Traduction : Collectif Palestine Vaincra
Six prisonniers palestiniens sont confrontés à une crise sanitaire de plus en plus urgente alors qu’ils poursuivent leur grève de la faim pour mettre fin à la détention administrative, un emprisonnement sans inculpation ni procès. Kayed Fasfous, Miqdad Qawasmeh et Alaa al-Araj ont tous été hospitalisés après 85, 78 et 60 jours de grève de la faim, respectivement, et ils s’engagent à poursuivre leur grève de la faim jusqu’à ce qu’ils obtiennent leur liberté. Ils sont rejoints par Hisham Abu Hawash, en grève depuis 52 jours, Rayek Bisharat depuis 47 jours et Shadi Abu Aker depuis 44 jours.
Alors que la Cour suprême israélienne a « gelé » la détention administrative de Miqdad Qawasmeh suite à la grave détérioration de sa santé après 77 jours de grève de la faim de l’étudiant palestinien. Qawasmeh est âgé de 24 ans et il a refusé de mettre fin à sa grève jusqu’à ce qu’il obtienne sa libération. Le « gel » de la détention administrative ne met pas fin à la détention administrative ; au contraire, il s’agit souvent d’une autre forme de pression pour mettre fin à la grève de la faim d’un prisonnier palestinien sans lui assurer la liberté. En fait, si la détention administrative est « gelée » pour des raisons de santé, dès que le détenu se rétablit, il est à nouveau emprisonné sans inculpation ni procès.
Dans une déclaration de l’hôpital Kaplan, Miqdad Qawasmeh a déclaré : « Je n’accepte pas la décision de geler ma détention… Je veux retourner auprès de ma famille. Je veux retourner auprès de ma famille. Je vais poursuivre la grève de la faim et je réclame mes droits », soulignant que sa grève de la faim se poursuivra. Bien qu’il puisse recevoir des visites familiales ou d’avocats, il ne peut pas être transféré ou déplacé, car en réalité, sa détention se poursuit.
Kayed Fasfous est également hospitalisé car sa santé s’est considérablement détériorée à l’approche de ses trois mois de grève de la faim. Il a été transféré à plusieurs reprises entre l’hôpital Soroka et la clinique de la prison de Ramle, ce qui a soumis son corps à un stress encore plus grand après 85 jours sans alimentation. Il a été hospitalisé alors que le tribunal militaire d’Ofer rejetait une nouvelle fois l’appel de son avocat concernant sa détention administrative.
Alaa al-Araj est également hospitalisé après 60 jours de grève de la faim ; dans son cas, le parquet militaire israélien a même refusé le « gel » de sa détention administrative. Les avocats contestent également la détention de Kayed Fasfous et de Rayek Bisharat sans inculpation ni procès. Détenu à la clinique de la prison de Ramle, l’état de santé de Bisharat se détériore également rapidement. Il a besoin d’un fauteuil roulant pour se déplacer et a perdu beaucoup de poids.
Le Comité international de la Croix-Rouge a publié une déclaration d’inquiétude concernant la vie de Fasfous et de Qawasmeh, une déclaration qui fait suite à une vaste campagne menée par des Palestiniens à l’intérieur de la Palestine ainsi qu’à des campagnes mondiales sur les réseaux sociaux implorant le CICR de prendre ses responsabilités. « Le médecin du CICR a rendu visite aux deux détenus, Kayed Nammoura (Fasfous), en grève de la faim depuis 82 jours, et Miqdad Qawasmeh, en grève de la faim depuis 75 jours. Il suit de près leur situation. Nous sommes préoccupés par les conséquences potentiellement irréversibles d’une grève de la faim aussi prolongée sur leur santé et leur vie « , a déclaré Robert Paterson, délégué du CICR pour la santé.
Manu Pineda, membre du Parlement européen et président de la délégation pour les relations avec la Palestine, a souligné son inquiétude urgente pour leur vie dans une déclaration :
« Les prisonniers en grève sont en détention administrative et ont donc été privés de leur droit à un procès équitable et libre. Je tiens donc à souligner qu’il est impératif que les autorités israéliennes mettent un terme à la pratique systématique de la détention administrative, conformément à la position de l’UE, qui s’élève « contre le recours massif par Israël à la détention administrative sans inculpation formelle » et « selon laquelle les détenus ont le droit d’être informés des charges retenues contre eux et de toute détention, doivent avoir accès à une assistance juridique et bénéficier d’un procès équitable dans un délai raisonnable ou être libérés ». À cette fin, j’exhorte le HRVP Joseph Borrell à utiliser tous les moyens diplomatiques à sa disposition pour soutenir les grévistes de la faim palestiniens. »
Qu’est-ce que la détention administrative ?
