Coordinateur de Samidoun Europe, Mohammed Khatib est menacé de révocation de l’asile en Belgique : Prenez la parole pour défendre la Palestine !

Mardi 16 juillet 2024, Mohammed Khatib, coordinateur européen de Samidoun, est convoqué pour une audience devant le bureau belge de l’asile, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA), après qu’il — un réfugié palestinien né dans le camp de réfugiés d’Ein el Helweh au Liban — ait été la cible d’une répression politique. En effet,  la ministre belge de l’Immigration, Nicole de Moor, cherche à lui retirer son statut de réfugié dans le pays en raison de son militantisme et de son engagement en faveur de la libération de la Palestine.

Bien sûr, le cas de Mohammed n’est pas unique. Il y a des dizaines de cas en Allemagne, où les Palestiniens et les partisans de la Palestine sont confrontés à la violence policière quotidienne, à une répression sévère, à des interdictions politiques et à de nombreuses tentatives de retirer le statut de résident ou d’imposer l’expulsion, souvent à des réfugiés palestiniens qui, comme Mohammed, se sont vu refuser leur droit de retourner dans leur patrie, la Palestine, depuis leur naissance.

Le bureau d’asile a refusé de fournir à Mohammed et à son avocat des preuves et des documents expliquant pourquoi le bureau d’asile cherche à lui retirer sa résidence et son statut, malgré de nombreuses demandes et dépôts auprès du tribunal. Au lieu de cela, le gouvernement belge a insisté sur le fait qu’il n’avait pas besoin de remettre les dossiers du bureau de la “sécurité de l’État”, créant ainsi une forme de “preuve secrète” semblable à celle utilisée pour maintenir les Palestiniens en détention administrative en Palestine occupée. Tout ceci est rendu encore plus scandaleux par la note de la VRT, le radiodiffuseur public belge, dans une interview de Mohammed Khatib, selon laquelle “les services de sécurité estiment principalement que l’organisation [Samidoun] peut nuire aux relations internationales de la Belgique avec Israël”.

Les allégations contre Mohammed ressemblent à de la propagande sioniste ou à une déclaration de NGO Monitor ou de l’ambassadeur sioniste en Belgique, ne tenant aucun compte des principes fondamentaux des droits de l’homme ou du droit international et cherchant au contraire à criminaliser l’existence, la résistance et l’organisation des Palestiniens.

Ils incluent son statut de coordinateur européen du Samidoun, citant que le régime sioniste qualifie le Samidoun d’“organisation terroriste”, ce qui n’a aucun statut légal ni aucune signification en Belgique. En outre, ils ciblent son rôle dans le Masar Badil, le Mouvement de la Voie Alternative Révolutionnaire Palestinienne, qu’ils qualifient d’“organisation extrémiste” en raison de sa position claire sur la libération de la Palestine de la mer au Jourdain et sur la légitimité des forces de résistance armées palestiniennes.

Ils citent ses discours publics et ses activités concernant la lutte armée palestinienne — un droit reconnu par les Nations unies aux peuples sous colonisation et en particulier au peuple palestinien — comme une raison de le priver de sa protection en Belgique, lui qui est un réfugié palestinien apatride. Plus grave encore, ils affirment, sans aucune preuve, qu’il “appelle à cibler les juifs dans le monde entier”, alors que Mohammed n’a jamais parlé des “juifs” comme ennemi, mais seulement du sionisme, de l’impérialisme et du colonialisme, et qu’ils sont incapables de produire ne serait-ce qu’une seule déclaration pour étayer cette accusation, qui repose entièrement sur l’amalgame entre le judaïsme et le sionisme.

Nous notons qu’il ne s’agit pas seulement d’une tentative de réprimer Mohammed en tant qu’individu et Samidoun en tant qu’organisation. Il s’agit avant tout d’une tentative de faire taire la voix croissante et massive du peuple qui se tient aux côtés de la Palestine contre le génocide. Elle vise spécifiquement à faire taire le mouvement de libération des prisonniers palestiniens et à défendre la légitimité et la justice de la résistance palestinienne, en particulier la résistance armée, dans le cadre de l’intifada mondiale internationale, arabe et palestinienne.

Mohammed a reçu un large soutien en Belgique et au niveau international. Plus de 250 universitaires ont écrit une lettre ouverte dénonçant le ciblage du statut de réfugié sur la base de l’activité politique : “Dans ce cas, l’annonce de Nicole de Moor vise à délégitimer la lutte palestinienne et le soutien à la Palestine en Belgique. En Belgique, chacun, réfugié ou non, Palestinien ou non, doit être libre de s’exprimer et de s’organiser, doit être libre de défendre la cause palestinienne, le droit au retour des réfugiés palestiniens sur leur terre, ou de dénoncer le génocide à Gaza”.

La Plate-forme Charleroi-Palestine a déclaré : “Ces attaques devraient sérieusement inquiéter tous ceux qui mènent un travail politique et social militant, qui s’opposent à l’impérialisme et défient le capitalisme ; tous ceux qui luttent pour de nouveaux droits ou la défense des droits acquis ; tous ceux qui s’opposent à l’austérité. Ces attaques contre Samidoun aujourd’hui font partie des attaques actuelles et futures contre tous ces mouvements sociaux, elles portent la violence de la censure, et visent à nous faire accepter la résignation comme une normalité.”

