Jeudi 26 janvier, la mairie de Gennevilliers accueillait une rencontre avec l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri et sa femme Elsa Lefort organisée par l’antenne locale de l’AFPS, le comité France Palestine de Gennevilliers et la municipalité.
Dans cet imposant hôtel de ville, qui avait réservé un bel auditorium pour l’événement, environ 80 personnes étaient réunies pour l’accueillir chaleureusement et rendre visible le soutien que la ville de Gennevilliers lui a apporté tout au long de ses différentes détentions.
Salah Hamouri a commencé son intervention en racontant les détails de son arrestation et de son incarcération, à Ofer dans une cellule où étaient également détenus deux hommes âgés de plus de 75 ans. Il est revenu sur la grève de la faim collective et le boycott massif des tribunaux militaires à laquelle il a participé aux côtés de plusieurs autres détenus administratifs. Il a aussi évoqué le sort des 150 enfants et adolescents palestiniens enfermés dans les geôles sionistes et a rendu hommage aux martyrs du mouvement des prisonniers, ces detenu·es décédé·es des suites de la négligence médicale intentionnelle mise en œuvre dans les prisons coloniales.
“Salah a dû endurer tout cela malgré le fait qu’il soit soutenu par plusieurs organisations françaises et que les médias aient parlé de son cas tout au long de sa détention. Imaginez ce que subissent les prisonniers anonymes” a souligné Elsa Lefort
L’importance d’un soutien sans failles aux 4700 prisonniers palestiniens a été rappelée, et nous savons à Samidoun qu’il est plus que nécessaire de visibiliser la cause et de porter la voix de ces détenus qui sont aux premières lignes du combat pour la libération nationale et font face avec courage à la répression féroce de l’État colonial.
Après la prise de parole, le traditionnel temps d’échange avec le public s’est montré riches en questionnements de toutes sortes, et de témoignages de soutiens à Salah et sa famille.
Ainsi parmi les questions posées, on a pu entendre : “comment définirais-tu ton identité palestinienne, c’est quoi pour toi être palestinien ?”, ce à quoi, après un rire collectif devant le défi de cette question, Salah Hamouri répondra : “mon identité palestinienne trouve son sens dans mon engagement dans la lutte pour mon peuple, pour l’indépendance, pour moi, c’est ça être palestinien”. Ou encore cette question sur la pertinence d’Oslo et son avis sur l’Autorité Palestinienne à laquelle il rappellera que “Oslo était un piège, et les Palestiniens n’ont rien tiré de ces accords” et que “le bilan de l’administration palestinienne est négatif, un changement doit s’opérer.”
La rencontre se terminera sur plusieurs questions sur la forme que doit prendre la solidarité en France, sur le soutien concret que nous pouvons apporter ici au peuple palestinien. Plusieurs pistes de solidarité ont été évoquées : l’intensification du boycott des entreprises ayant des intérêts liés au colonialisme (comme Puma, HP, Teva, etc). Ou encore les jumelages avec des villes, villages et camp de réfugiés, et les déplacements en mission de solidarité qui permettent de rencontrer les acteurs de la société civile et de constater la situation sur place. S’engager collectivement en soutien à la résistance palestinienne permet également de s’impliquer concrètement dans le développement du soutien ici, dans nos villes, nos quartiers, notre lieu de travail, nos facs pour dénoncer notre gouvernement qui est un soutien actif et historique de l’État colonial.
À plusieurs reprises, il a été rappelé l’importance stratégique de faire front ensemble face à un ennemi puissant et au développement de la criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine. Une unité qui pour Salah Hamouri est vitale et doit aussi se renforcer au sein du peuple palestinien. À ses yeux, il est nécessaire de réunir les Palestiniens de la diaspora et ceux vivant sur la terre de Palestine dans un projet de libération qui ne transige sur aucun des droits réclamés par les Palestiniens : la résistance, la libération et le retour. “Les événements de ces derniers mois, dont le massacre qui a eu lieu à Jénine hier, montrent que nous sommes face à une situation catastrophique qui va amener à un déclenchement décisif, massif, centré autour de Jérusalem” a-t-il affirmé pour conclure.