Le 21 mars, les Palestiniens et les Arabes célèbrent la fête des mères, honorant ainsi les nombreuses contributions des mères à la vie de leurs enfants et à la société dans son ensemble. En Palestine, en exil et dans la diaspora, les mères sont toutefois confrontées à des défis particuliers et à des formes d’oppression de la part du régime sioniste, allant de l’emprisonnement à la destruction de leurs maisons, en passant par la confiscation de leurs terres et la détention des corps de leurs enfants martyrs. Néanmoins, les mères palestiniennes restent en première ligne de la lutte pour leur libération, celle de leurs enfants et de toute la Palestine de la mer au Jourdain.
Le jour de la fête des mères, les mères des martyrs se sont rassemblées à Ramallah pour demander la libération des corps de leurs enfants détenus par l’occupation. Cette manifestation a eu lieu quelques jours après le lancement de la Campagne internationale pour la libération des corps des martyrs palestiniens, soutenue par plus de 180 organisations, comprenant des événements et des actions dans de nombreuses villes ainsi que cinq webinaires mettant en lumière les témoignages et les expériences des familles des martyrs.
Les mères des martyrs ont lu une déclaration dans laquelle elles déclarent : “La mère palestinienne est la mère qui souhaite un enterrement digne pour son fils martyr. Elle creuse de ses mains une tombe ouverte qu’elle visite tous les jours, partageant avec lui son désir, alors qu’on lui refuse même de connaître le sort de son fils, qu’il s’agisse d’un martyr ou d’un prisonnier kidnappé. Nous sommes soudain devenues des mères de martyrs, sans préparation. Nous menons une bataille féroce pour enterrer nos enfants, debout sur les places, en criant, en scandant, en écrivant des déclarations et des textes… C’est un cri légitime que nous lançons à l’occupation qui ne veut pas entendre, au monde qui fait deux poids deux mesures, et à la direction politique palestinienne, aux factions, aux organisations, aux mouvements et aux syndicats”.
Sur les 29 femmes palestiniennes détenues dans les prisons de l’occupation israélienne, cinq sont des mères. En ce jour de fête des mères, elles sont privées, comme chaque année, de l’étreinte de leurs enfants et de leurs proches. Bien entendu, cette fête des mères intervient également quelques jours avant que plus de 2 000 prisonniers entament une grève de la faim collective, la “Bataille de la liberté ou du martyre”. Les mères emprisonnées sont
- Israa Jaabis, mère de l’enfant Muatassem, qui purge une peine de 11 ans de prison. Elle est gravement blessée et souffre de brûlures sur tout le corps. Elle continue à avoir besoin d’opérations chirurgicales intensives qui lui sont refusées par l’occupation dans le cadre de sa politique systématique de négligence et d’abus médicaux.
- Fadwa Hamadeh, condamnée à 11 ans dans les prisons de l’occupation, est mère de cinq enfants : Hamada (12 ans), Sadeen (11 ans), Mohammed (9 ans), Adam (8 ans) et Maryam (6 ans).
- Amani al-Hashim, condamnée à 10 ans de prison, est mère de deux enfants. Elle a été abattue par les forces d’occupation au poste de contrôle de Qalandiya en 2016 et est détenue depuis lors.
- Etaf Jaradat est la mère de deux fils qui sont également emprisonnés par l’occupation, Omar et Ghaith. Originaire de la ville de Silat al-Harthiyeh, sa maison a été démolie après l’arrestation de ses fils, accusés de participer à la résistance armée palestinienne en 2022.
- Yasmine Shaaban, mère de quatre enfants, célèbre cette année la fête des mères avec une douleur supplémentaire, en raison de la mort de son père quelques jours plus tôt, alors qu’il attendait sa libération. Détenue depuis mars 2022, elle a été arrêtée pendant cinq ans sans interruption et a été de nouveau arrêtée quelques mois seulement après sa libération.
Dans de nombreux cas, les mères emprisonnées se voient refuser des visites familiales, tout comme les mères en dehors de la prison se voient refuser des visites à leurs enfants emprisonnés, en tant que mécanisme de punition collective. Beaucoup de ces visites doivent avoir lieu à travers une vitre, sans possibilité de toucher ou d’embrasser leurs proches.
Toutes les prisonnières ont adressé un message aux mères du peuple palestinien à l’occasion de la fête des mères, rédigé par Yasmine Shaaban (ci-dessous) :
Voici une nouvelle année et un nouveau mois de mars, qui passe dans notre patrie et apporte avec lui les pleurs de nos mères et les douleurs de nos corps. Ce n’est pas une coïncidence si le mois de mars correspond à la fête des mères, à la journée de la femme, à la journée de la terre et à la saison du printemps, qui ramène le jour et la nuit à une durée égale, et si notre douleur est un symbole de la vie dans une patrie qui tisse les fils de l’aube en boucliers pour protéger nos poitrines d’un ennemi implacable et arrogant.
À nos mères, qui ont illuminé la lumière de nos vies par leur patience, à celles qui nous donnent la force des battements de leur cœur, à celles qui ont déclenché une révolution en nous, à celles qui nous ont appris à vivre comme des oliviers plantés dans une terre aride, à étendre nos racines dans les profondeurs de la terre, à rechercher la liberté de notre patrie qui représente toutes les patries.
Ce jour-là, chaque année, le monde célèbre la fête des mères pour que chacun puisse exprimer ses sentiments à l’égard de sa mère. En ce qui concerne notre patrie bien-aimée, nous exprimons ce jour à nos mères à notre manière, comme à chaque occasion, et depuis nos petites cellules, nous dessinons et traçons notre chemin avec le sang des martyrs, les douleurs des prisonniers et les souffrances sans fin de notre peuple.
À nos mères, à nos enfants, vous nous manquez comme la terre aspire à des gouttes de pluie, vous nous manquez comme les expressions d’un amant dont les ailes débordent d’amour, de passion, d’appréciation et de révérence.
À toute la Palestine, à ceux qui défient les murs de la prison et affrontent le geôlier, qui font de leur souffrance un phare lumineux pour les guider, chaque année, nos salutations aux mères du monde et aux mères de Palestine, et cette année, comme chaque année, nous approchons de notre libération.