés de trois manières différentes : un pour les Palestiniens, les Arabes et les Européens ; un pour les Palestiniens libanais ; et un pour les Palestiniens en Europe. Ce projet repose sur un postulat essentiel sur lequel se fonde la réflexion de Salah et Samira, et autour duquel notre conversation a tourné : le rôle des nouvelles générations est une clé indispensable à la libération de la Palestine de la mer au Jourdain. Salah, soucieux de nous faire comprendre que cette idée n’était pas un simple slogan, nous a brièvement exposé le rôle important joué par la jeunesse palestinienne en tant qu’agents et sujets politiques actifs de 1920 à nos jours. Enfin, nous avons eu l’honneur de recevoir un exemplaire dédicacé de sa récente autobiographie « Des rives de l’Al Buhaira à la révolution ». La réunion a été très émouvante grâce à la générosite de Salah et Samira qui ont partagé leurs décennies d’expérience dans la lutte et leur conviction de soutenir l’organisation de la jeunesse pour faire avancer la libération de la Palestine.

La délégation européenne de Samidoun aux côtés de Samira Salah et Salah Salah.

En milieu de matinée, la délégation s’est dirigée vers Tripoli, dans le nord du Liban, où nous avons été reçus au domicile de Robert Abdallah, frère du prisonnier politique Georges Ibrahim Abdallah emprisonné en France depuis 1984. Avec Robert et différents membres de la campagne nationale pour la libération de Georges Abdallah, la délégation a discuté des différentes campagnes en cours pour la libération de Georges Abdallah, ainsi que de la situation politique au Liban et du manque d’engagement et d’action du gouvernement libanais et des factions palestiniennes pour obtenir la libération d’Abdallah. Participant à la délégation européenne en tant qu’organisation membre de Samidoun, le Collectif Palestine Vaincra a discuté de ses efforts sur le terrain en France pour amplifier et faire connaître largement la campagne pour la libération de Georges Abdallah, en travaillant main dans la main avec Samidoun au niveau international et avec la campagne au Liban.

Robert Abdallah et les membres de la campagne au Liban ont également apprécié le rôle important joué par les internationalistes européens dans le cas de Georges Abdallah et dans la cause palestinienne. Les délégués ont discuté de leur travail et de leurs activités, expliquant les origines de Samidoun, les différents domaines dans lesquels nous travaillons et le travail collectif de Samidoun entre la Palestine occupée, le réseau en Europe, et ailleurs dans la région arabe et au niveau international. Enfin, les délégués ont présenté la nouvelle initiative du Masar Badil, la Voie palestinienne alternative.

La délégation de Samidoun avec Robert Abdallah et des membres de la campagne libanaise pour la libération de Georges Abdallah.

La délégation de Samidoun s’est ensuite rendue dans le camp de réfugiés de Beddawi, situé près de Tripoli. La délégation a été chaleureusement accueillie par le Club culturel arabo-palestinien, et les délégués ont remis les fonds qui avaient été collectés plus tôt dans l’année pour soutenir l’ambulance du peuple du camp de Beddawi, un projet qui est devenu de plus en plus important avec la crise sanitaire et financière qui s’aggrave au Liban. Avant d’entrer dans les locaux du club, la délégation a parcouru les rues de Beddawi. Le camp est bien connu pour les fresques et les œuvres d’art peintes sur les murs dans les rues du camp. A bien des égards, les conditions de vie quotidiennes sont meilleures dans le camp de Beddawi que dans les camps visités par la délégation les jours précédents.

Ensuite, la délégation a visité le centre médical Al-Shifa, qui est dirigé par Abu Abed. Al-Shifa fournit plusieurs soins médicaux pour les résidents du camp, et il dispose également d’une salle spécialisée pour les grossesses et les accouchements. En outre, le centre abrite un laboratoire pour différents tests. Le bon et nécessaire travail du centre a été fortement affecté par la crise économique au Liban. Il y a des pénuries généralisées de médicaments, et même les simples analgésiques comme l’ibuprofène et le paracétamol (Tylenol) sont parfois indisponibles. Le matériel et les équipements médicaux sont également très nécessaires pour fournir des services adéquats au camp. Dans l’ensemble, le centre a démontré la nécessité d’une coopération étroite entre les mouvements révolutionnaires internationaux et la diaspora palestinienne dans les camps.