Bruxelles Panthères a publié une déclaration forte en solidarité avec Mohammed, appelant à l’escalade du mouvement pour la libération de la Palestine afin de faire face à la répression. Een Andere Joodse Stem (Une autre voix juive) a publié une déclaration intitulée “Non au silence politique des réfugiés palestiniens !” Dans cette déclaration, ils notent que le cas de Mohammed constitue un “modèle de discrimination raciale à l’encontre des réfugiés” et qu’il semble répondre aux commentaires de l’ambassadeur d’Israël en Belgique dans le contexte du génocide à Gaza.

L’Union des Progressistes Juifs de Belgique a publié une déclaration de soutien à Mohammed, notant que “cette campagne de diffamation ne le vise pas seulement personnellement ; elle met en danger la liberté d’expression, la liberté de la presse et la liberté d’association pour tout le monde en Belgique”. L’Association Belgo-Palestinienne a rédigé une lettre ouverte à M. de Moor, notant que l’attaque contre Mohammed est une tentative de criminaliser la solidarité avec la Palestine.

LABO vzw, le Centre pour la citoyenneté critique, a publié une déclaration de soutien à Mohammed : “Actuellement, Israël commet un génocide en Palestine. Il est essentiel que nous puissions continuer à exprimer notre soutien à la Palestine en Belgique et à nous organiser pour elle. Ces droits doivent être protégés. En tant que LABO, nous condamnons donc la demande de révocation du statut de réfugié de Mohammed Khatib et exprimons notre soutien à Mohammed et à Samidoun.”

Lotta Basel, en Suisse, a publié une déclaration de soutien à Mohammed, qui a été presque simultanément pris pour cible par les autorités suisses, qui ont émis une interdiction de voyager de 10 ans à son encontre, apparemment à la demande du régime sioniste. Plus de 20 organisations suisses ont publié une déclaration commune dénonçant cette forme de réduction au silence visant l’ensemble du mouvement palestinien en Suisse et en Europe.

Le Front d’action révolutionnaire a publié une déclaration de solidarité avec Mohammed et Samidoun, qualifiant ces attaques dirigées contre “l’ensemble du camp révolutionnaire”. Leiden for Palestine a appelé à soutenir Mohammed en attirant l’attention des Pays-Bas sur cette action inquiétante en Belgique.

Mohammed a participé et pris la parole lors de campements d’étudiants pour la Palestine à travers la Belgique et les Pays-Bas suite à l’annonce de de Moor, refusant de se taire aux côtés de ses camarades de Samidoun Bruxelles, Samidoun Belgique, la Plate-forme Charleroi-Palestine, ZIN TV, le Comité Populaire pour la Palestine, le Masar Badil et d’autres organisations et mouvements soumis à la répression.

Soyons clairs : quelle que soit la décision de l’audience du bureau d’asile du 16 juillet, Mohammed Khatib et Samidoun n’arrêteront ni ne feront taire leur travail pour la libération de la Palestine de la mer au Jourdain, la libération de tous les prisonniers palestiniens, et pour construire le soutien le plus large possible à la lutte du peuple palestinien, menée par la résistance armée, jusqu’à la libération et le retour.

AGISSEZ :

  1. La chose la plus importante à faire est de poursuivre et d’intensifier les mobilisations, les actions directes, les campements et toutes les formes d’organisation pour mettre fin au génocide à Gaza et libérer la Palestine. Dans ce contexte, prenez position contre la répression et parlez de ce cas et d’autres cas dans votre région.
  2. Signez la campagne de soutien à Mohammed. Cliquez ici pour apporter votre soutien !
  3. Publiez une déclaration de solidarité. Des organisations comme Charleroi pour la Palestine, LABO, UPJB, Bruxelles Pantheres, ABP, l’ont déjà fait. Publiez votre propre déclaration et indiquez clairement que Nicole de Moor ne parle pas au nom du peuple.
  4. Invitez Mohammed à prendre la parole. Qu’il s’agisse d’un événement local en Belgique ou ailleurs en Europe ou d’un événement virtuel, Mohammed peut parler de son cas et de la lutte plus large pour la libération. Envoyez-nous un courriel à [email protected] pour planifier un événement.
  5. Parlez des prisonniers palestiniens et de la Résistance. Mettez en avant les cas des prisonniers palestiniens et leur lutte permanente pour la liberté et la libération. Mettez l’accent sur les revendications du peuple palestinien et sa résistance pour la libération des prisonniers palestiniens dans le cadre d’un véritable échange de prisonniers. Soulignez la légitimité de la résistance palestinienne dans vos manifestations et vos actions.
  6. Exigez que les organisations de la résistance palestiniennes et libanaises soient retirées des « listes d’organisations terroristes » des États-Unis, de l’Union européenne, du Canada, de la Grande-Bretagne et d’autres pays.  Ces organisations représentent la volonté et l’engagement du peuple palestinien à libérer sa terre d’une occupation sioniste illégitime. Ces listes sont utilisées non seulement pour justifier le génocide sioniste en cours et le financement et le soutien impérialistes, mais aussi pour réprimer les militants et les organisations palestiniens et solidaires.