Le prisonnier palestinien et combattant de la liberté Nasser Abu Hmeid s’est élevé en martyr, dans la matinée du mardi 20 décembre 2022, après être tombé dans le coma. Il devient ainsi le dernier symbole des ravages causés par la politique de négligence médicale de l’occupation sioniste. Âgé de 50 ans et originaire du camp de réfugiés d’Al-Amari, Nasser Abu Hmeid est décédé à l’hôpital Assaf Harofeh, après s’être vu refuser à plusieurs reprises sa libération et son retour auprès de sa famille, même après le diagnostic de son cancer en phase terminale et la grave détérioration de sa santé.
Dans toute la Cisjordanie, les habitant·es sont descendus dans les rues, pour des manifestations massives et ont refusé de travailler, appelant à une grève générale en signe d’indignation face au martyr de Nasser Abu Hmeid causé par la politique de mort lente. L’Association des Avocat·es palestinien·nes a annoncé qu’aucun·e avocat·e ne travaillerait aujourd’hui, tandis que l’Université de Birzeit a annoncé la fermeture du campus en hommage à Nasser Abu Hmeid pour permettre et soutenir la participation des étudiant·es aux manifestations, aux tentes de deuil et aux actions dénonçant la politique de négligence médicale et exigeant la libération de tous·tes les prisonnier·es palestinien·nes.
Dans la bande de Gaza, un deuil de trois jours a été déclaré par les forces nationales et islamiques. Les organisations de résistance et les factions palestiniennes ont appelé à l’action et à la confrontation face à ce crime pour lequel elles tiennent l’occupation responsable. À l’intérieur des prisons sionistes, le mouvement des prisonnier·es a également déclaré trois jours de deuil, affirmant que les prisonnier·es palestinien·nes refuseraient leurs repas pour les trois prochains jours en l’honneur d’Abu Hmeid.
Le réseau international de solidarité avec les prisonnier·es palestinien·nes, Samidoun, salue la mémoire du prisonnier martyr Nasser Abu Hmeid et présente ses condoléances à sa famille et à ses compagnons de lutte ainsi qu’au peuple palestinien dans son ensemble pour ce dernier crime de l’occupation sioniste. L’occupation est responsable du martyr de Nasser Abu Hmeid. Il est le 233e prisonnier palestinien dont la vie a été arrachée à l’intérieur des prisons de l’occupation, dont au moins 74 sont tombés en raison de la politique de négligence médicale. Nasser Abu Hmeid et sa famille ont lancé un appel au peuple, un appel auquel nous répondons : descendez dans la rue, affrontez l’occupant, soutenez la cause des prisonnier·es et la lutte pour la libération de la Palestine.
Il y a actuellement 60 prisonniers palestiniens atteints de maladies graves comme le cancer, dont Walid Daqqa, éminent leader et penseur palestinien. Un diagnostic de myélofibrose lui a été remis, après une longue période d’incertitude et de retard. Par ailleurs, plus de 600 prisonnier·es palestinien·nes – sur plus de 4 750 détenu·es dans les prisons de l’occupation – sont diagnostiqué·es avec une forme de maladie grave ou dégénérative.
La mort de Nasser Abu Hmeid met également en lumière un autre crime de l’occupation : l’emprisonnement des corps des martyr·es palestinien·nes. Des “cimetières des nombres” aux corps des martyrs actuellement détenus dans les morgues de l’occupation, c’est une véritable punition collective contre toute la famille et le peuple palestinien. Les familles font campagne depuis des années pour la libération des corps de leurs proches. Aujourd’hui, la famille Abu Hmeid a initié un sit-in à l’entrée du camp d’Al-Amari pour exiger le retour du corps de Nasser ainsi que ceux de tous·tes les martyr·es emprisonné·es. La famille a déclaré qu’elle ne recevrait pas de condoléances pour sa mort tant que son corps et celui de tous·tes les martyr·es ne seraient pas rendus à sa famille pour un enterrement correct.