La détention administrative a été utilisée pour la première fois en Palestine par le mandat colonial britannique, puis adoptée par le régime sioniste ; elle est désormais utilisée de manière routinière pour cibler les Palestiniens, en particulier les dirigeants communautaires, les militants et les personnes influentes dans leurs villes, camps et villages.
Il y a actuellement environ 540 Palestiniens emprisonnés sans inculpation ni procès en détention administrative, sur les 4 850 prisonniers politiques palestiniens. Ces ordres sont émis par l’armée et approuvés par les tribunaux militaires sur la base de « preuves secrètes », dont les détenus palestiniens et leurs avocats n’ont pas connaissance. Délivrés pour une durée maximale de six mois, ils sont renouvelables indéfiniment. Les Palestiniens – y compris les enfants mineurs – peuvent passer des années en détention administrative sans inculpation ni procès.
Le mercredi 11 août, les Palestiniens de Gaza ont manifesté devant le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme à Gaza pour soutenir les grévistes de la faim. Ils ont demandé que les institutions internationales assument leurs responsabilités en protégeant les détenus palestiniens et en demandant aux responsables israéliens de rendre des comptes devant les tribunaux internationaux.
Qui sont les grévistes de la faim ?
- 1. Kayed Fasfous : âgé de 32 ans et originaire de Dura – al-Khalil (Hébron), il a commencé sa grève il y a 85 jours. Il est détenu ‘sans charge ni procès depuis octobre 2020, et emprisonné à la prison de Ramon.
- 2. Miqdad Qawasmeh : âgé de 24 ans et originaire d’al-Khalil (Hébron), il a commencé sa grève il y a 78 jours. Étudiant palestinien, il est emprisonné sans charge ni procès depuis janvier 2021. Il est détenu à la prison d’Ofer.
- 3. Alaa al-Araj : âgé de 34 ans et originaire de Tulkarem, il a lancé sa grève il y a 60 jours. Il est incarcéré depuis le 30 juin sans inculpation ni jugement en détention administrative et est détenu à la prison de Megiddo.
- 4. Hisham Ismail Abu Hawash : âgé de 39 ans et originaire de Dura – al-Khalil (Hébron), il est en grève de la faim depuis 52 jours. Il est emprisonné sans inculpation ni jugement depuis octobre 2020 en détention administrative. Après de multiples arrestations, il a passé huit ans dans les prisons israéliennes. Il est marié et père de quatre enfants.
- 5. Rayek Sadeq Bisharat : âgé de 44 ans et originaire de Tubas, il a commencé sa grève il y a 47 jours. Il est incarcéré sans inculpation ni jugement en détention administrative depuis juillet 2021. Il est un ancien prisonnier blessé et a passé 9 ans dans une prison israélienne. Sa main a été amputée et sa femme a été martyrisée par l’occupation israélienne.
- 6. Shadi Abu Aker : âgé de 37 ans et originaire du camp de réfugiés d’Aida à Bethléem, il est en grève de la faim depuis 44 jours pour rejeter sa détention administrative. Il est incarcéré sans inculpation ni jugement depuis octobre 2020. Marié et père de deux enfants, il est un ancien détenu qui a passé 10 ans dans une prison israélienne avant sa libération en 2012. Il a depuis été placé en détention administrative à trois reprises.
Le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun, dont est membre le Collectif Palestine Vaincra, appelle tous les partisans de la Palestine à agir pour soutenir ces six grévistes de la faim palestiniens et tous les prisonniers palestiniens qui luttent pour la liberté, pour leur propre vie et pour le peuple palestinien. Ils affrontent le système d’oppression israélien en première ligne, avec leur corps et leur vie, pour mettre fin au système de détention administrative. Développons des actions pour soutenir les grévistes de la faim et la lutte pour la libération de la Palestine de la mer au Jourdain !
Mobilisons-nous :
- Signez la pétition ! Des militants internationaux ont lancé une pétition pour soutenir les grévistes de la faim et mettre fin à la détention administrative. Montrez votre soutien en signant la pétition – signez ici : change.org/NoChargeNoTrialNoJail
- Rejoignez la campagne sur les réseaux sociaux ! Une campagne se développe autour des hashtags #SaveKayed #SaveMiqdad et #FreeThemAll. Utilisez-les et le kit de mobilisation pour publier sur Twitter et Instagram. Publiez dans toutes les langues !
- Organisez des rassemblements ou des manifestations ! Descendez dans la rue et rejoignez les actions répertoriées sur le site de Samidoun. Organisez votre propre action s’il n’y en a pas dans votre région, et envoyez-nous vos événements à [email protected].
- Boycott Israël ! En participant au boycott d’Israël, vous pouvez directement aider à mettre un frein à l’économie du colonialisme de peuplement et apporter un soutien conséquent au peuple palestinien et à sa résistance.