Le prisonnier politique palestinien Kayed Fasfous est en grève de la faim depuis 61 jours dans les prisons de l’occupation contre sa détention administrative, son emprisonnement sans inculpation ni procès. Âgé de 34 ans, il est entré dans son troisième mois de grève de la faim le 1er octobre 2023. Lundi 2 octobre, un tribunal militaire de l’occupation israélienne doit entendre un autre appel de Fasfous contre son emprisonnement arbitraire.
Originaire de la ville de Dura près d’al-Khalil, il est marié et père d’une fille, Jawan. Il a déjà obtenu sa libération de la détention administrative en 2021 lors d’une grève de la faim de 131 jours qui a attiré l’attention du monde entier, en particulier après qu’il a été transféré dans un hôpital civil et a reçu des visites de journalistes et de sa famille, qui ont pris des photos et des vidéos illustrant son état émacié. (avant d’être emprisonné, Fasfous était un culturiste).
La santé de Fasfous s’est considérablement détériorée au cours des dernières semaines de sa grève, et il a été transféré à la clinique de la prison de Ramle. Il s’est vu refuser à plusieurs reprises son transfert vers un hôpital civil, où il pourrait être vu et où son cas pourrait être rendu public en dehors des limites du système carcéral colonial. Depuis qu’il a entamé sa grève de la faim, Fasfous a été soumis à des mécanismes systématiques de coercition et de répression assimilables à de la torture. Il a notamment été isolé dans des conditions difficiles à la prison d’Al-Naqab, a subi des fouilles répétées de sa cellule et a été privé de matelas pendant une longue période. Il a ensuite été transféré en isolement dans la prison d’Ashkelon et maintenant dans la tristement célèbre clinique de la prison de Ramle, qualifiée d’abattoir par les prisonniers palestiniens.
Alors que Fasfous fait appel de sa détention administrative devant les tribunaux de l’occupation, il est clair que ces derniers ne sont pas un mécanisme de justice mais font partie intégrante du système d’emprisonnement colonial. Les tribunaux militaires approuvent sans discussion les ordres du Shin Bet, l’agence de renseignement israélienne, aux dépens des Palestiniens emprisonnés par l’occupation. Les prisonniers palestiniens travaillent depuis des années à l’instauration d’un boycott global des tribunaux de l’occupation et dénoncer la pseudo-légalité imposée à l’emprisonnement arbitraire de masse.
Jeudi 28 septembre, les détenus administratifs de la prison du désert du Naqab ont retourné collectivement leurs repas en solidarité avec Fasfous, appelant à sa libération et à la fin de sa détention.
Ancien prisonnier, Fasfous a passé environ 7 ans au total dans les prisons de l’occupation depuis sa première arrestation en 2007. Il a été de nouveau arrêté par les forces d’occupation le 2 mai 2023 et placé une nouvelle fois en détention administrative, avec quatre de ses frères : Khaled, Akram, Hafez et Hassan. Hassan a été libéré pendant la grève de Kayed, mais quatre des frères Fasfous restent détenus, emprisonnés sans inculpation ni jugement.
Ils font partie des 1 319 Palestiniens emprisonnés sans inculpation ni jugement dans le cadre de la détention administrative, un nombre qui a explosé au cours de l’année écoulée, sur les 5 200 prisonniers politiques palestiniens détenus dans les prisons de l’occupation. Parmi eux, on compte 20 enfants et quatre femmes. La détention administrative a été introduite pour la première fois en Palestine par le mandat colonial britannique et a été adoptée par le régime sioniste. Les Palestiniens sont régulièrement emprisonnés pendant des années en vertu d’ordres de détention renouvelés à plusieurs reprises et délivrés pour une période pouvant aller jusqu’à six mois. Au cours de l’année écoulée, le nombre de détenus administratifs a plus que doublé dans le cadre de la “guerre” en cours contre le mouvement des prisonniers.
Le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun exhorte tous les partisans de la Palestine à agir pour soutenir Kayed Fasfous et tous les prisonniers palestiniens qui luttent pour leur liberté, pour leur propre vie et pour le peuple palestinien. Ces fils des masses populaires palestiniennes affrontent le système d’oppression israélien en première ligne, derrière les barreaux, avec leur corps et leur vie, pour mettre fin au système de détention administrative.
Il est particulièrement important de soutenir les grévistes et de ne pas laisser leurs cas réduits au silence — au début de cette année, le 2 mai, le cheikh Khader Adnan a perdu la vie après 86 jours de grève de la faim, alors qu’on lui refusait activement des soins médicaux. Il avait auparavant gagné sa liberté à quatre reprises grâce à des grèves de la faim. Ces prisonniers palestiniens mettent leur corps, leur santé et leur vie en jeu pour obtenir leur libération.
Avec plus de 1300 Palestiniens emprisonnés sans inculpation ni jugement — plus de 20% de tous les prisonniers palestiniens — la lutte pour mettre fin à la détention administrative est plus urgente que jamais. Organisez ou prenez part à des actions pour soutenir les grévistes de la faim et la lutte pour la libération de la Palestine de la mer au Jourdain !