Munther Khalaf Mufleh est un prisonnier politique palestinien, membre du comité central du Front populaire de libération de la Palestine. Il est directeur du Centre Handala pour les questions du mouvement des prisonniers et porte-parole de la branche du FPLP dans les prisons.
Écrivain et journaliste palestinien, il est officiellement membre du Syndicat des journalistes palestiniens – alors qu’il est en détention – en reconnaissance de son importante activité.
Les détenus administratifs poursuivent leur grève de la faim et leur combat contre la détention administrative avec le slogan : « Oser lutter, oser vaincre », brandissant la bannière de la victoire comme premier objectif de leur héroïque combat.
Il ne s’agit pas seulement d’une bataille contre l’assujettissement aux seuls officiers des services de renseignements sionistes et aux officiers militaires de l’État d’occupation sioniste. Au contraire, elle porte dans son contenu la même vision et le même slogan soulevés par les combattants vietnamiens dans leur révolution : « Oser lutter, oser vaincre ».
Elle comporte des implications qui signifient, premièrement, affronter et résister à l’occupation, rejeter ses mesures répressives, délégitimer ses revendications et démanteler son faux système de valeurs.
Il s’agit d’une confrontation générale entre deux cadres, l’un qui recherche la justice, la liberté, l’égalité humaine et la véritable démocratie, représentée et revendiquée par les prisonniers, et l’autre un système de discrimination raciale entre les êtres humains sur la base de leur appartenance ethnique.
Dans ce système, « les juifs » sont la catégorie qui a droit à l’oppression, au meurtre et à la domination au nom de leur supériorité ethnique fondée sur l’appartenance religieuse, représentée par « l’État juif », selon les lois de ce même État.
Ces lois, lorsque cet Etat veut exercer son autorité par l’oppression d’un autre peuple, comprennent tout un régime de lois régressives et corrompues, dont les lois d’urgence coloniales britanniques qui durent depuis l’époque du Mandat et la loi d’urgence jordanienne depuis avant 1967, pendant son contrôle de la Palestine, ainsi qu’une foultitude d’arrêtés militaires émis par des officiers et des soldats sionistes, et la légalisation de décisions par des tribunaux militaires qui agissent selon leur propre système juridique.
Au milieu de tout cela, les prisonniers sont soumis à encore plus de lois et d’institutions pour la détention, avec des prisonniers emprisonnés arbitrairement dans des camps sans accusation ni procès.
Les prisonniers sont à l’écart même de la loi civile et criminelle sioniste et des mandats de l’entité, dans le sens où leurs droits humains et fondamentaux étant confisqués, ils ne sont pas reconnus comme prisonniers politiques et combattants de la liberté, et ils sont même soumis à un autre niveau de répression raciste dans ces prisons et institutions entre eux et les autres prisonniers, selon le système de lois de cette entité-état coloniale.
La bataille de la grève de la faim des détenus administratifs expose dans sa nature la fausseté du système judiciaire sioniste, qui se veut une loi avec une division nette : celle des maîtres, et celle des assujettis et des esclaves.
Le maître est représenté par les juges du tribunal qui souhaitent les punir et les maintenir en prison, reflétant ainsi les objectifs des officiers militaires et des agents de renseignement de l’occupation.
La détention administrative est une pratique explicitement violente, représentant l’objectif des officiers de l’occupation d’effacer et d’éliminer les détenus physiquement, matériellement et moralement en les empêchant de mener une vie et une existence normales dans leurs communautés, dans leurs familles et leurs maisons, et en les excluant et en les isolant dans des prisons et des camps pendant des dizaines d’années, sans aucune charge.
La détention administrative fait partie du système d’apartheid sioniste et, plus dangereusement encore, de la pratique de nettoyage ethnique, culturel et politique du mouvement et de l’État sionistes contre le peuple palestinien.
Le génocide est une pratique qui s’étend à la destruction délibérée d’une société, de sa culture et de son environnement, en tout ou en partie.
Dans ce contexte, le régime colonial a émis des dizaines, voire des centaines de milliers d’ordres de détention administrative contre des Palestiniens, notamment des enfants palestiniens, les privant de leur vie, de leur éducation et de leur avenir et voulant détruire la société et tous ses liens.
Il a placé en détention administrative des personnes âgées, des médecins, des ingénieurs, des professeurs, des étudiants, des professionnels, des travailleurs, des hommes d’affaires, etc., et un grand nombre d’élus, de directeurs d’institutions et d’organisations communautaires, hommes et femmes, simplement pour avoir exercé leur rôle professionnel ou politique.
Ainsi, la détention administrative est un crime de guerre, et un crime de nettoyage ethnique systématique et tranquille, adopté par le régime colonial pour démanteler le peuple palestinien, éliminer sa société, contrôler son environnement, et démolir sa culture et ses institutions.
La bataille de la grève de la faim des détenus administratifs n’est pas seulement une bataille pour s’opposer à ces mesures de l’occupation ou pour obtenir des revendications spécifiques, bien qu’elle porte ces revendications.
Il s’agit, en fait, d’une bataille plus complète et plus large que les revendications. La grève est un message au monde, un rappel que des crimes sont commis contre le peuple palestinien, et que malgré le silence, « ils frappent sur les parois du char » [une référence à l’ouvrage de Ghassan Kanafani : Men in the Sun].
Par conséquent, cette bataille porte dans son contenu le fer de lance ou le pont vers une confrontation plus générale, plus globale, entre l’occupation et le peuple palestinien, entre le colonisateur et le colonisé.
La bataille de la grève de la faim est une tentative de « placer les os des prisonniers dans les roues » et d’arrêter les jeeps militaires de l’occupation, de rassembler les corps sous les chenilles des véhicules blindés de l’occupation pour arrêter les crimes de l’occupation contre le peuple palestinien, contre le monde et ses institutions internationales, contre le droit international et les valeurs humanitaires.
L’occupation et la colonisation sont en soi le crime principal, la base de la pratique de tous les autres crimes en Palestine occupée, la « grande prison ». Les types de crimes les plus odieux sont pratiqués à l’intérieur des prisons, des centres de détention et des camps, et il s’agit d’une bataille nationale palestinienne et arabe, indépendamment de qui la mène.
La bataille des 30 détenus est la bataille de la Palestine et du peuple palestinien, et le peuple peut se joindre à cette victoire en soutenant cette bataille et en se tenant aux côtés des prisonniers par tous les moyens possibles.
La bataille des 30 prisonniers est la bataille de l’humanité contre l’injustice, la subjugation et l’oppression. Que toutes les nations, les peuples, les forces, les partis et les institutions épris de justice et de paix se joignent à cette victoire !
La bataille ici ne se limite pas seulement à ses revendications et ne se résout pas seulement par la satisfaction de ces revendications, mais elle lève le drapeau des grévistes, qui osent lutter pour les valeurs humaines et les valeurs de justice, de dignité et de libération.
Traduction : Chronique de Palestine