Le militant palestinien Khaled Barakat est la cible d’une campagne d’intimidation au Canada


Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network
 condamne dans les termes les plus forts la campagne de diffamation visant l’écrivain et militant de gauche canadien d’origine palestinienne Khaled Barakat ainsi que le travail de Samidoun par le journal de droite National Post qui fait intentionnellement avancer l’agenda des organisations de lobby pro-Israël au Canada.
 Il est clair qu’il ne s’agit pas d’une attaque aléatoire. Le contenu est en réalité une reprise réchauffée de diverses attaques du régime d’occupation israélien et des publications sionistes au fil des ans, avec une tentative supplémentaire de criminaliser et de stigmatiser de manière sensationnaliste l’organisation et le militantisme pour la Palestine au Canada.

Soyons clairs. Nous ne serons pas découragés par les désignations israéliennes ou par des campagnes de diffamation comme celle-ci. Nous sommes aux côtés de Khaled Barakat. Nous sommes aux côtés du peuple palestinien, de sa résistance et de ses 4 500 prisonniers palestiniens, leaders de la résistance et du mouvement pour la justice et la libération de la Palestine de la mer au Jourdain.

Cet article en une de ce journal coïncide avec de multiples campagnes internationales soutenues par le gouvernement israélien et visant la communauté palestinienne et l’organisation de la solidarité avec la Palestine. Il est clair que cela reflète l’angoisse et l’inquiétude croissantes de ces forces face à la réalité que la majorité des peuples dans le monde sont solidaires du peuple palestinien et de ses efforts pour se débarrasser du colonialisme, de l’occupation et de l’apartheid. Et même à l’intérieur de pays comme le Canada et les États-Unis où les gouvernements fournissent à l’occupation israélienne un important soutien militaire, diplomatique et politique,

Pourquoi le National Post a-t-il publié cet article ? Bien sûr, le National Post n’a jamais hésité à se lancer dans des argumentations et des attaques de droite, pro-impérialistes et anti-palestiniennes. Plus récemment, au cours des deux derniers mois, quatre grandes associations étudiantes d’universités canadiennes ont adopté de nouvelles résolutions et politiques en faveur des droits des Palestiniens et de la mise en œuvre de politiques de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre l’occupation israélienne : à McGillConcordial’Université de Colombie-Britannique et l’Université Simon Fraser. Cela s’ajoute aux multiples résolutions adoptées au fil des ans par les syndicats canadiens, les syndicats étudiants et les associations étudiantes, et même aux résolutions limitées adoptées par le Nouveau parti démocratique (NPD) fédéral.

Lors du soulèvement unitaire en Palestine en mai 2021, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues des villes du Canada comme elles l’ont fait dans le monde entier. Au moment même où la résistance du peuple palestinien sur le terrain en Palestine montrait clairement que l’occupation ne pourrait pas commettre librement ses crimes de guerre et ses crimes contre l’humanité en cours, les peuples du Canada se mobilisaient pour exiger un changement de la politique canadienne et la fin de la complicité dans ces crimes – ainsi que la responsabilisation et une véritable justice pour les peuples autochtones de cette terre.

C’est très clair : la colonisation, l’occupation et l’apartheid israéliens perdent du terrain. D’importantes institutions juridiques et de défense des droits humains se sont exprimées, de Human Rights Watch à Amnesty International, en passant par la clinique juridique de la faculté de droit de l’université de Harvard et la CESAO des Nations unies. Des millions de personnes descendent dans la rue pour obtenir justice en Palestine. La résistance palestinienne est peut-être plus forte que jamais, au milieu d’un camp de résistance croissant dans la région et au niveau international.

La réponse de l’occupation a été d’intensifier l’utilisation de l’étiquette « terroriste », à tel point que des groupes de défense internationaux comme Samidoun, des organisations communautaires palestiniennes en Europe et six grandes ONG palestiniennes comme AddameerDefense for Children International et Al-Haq, sont actuellement qualifiés de « terroristes » par le régime d’occupation israélien. Le président israélien Isaac Herzog a même qualifié une marque de crème glacée qui ne vend plus dans les colonies illégales de « nouvelle forme de terrorisme ».

Cela a été combiné avec des efforts poussés par diverses entités officielles (comme les services de renseignement israéliens, le « ministère des Affaires stratégiques », le ministère des Affaires étrangères, etc.) de promouvoir des « dossiers » si peu étayés que même les gouvernements occidentaux les ont trouvés insuffisants (mais semblent être invoqués dans le rapport du National Post). La tentative de réduire au silence la défense de la Palestine en utilisant l’étiquette « terroriste » est un échec. En fait, depuis notre désignation, Samidoun a connu une croissance plus importante en un an que dans toutes les années précédentes.