Lorsque la délégation est arrivée au bâtiment du Club culturel arabo-palestinien, l’organisateur local Osama Al-Ali a expliqué l’histoire du club. Il a été fondé en 1993 en réponse aux accords d’Oslo et à la marginalisation des réfugiés palestiniens au Liban, avec pour objectif principal d’organiser et d’inciter les jeunes du camp à lutter pour le droit au retour en Palestine. La délégation a rencontré des enfants et des jeunes dans le camp pour entendre leurs points de vue et discuter de l’avenir de la Palestine. Dans la discussion, ils ont souligné l’importance centrale du lien entre les luttes dans les camps et pour le droit au retour avec la lutte armée, en particulier la résistance à Gaza.

Les enfants et les jeunes ont eu une discussion perspicace et productive avec la délégation, dans laquelle ils ont démontré leur curiosité, leur compréhension, la profondeur de leurs connaissances et leur intelligence. Des questions ont été posées sur le caractère internationaliste de la lutte palestinienne, le mouvement des prisonniers et les visions d’une future Palestine libérée du colonialisme.

La soirée s’est terminée par un dîner et un spectacle musical, où les enfants et les jeunes du Club ont chanté des chansons sur les travailleurs, le droit au retour, la résistance palestinienne, la lutte armée et la liberté. Nos hôtes ont offert à la délégation des écharpes keffiehs ornées du logo du club et de l’image d’Al-Aqsa.

Jour 4

Au quatrième jour de son voyage au Liban, la délégation internationale de Samidoun a visité le camp de réfugiés de Bourj Al Barajneh au sud de Beyrouth. Dans le camp, nous avons rencontré le Centre Al-Naqab, ses membres et son coordinateur, Mohammed Abu Ali.

 

Le Centre Al Naqab a été fondé en 2013 par des jeunes palestiniens et libanais, qui se sont réunis pour répondre aux besoins urgents de la communauté, en collaboration avec le groupe Maan («Ensemble») et le Mouvement de la jeunesse palestinienne (PYM). Le centre se concentre sur quatre points principaux :

  1. Devenir économiquement indépendant, sans dépendre des ONG et des fonds caritatifs
  2. « De la mer au Jourdain » : ils ne transigent pas sur la question de la libération de toute la Palestine
  3. Les personnes travaillant dans le centre sont toutes bénévoles
  4. Ils se sont engagés à boycotter les produits et les entreprises israéliens.

Le centre a vu les effets du programme scolaire standard parmi les élèves, notant qu’il n’a pas réussi à enseigner les compétences pour une pensée critique et indépendante. Cela a conduit au lancement de ce qui est aujourd’hui l’activité principale du centre : l’éducation périscolaire. Finalement, l’éducation extrascolaire et ses élèves sont devenus une partie du centre dans son ensemble, et ils ont commencé à rejoindre d’autres activités, à partir d’un programme pour aider les élèves à faire leurs devoirs et à évoluer vers un lieu où les bénévoles pourraient poursuivre l’éducation et le développement de la pensée des jeunes. Le centre a remarqué que les jeunes palestiniens n’apprenaient pas leur propre histoire et géographie dans le programme standard, ils ont donc créé leur propre programme axé sur le maintien de cette histoire et de cette culture parmi les enfants et les jeunes palestiniens.

Pendant la pandémie de COVID-19, il est devenu clair que la plupart des élèves n’étaient pas habitués à travailler de manière indépendante, ce qui a créé une crise lorsque les enfants ont soudainement dû utiliser leur téléphone pour l’école. C’est devenu l’occasion pour le centre de développer un programme axé sur le travail et la réflexion indépendants. L’objectif des programmes scolaires du centre est de fournir aux jeunes les connaissances dont ils ont besoin pour être la prochaine génération de Palestiniens luttant pour leur libération.

