Avant-première du film “Alam” à Montreuil : la résistance de la jeunesse palestinienne sur grand écran

Mardi 29 août au cinéma Le Méliès à Montreuil, une avant-première du film “Alam” était organisée en présence du réalisateur palestinien Firas Khoury. Partenaires de l’événement, Samidoun Paris Banlieue a tenu un stand et pris la parole avant la projection pour informer sur la situation des étudiant·es palestinien·nes et la répression à laquelle ils font face. Nous reproduisons ci-dessous des extraits de notre intervention et des échanges avec les personnes sur le stand.

La jeunesse palestinienne joue un rôle central dans la résistance à la colonisation, et ses organisations ont toujours été des composantes essentielles de la lutte de libération nationale. Créée en 1959, la GUPS (Union Générale des Étudiants Palestiniens), qui s’est fortement développée dans les années 1970, a été un formidable incubateur politique et a produit de nombreux cadres, dirigeants et militants pour le mouvement national palestinien. Elle a joué un rôle important lors de l’invasion du sud Liban en 1982, où elle a notamment appelé ses membres à résister, à défendre les camps de réfugiés palestiniens et à s’opposer aux forces réactionnaires et leurs alliés impérialistes.

Aujourd’hui, la jeunesse palestinienne est confrontée aux conséquences sinistres des accords d’Oslo. La majorité de la Palestine spoliée en 1948 n’a jamais suffi, et la Cisjordanie est colonisée chaque jour un peu plus avec la collaboration de l’Autorité Palestinienne qui agit comme un supplétif de l’État colonial en poursuivant et arrêtant les résistants qui défendent leur peuple et leur terre.

En Palestine de 48, en Cisjordanie, à Gaza et dans la diaspora, la jeunesse palestinienne est en première ligne et résiste avec courage à la colonisation et aux forces d’occupation. Comme le montre le film Alam, la jeunesse de 48 affirme au quotidien son lien avec le reste du peuple palestinien dans le cadre de différentes mobilisations, comme nous avons pu le voir en mai 2021 où plusieurs villes se sont soulevées dans toute la Palestine ainsi que dans les camps de réfugiés du Liban, de Syrie et de Jordanie comme dans l’exil et dans la diaspora.

Détenue dans les prisons coloniales depuis le 3 avril 2016, une jeune femme représente ce combat de la jeunesse palestinienne de 48 : Shatela Abu Ayad. Arrêtée après avoir attaqué un colon et tenue tête à plusieurs d’entre eux qui voulaient la maitriser, elle a refusé à plusieurs reprises que son affaire soit jugée par un tribunal civil. Lors de ses différents procès, elle a exprimé sa solidarité avec ses sœurs palestiniennes de Cisjordanie et de Gaza, a revendiqué son acte en indiquant qu’il était une expression de l’unité de la résistance du peuple palestinien, et a refusé tout traitement différentiel. En réaction à cette détermination, les tribunaux de l’occupation l’ont condamné à 16 ans de prison et à 100 000 shekels d’amende. Parmi les prisonnières actuelles, c’est la prisonnière qui a été condamnée à la peine la plus lourde. Combattant de la liberté et écrivain emprisonné depuis 1987 et gravement malade, Walid Daqqah est également une figure importante de la résistance des Palestiniens de 48.

En Cisjordanie, l’université de Birzeit joue un rôle particulier dans la résistance et la mobilisation de la jeunesse palestinienne. C’est le principal campus palestinien et un lieu de politisation important, car l’ensemble du champ politique palestinien est représenté à travers les différentes organisations étudiantes. L’État colonial criminalise ces organisations en les accusant de “terrorisme” ou “d’activités illégales”. Participer à une réunion, un rassemblement ou même à des activités culturelles peut entrainer une arrestation. Chaque année, des centaines d’étudiants palestiniens sont arrêtés par les forces d’occupation. L’Autorité Palestinienne joue un rôle important dans la répression du mouvement étudiant en arrêtant régulièrement des militants ou des sympathisants des différentes organisations présentes dans les universités de Birzeit et d’An Najah.

Dans la diaspora, la jeunesse palestinienne est également en première ligne dans la lutte de libération nationale. En effet, en Allemagne, nos camarades de Samidoun subissent une répression acharnée de la part de l’État fédéral en interdisant leurs manifestations et en lançant des procédures judiciaires contre eux. Cet acharnement est une tentative de museler l’expression de la jeunesse palestinienne dans la diaspora qui affiche clairement son soutien total à la résistance menée dans toute la Palestine historique. En refusant de céder aux pressions et en imposant son propre agenda, elle revendique son droit de soutenir la résistance sous toute ses formes pour la libération de la Palestine de la mer au Jourdain et le retour des réfugiés. D’autres organisations importantes et historiques de la jeunesse de la diaspora existent et mènent le combat de l’autre côté de l’Atlantique comme Within Our Lifetime, Palestinian Feminist Collective et le Palestinian Youth Movement. Toutes ces organisations sont des outils de politisations importants de la jeunesse palestinienne.

Nous avons également attiré l’attention sur la situation de différents prisonniers comme Walid Daqqah, qui est gravement malade et dont les demandes de libération ont été refusées de manière répétée par les autorités coloniales. Walid Daqqah est aujourd’hui dans un état critique qui nécessite une prise en charge et des soins appropriés hors des prisons de l’occupation. Sa famille et ses soutiens ont lancé une campagne pour exiger sa libération immédiate.

Parallèlement à ces différentes campagnes, nous avons aussi informé les visiteurs du stand sur la grève de la faim lancée par plusieurs détenus, dont un certain nombre en détention administrative, et notamment le cas du leader palestinien Maher Al Akhras. Lors de sa dernière détention, ce dernier avait arraché sa libération à la suite d’une grève de la faim de 103 jours et avait été soutenu dans le monde entier.

Nous remercions chaleureusement l’équipe du film pour leur invitation à cette avant-première, et invitons tout le monde à aller voir ce film magnifique, rempli de poésie et qui porte un message anticolonialiste clair et pour lequel nous avons eu un faible pour la bande originale !

Nous organisons ou participons régulièrement à des activités en soutien au peuple palestinien et à sa résistance en région parisienne. Pour nous rejoindre et y participer, n’hésitez pas à nous contacter sur nos réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter) ou par mail à parisbanlieue@samidoun.net