Combattant du mouvement Fatah, Nasser Abu Hmeid est né le 5 octobre 1972 dans le camp de réfugié·es de Nuseirat à Gaza, dans une famille palestinienne déplacées du village d’al-Sawafir, chassée de son foyer lors de la Nakba en 1948. Il a passé un total de 33 ans dans les prisons de l’occupation et était un combattant et un leader de la grande Intifada populaire de 1987, puis de l’Intifada Al-Aqsa au début des années 2000. Il a été arrêté pour la première fois à l’âge de 12 ans, a été gravement blessé par l’occupation (notamment par balles) à de multiples reprises.
Leader au sein des brigades du Fatah menant la lutte armée, il a été arrêté pour la dernière fois en 2002 et condamné à 7 peines de prison à vie plus 50 ans de prison. Quatre de ses frères sont également incarcérés dans les prisons sionistes : Nasr, Mohammed, Sharif et Islam. Tous ses frères ont passé un certain temps dans les prisons de l’occupation, et son frère Abdel-Moneim s’est élevé en martyr en résistant. La maison de la famille Abu Hmeid a été démolie cinq fois, et la mère de Nasser est devenue un symbole des familles des prisonnier·es et de leur fermeté. En 2021, on lui a diagnostiqué un cancer du poumon. Depuis lors, sa libération lui a été refusée à de multiples reprises malgré la grave détérioration de son état de santé.
Après le diagnostic de la tumeur dans ses poumons en août 2021, il a été renvoyé à la prison d’Ashkelon et soumis à de nouveaux retards de traitement. Il n’a reçu une chimiothérapie qu’après que le cancer se soit déjà propagé dans tout son corps. En septembre, l’hôpital Assaf Harofeh avait recommandé qu’il soit libéré alors qu’il vivait ses derniers jours. Finalement, il a été renvoyé à la tristement célèbre clinique de la prison de Ramle et emprisonné jusqu’au son dernier souffle.
Le mouvement des prisonnier·es palestinien·nes a publié une déclaration :
“Notre martyr, le leader Nasser Abu Hmeid, a émergé des bras d’une famille de résistants en lutte, qui n’a pas attendu un jour pour offrir son sang et son énergie pour libérer notre patrie de la destruction de l’occupant brutal et criminel, qui craint toujours Nasser même après son martyr et n’a pas osé libérer son corps après que son âme ait été libérée de l’oppression du geôlier… Nous disons adieu à notre bien aimé Nasser, connu dans les rues de la patrie comme un combattant et un résistant, qui s’est élevé en martyr à la suite de la politique de négligence médicale et de son emprisonnement continu sans libération. Le temps est maintenant venu de libérer nos enfants de la captivité aux mains d’un ennemi criminel pratiquant toutes sortes de tortures et de négligences médicales contre nos enfants… Cette politique d’assassinat systématique n’a pas affaibli et n’affaiblira pas un seul jour notre détermination, et nous n’arrêterons pas notre résistance à l’intérieur et à l’extérieur des prisons sionistes. Au contraire cela augmente notre certitude quant à la justesse de la méthode et de notre objectif.”
Malgré la gravité de sa maladie et la douleur de ses souffrances, Nasser Abu Hmeid a refusé de se soumettre à l’occupation. Il a refusé que ses avocats soumettent une demande de grâce au commandant militaire de l’occupation sioniste, déclarant que l’occupant n’avait aucun droit ni aucune légitimité pour gracier les occupé·es qui résistent et cherchent à se libérer.
Le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun souligne l’entière responsabilité de l’occupation et de ses bailleurs de fonds, dont les États-Unis, le Canada, le gouvernement britannique et les gouvernements européens, dans ces crimes permanents et systématiques contre le peuple palestinien et les prisonnier·es palestinien·nes, dont la politique de mort lente et de négligence médicale qui a enlevé la vie à Nasser Abu Hmeid. Sa vie de lutte, son refus d’enfreindre ses principes, même dans les circonstances les plus graves, et son appel à soutenir le mouvement des prisonnier·es palestinien·nes doivent nous inciter à redoubler d’efforts pour obtenir la libération de tous·tes les prisonnier·es palestinien·nes et de toute la Palestine de la mer au Jourdain.
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