Le centre organise également un groupe de jeunes qui travaille non seulement dans le centre mais dans tout le camp dans son ensemble, traitant des problèmes et défis sociaux tels que la crise économique, la paupérisation massive et la toxicomanie. Le centre travaille également à la coordination avec les Palestiniens à l’intérieur de la Palestine et partout en exil et dans la diaspora. Lors des soulèvements dans les camps en 2019, le centre a joué un rôle en soutenant les manifestations et en éduquant les gens sur leurs droits en tant que réfugiés palestiniens. Au centre, les enfants jouent un rôle majeur dans la prise de décision, travaillant pour décider de nouvelles règles et ayant leur mot à dire sur qui enseigne et fournit leurs programmes éducatifs au centre.

Jour 5

Lors de son cinquième jour au Liban, la délégation a rencontré le Parti Démocratique Populaire à Saïda dont Mohammed Hashisho, le secrétaire général, et Rita Hamdan, la coordinatrice. Le Parti Démocratique Populaire est né au sein du Parti d’action socialiste arabe, qui a été fondé en 1969 à l’initiative du Front populaire de libération de la Palestine.  Il a été activement impliqué dans la résistance palestinienne armée, à la fois dans le sud du Liban et dans l’organisation dans les villes. En tant que parti politique palestinien et libanais, ils considèrent la cause de la Palestine comme la leur et au cœur de la lutte communiste au Liban.

Le Parti et la délégation ont engagé des discussions sur une grande variété de sujets. Le Parti gère une cuisine populaire qui fournit des repas chauds gratuits à 800 personnes dans le besoin chaque jour et une clinique de santé qui dessert la communauté de la ville de Saïda. Le Parti Démocratique Populaire a partagé avec la délégation son histoire de participation active à la lutte armée contre l’Etat sioniste depuis l’intérieur du Liban. Le parti reconnaît l’importance et la nécessité d’encourager et de soutenir toutes les formes de lutte visant à la libération de la Palestine de la mer au Jourdain.

Les locaux du parti dans la ville de Saïda

Un autre des principes fondamentaux sur lesquels repose le Parti est le rejet de toute solution qui ne vise pas à décoloniser toute la Palestine, aussi se positionnent-ils catégoriquement contre les Accords d’Oslo. Ils considèrent que les Accords d’Oslo visent à empêcher la possibilité de confrontation et de résistance palestinienne à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine (Liban, Egypte, Jordanie, Syrie) tout en ouvrant la porte à l’impérialisme américain et au sionisme, utilisant la Palestine occupée comme centre d’opérations militaires et son expérience néo-libérale dans la région.

Le rôle du Parti Populaire Démocratique a été fondamental pendant la « guerre civile » libanaise dans la protection des classes populaires et de la résistance palestinienne. Ils ont historiquement travaillé en coordination avec les Palestiniens à l’intérieur de la Palestine, mais aussi avec les Palestiniens au Liban, ainsi qu’avec d’autres causes internationalistes luttant pour la libération. C’est pourquoi ils font partie d’autres projets, comme la campagne pour la libération des prisonniers cubains dans les prisons américaines ou la campagne pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah. De la même manière, ils jouent un rôle dans la formation de la Voie palestinienne alternative (Masar Badil) et de son comité local au Liban.

Le rôle de la résistance palestinienne est passé par trois étapes différentes (étant actuellement centré à l’intérieur de la Palestine et surtout à Gaza). Le Parti Populaire Démocratique concentre ses efforts sur la création des conditions objectives optimales pour consolider la résistance afin de renverser le sionisme de manière coordonnée. Le Parti a également mentionné à la délégation comme point fondamental la création d’une force arabe internationale qui rompt avec les années de normalisation avec le sionisme et entreprend une guerre sociale et économique contre l’impérialisme, dont le sionisme est le fer de lance. En ce qui concerne l’état actuel du mouvement de libération de la Palestine, le Parti croit au rétablissement de la lutte armée palestinienne à l’extérieur de la Palestine, en unité avec la résistance à l’intérieur de la Palestine. Il considère cet aspect comme crucial pour la réussite du projet qui est la libération de la Palestine de la mer au Jourdain. Le Parti a défendu cette ligne politique de manière inébranlable.

