Trente prisonniers palestiniens emprisonnés sans accusation ni procès dans le cadre de la « détention administrative » israélienne ont entamé une grève de la faim dimanche 25 septembre pour exiger la fin de cette politique, qui emprisonne actuellement plus de 740 prisonniers palestiniens en vertu de « preuves secrètes ». Parmi eux, des leaders communautaires comme Nidal Abu Aker et Ghassan Zawahreh, qui ont passé des années en détention administrative, l’avocat franco-palestinien et défenseur des droits de l’homme Salah Hamouri, des organisateurs étudiants comme Ziad Qaddoumi, et bien d’autres.
Les prisonniers palestiniens ont annoncé leur grève de la faim sous le slogan « Notre décision est la liberté », précisant qu’ils avaient rejeté une demande des autorités israéliennes de reporter leur action à mercredi. Les grévistes de la faim ont été accueillis par une solidarité importante de la part de nombreuses personnes dans le monde, notamment par des tweets de célébrités comme l’acteur Mark Ruffalo connu notamment pour son rôle de Hulk. Leila Khaled, célèbre résistante palestinienne, a annoncé qu’elle faisait une grève de la faim en soutien aux grévistes en affirmant : « Vous êtes en première ligne pour affronter cet ennemi fasciste criminel. Avec votre grève, vous allez arracher votre liberté et la liberté de votre peuple. Gloire à vous ! »
Des institutions de prisonniers palestiniens et des membres des familles des grévistes de la faim, dont la Société des prisonniers palestiniens et l’association Addameer de soutien aux prisonniers et de défense des droits de l’homme, ont lu un message des grévistes de la faim lors d’une conférence de presse devant la prison militaire d’Ofer, où sont détenus de nombreux prisonniers administratifs :
Les êtres de cette terre méritent la vie, et aux ennemis de l’humanité, nous disons sur cette terre que cela vaut la peine de se battre pour que nous puissions vivre. Dans le cadre de notre lutte continue, nous entamons aujourd’hui une grève de la faim ouverte. Notre revendication est : de l’air pur, un ciel sans barreaux, un espace de liberté, et une réunion de famille autour de la table. L’exigence de l’occupation est de nous séparer de notre réalité sociale et de notre rôle national et humanitaire, et de nous transformer en fragments secs. Entre notre demande et la leur, l’occupant mène l’odieuse politique de la détention administrative.
Nous sommes les fils de la terre, les héritiers d’Abou Ammar, d’al-Hakim, d’al-Yassin, d’al-Shiqaqi et d’al-Qassim, et les héritiers de tous les martyrs. Partout où nous trouvons cet espace de lutte, nous nous frayons un chemin et levons l’épée, en réalisant ce qui nous attend : la répression, les abus, l’isolement, la confiscation de nos vêtements et des photos de nos enfants, le fait d’être jetés dans des cellules en ciment dépourvues de tout sauf de nos corps et de notre douleur, les fouilles constantes, les transferts continus, pas de cigarettes, pas de bouteilles d’eau, nous pouvons à peine prendre une bouffée d’air. Et pourtant, malgré ce meurtre lent, nous annonçons notre cri. Rejeter l’injustice et lutter contre elle est une nourriture pour nos âmes qui volent dans le ciel de la patrie. Par cette lutte, et avec le soutien de notre peuple résistant, nous créerons un lendemain radieux.
Vous, qui êtes enracinés dans la terre, alors que nous quittons les salles de prison pour les cellules et les quartiers d’isolement, nous vous présentons nos excuses et nos remerciements, nos excuses à nos mères, pères, épouses, enfants et proches pour la douleur qui vous accompagne tout au long des jours de grève. Nous vous disons : Notre victoire réside dans votre sourire, et nos excuses à tous ceux qui seront lésés pour leur solidarité par la brutalité et la barbarie de l’occupation. Nous adressons nos remerciements à toutes les forces qui travaillent pour nous soutenir et obtenir notre victoire.
Les personnes libres partout dans le monde, en menant cette bataille contre la détention administrative, qui, nous l’espérons, se poursuivra avec l’adhésion de tous les détenus administratifs, est un maillon important de la chaîne de lutte pour mettre fin à ce crime odieux. Cette lutte est portée sur les épaules d’un groupe de combattants qui ont accepté d’élever leur voix contre l’injustice et les crimes de l’occupation. Sur la voie de la fin de cette politique arbitraire, nous renouvelons notre morale révolutionnaire palestinienne, que les forces de l’oppression n’ont pas été capables de neutraliser ou de confisquer. La volonté rend possible l’impossible, et avec la volonté de notre peuple, nous gagnerons.
Le réseau international Samidoun et le Collectif Palestine Vaincra soutiennent les grévistes de la faim et appellent à développer la solidarité internationale pour la libération de tous les prisonniers palestiniens, depuis les geôles sionistes jusqu’à Georges Abdallah injustement détenu en France depuis 1984. Samedi 22 octobre dès 14H à Lannemezan, soyons nombreux pour exiger la libération de tous les prisonniers de la cause palestinienne, de Palestine occupée à la France en passant par l’Arabie Saoudite et les États-Unis.