 

 

La délégation de Samidoun a également présenté son travail et ses perspectives politiques aux responsables du Parti démocratique populaire, en parlant de l’histoire de Samidoun, de sa formation, de ses membres et de ses activités de création de sections en Europe, en Palestine, en Amérique du Nord et au niveau international. Chaque pays a présenté son travail, les membres du Collectif Palestine Vaincra en France ont parlé de leur travail pour libérer Georges Abdallah et pour développer un travail d’organisation dans les quartiers populaires de la ville. Samidoun Pays-Bas a parlé de son travail pour renforcer les liens entre la lutte du peuple aux Philippines et le mouvement de libération de la Palestine ainsi que pour développer des ressources et des centres d’étude pour la Palestine. Samidoun Espagne a parlé de son travail avec la Gauche unie pour faire pression en faveur d’un soutien plus large au droit au retour des Palestiniens et à leur droit de résister, et pour la libération de la Palestine de la mer au Jourdain. Elles ont également souligné le travail au sein du Parlement européen pour défendre la Palestine et faire face à la répression anti-palestinienne en Europe, comme l’interdiction politique imposée à l’écrivain palestinien Khaled Barakat en AllemagneSamidoun Stockholm et Samidoun Malmo en Suède ont parlé de leur travail avec les groupes antifascistes et le mouvement kurde, ainsi que de leurs efforts pour reconstruire un front anti-impérialiste, qui a été particulièrement dévasté au cours des 20 dernières années.

La délégation de Samidoun avec les responsables du Parti Populaire Démocratique à Saïda.

Enfin, la délégation a discuté avec le parti de la situation de crise politique, sociale et économique dans laquelle se trouve le Liban. Leur analyse du régime libanais est qu’il s’agit d’une économie fondamentalement improductive, sans industrie ni agriculture, dépendant principalement du secteur financier. Cette situation est maintenue par l’État comprador, qui sert les intérêts de l’impérialisme américain au lieu de ceux des classes populaires et pauvres du Liban. La crise économique et politique actuelle du Liban en est un reflet clair, et les crises vont s’aggraver à moins d’un changement révolutionnaire. Pour eux, cette crise n’est ni sporadique ni accidentelle, mais s’inscrit dans une forme concrète d’organisation politique.

Le système politique libanais, héritier direct du colonialisme français, est fondamentalement basé sur la spéculation financière et la destruction du système productif national et, alors que les forces économiques néo-libérales ont entraîné le pays dans la misère, la gauche hégémonique libanaise n’a pas été capable de donner une alternative adéquate au peuple. Cette crise affecte particulièrement les Palestiniens vivant dans les camps de réfugiés au Liban, qui sont assiégés à la fois par l’armée libanaise, par les forces réactionnaires libanaises, et aussi par certains partis palestiniens, notamment l’Autorité palestinienne. Il est donc essentiel que la véritable gauche révolutionnaire libanaise soit capable de créer une alternative forte qui empêche les forces susmentionnées d’utiliser la situation de misère engendrée par la crise pour rendre la communauté palestinienne dépendante d’elles.

Le Parti entretient de bonnes relations avec toutes les organisations qui pratiquent la résistance contre le sionisme et l’impérialisme américain, à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine et du Liban. Si la libération de la Palestine est son objectif central, il la pratique parallèlement à la lutte révolutionnaire anti-confessionnelle au Liban et pour l’internationalisme prolétarien.

La délégation a également visité le mémorial du martyr Maarouf Saad, leader politique libanais assassiné à Saida, nassériste et fervent partisan de la Palestine. Saad a été assassiné en 1975 alors qu’il menait des grèves générales à Saida contre la tentative d’une société de monopoliser la pêche et de détruire l’organisation syndicale parmi les pêcheurs.

La délégation de Samidoun devant le mémorial du martyr Maarouf Saad à Saîda.

Jour 6

Le sixième jour de la délégation de Samidoun au Liban a commencé par un voyage à Maroun al-Ras, à la frontière avec la Palestine occupée. La délégation a voyagé avec des membres de la Campagne mondiale pour le retour en Palestine, une campagne internationale fondée en 2013 dont le siège est au Liban, pour défendre et promouvoir le droit inaliénable des réfugiés palestiniens à retourner dans leur patrie. Samidoun, les organisations membres et les groupes alliés, notamment le Collectif Palestine Vaincra et la Mobilisation des femmes palestiniennes d’Alkarama, ont largement participé à de nombreuses campagnes et actions de la Campagne mondiale au fil des ans.

À Maroun al-Ras, les délégués ont vu la Palestine occupée et les maisons des colons. Ce fut un moment fort en émotions pour la délégation, en particulier pour ses membres palestiniens expulsés de leur patrie et vivant en exil.

Face à la Palestine occupée.

Ensuite, la délégation a visité le parc du village d’Adaisa, dédié aux familles des martyrs qui ont été tués alors qu’ils tentaient de retourner en Palestine en traversant la frontière. La Campagne mondiale pour le retour en Palestine plante un arbre dans le parc pour chacun des martyrs, pour honorer leur mémoire et s’engager à continuer d’avancer vers le retour et la libération de la Palestine.

 

 

La délégation a ensuite visité la prison de Khiam, l’ancien centre de détention reconverti en musée pour honorer les prisonniers de la résistance libanaise emprisonnés par l’occupation israélienne. La prison de Khiam a été fondée en 1933 par le mandat colonial français au Liban avant d’être reprise par l’armée libanaise en 1943 pour devenir une base militaire. Après l’invasion sioniste de la partie sud du Liban en 1982, la prison a été reprise par « l’armée du Liban Sud » (ALS), la milice des collaborateurs de l’occupation israélienne.

En 1985, Khiam a été transformé en camp de prisonniers où des milliers de Palestiniens et de Libanais ont été détenus et brutalement torturés. Khiam est devenu connu internationalement pour les tortures sévères auxquelles les détenus ont été soumis.

Après la libération du sud du Liban en 2000, les tortionnaires de l’ALS ont suivi leurs commanditaires de l’occupation israélienne en Palestine occupée, fuyant la justice. Le centre de détention a été fermé et transformé en musée. En 2006, la majorité de la prison de Khiam a été détruite lorsque le musée a été pris pour cible par des bombardements aériens de l’armée israélienne lors de leur attaque contre le Liban, détruisant non seulement une grande partie de la prison mais aussi des preuves de crimes israéliens contre l’humanité. Les parties restantes de la prison de Khiam sont restées un musée, et des cellules de prison et de petites cages métalliques utilisées comme méthode de torture se trouvent toujours au centre.

La délégation était conduite à travers Khiam par Abu Ali, un ancien détenu qui y a passé quatre ans sous l’ALS et l’occupation israélienne. Il a parlé de son expérience et de celle de ses codétenus, et les membres de la délégation ont partagé leur travail pour libérer les prisonniers palestiniens et arabes des prisons sionistes et leurs messages de solidarité. Il a parlé de son expérience et de celle de ses codétenus, et les membres de la délégation ont partagé leur travail pour libérer les prisonniers palestiniens et arabes des prisons sionistes et leurs messages de solidarité.

 

 

La délégation a terminé la journée par une visite du site de la résistance de Mleeta. Ce musée et centre de tourisme de la résistance a été ouvert le 25 mai 2010, à l’occasion du 10e anniversaire de la libération du sud du Liban en 2000. A Mleeta, les délégués ont pu voir le musée de la résistance, comprenant des chars, des machines et des objets laissés par l’armée d’occupation israélienne, ainsi que la commémoration de l’héroïsme de la résistance et du sacrifice des martyrs pour libérer le sud du Liban.