En France, où ce sont exactement les mêmes types de diffamation qui ont été utilisés pour pousser le gouvernement français à interdire le Collectif Palestine Vaincra et une autre association pro-palestinienne. Le Conseil d’Etat a suspendu le décret de dissolution infligeant une première défaite au gouvernement. Cela permet au Collectif de militer à nouveau pour la Palestine et l’Etat doit verser 4500€ à cette organisation. En mars de cette année, un tribunal allemand a jugé qu’il était illégal pour le ministre de l’intérieur de Berlin d’interdire le discours de Khaled Barakat sur la politique étrangère des États-Unis, la Palestine et les pays arabes. Néanmoins, nous voyons le National Post, travaillant main dans la main avec des organisations expressément sionistes, dans une tentative de pousser le gouvernement canadien sur une voie similaire de criminalisation par le biais d’une campagne de diffamation et d’attaques.

En tant que Samidoun, nous savons avant tout que les attaques contre nous visent principalement les prisonniers palestiniens, en cherchant à les isoler de la solidarité et du soutien internationaux. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il y a 4 500 Palestiniens emprisonnés dans les prisons de l’occupation. Parmi eux, plus de 500 sont emprisonnés sans accusation ni procès dans le cadre de la détention administrative. Ils se sont engagés dans un boycott des tribunaux militaires depuis le 1er janvier 2022. Deux d’entre eux sont actuellement en grève de la faim pour mettre fin à leur détention arbitraire, Khalil Awawdeh et Raed Rayan. Ils sont rejoints par des centaines d’enfants palestiniens enfermés derrière les barreaux. Chacun de ces prisonniers palestiniens mérite une couverture en première page des grands médias canadiens. Pas une campagne de dénigrement mais un regard réel sur leurs souffrances et leur détermination, ainsi que sur l’injustice dont ils sont victimes et qui est rendue possible par la complicité de gouvernements comme celui du Canada. Alors que le National Post peut trouver beaucoup de colonnes et d’espace en première page pour diffamer les Palestiniens de la diaspora, les journalistes canadiens sont réduits au silence et se sont excusés pour avoir ne serait-ce que mentionné le mot « Palestine ».

En outre, il s’agit clairement d’une attaque contre les Palestiniens qui s’organisent en exil et en diaspora. Le régime colonial israélien a déjà forcé les Palestiniens à quitter leurs maisons et leurs terres pendant plus de 74 ans de Nakba niant leur droit inaliénable au retour. Pourtant, il est incapable de jeter ces Palestiniens au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Amérique latine et ailleurs en détention administrative ou d’envahir leurs maisons lors de raids nocturnes. Son incapacité à le faire est apparemment frustrante, d’autant plus que de nouvelles générations de Palestiniens s’avancent pour mener la lutte à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine. Ce type de campagne de dénigrement est une tentative claire de faire taire la voix du peuple palestinien en exil et plus particulièrement de la communauté palestino-canadienne.

Nous voyons également dans ces campagnes une tentative de lutter contre notre solidarité collective en ciblant des individus et des organisations spécifiques et de contrôler et le mouvement, ainsi que d’instrumentaliser et de déployer le racisme anti-palestinien et d’inciter à la violence étatique et individuelle contre Khaled Barakat et d’autres militants palestiniens. Ces attaques soulignent plus que jamais l’importance d’une défense collective de nous tous contre les auteurs et les promoteurs du colonialisme, de l’impérialisme et du racisme. Ce n’est pas un exemple isolé, loin de là, il reflète les attaques contre le professeur Rabab Abdulhadi aux États-Unis, contre des centaines d’étudiants canadiens et américains, pour la plupart palestiniens et arabes, dont le profil a été établi sur des sites Web de diffamation comme Canary Mission, contre des éducateurs comme Javier Davila et Nadia Shoufani, ou contre des restaurants comme Foodbenders à Toronto.

De même, nous notons que cette campagne de dénigrement en première page du National Post survient un jour avant que l’ADL aux États-Unis n’annonce une escalade dans ses campagnes de plusieurs décennies visant à attaquer les organisations qui défendent la justice en Palestine. Elle survient quelques jours après que B’nai Brith Canada ait publié un faux « audit de l’antisémitisme » qui mettait en évidence le slogan :  » Israël and Canada : Partners in Apartheid, Partners in Colonialism », indiquant que leur véritable cible est le mouvement antiraciste qui soutient la Palestine. Ce rapport a néanmoins bénéficié d’une couverture favorable et incontestable dans les médias canadiens.

Cela s’est également produit au moment où l’occupation (avec la complicité apparente des États-Unis) refusait le voyage à deux défenseurs palestiniens des droits de l’homme – faisant partie des « six organisations désignées » – pour assister au Forum social mondial au Mexique. Tout ceci est une tentative de faire taire les voix du peuple palestinien. Mais si 74 ans de Nakba, de violence d’Etat, de colonialisme et d’emprisonnement de masse n’y sont pas parvenus, l’escalade des campagnes de dénigrement est certainement vouée à l’échec.

La réponse la plus importante que nous pouvons apporter est de construire le mouvement pour la Palestine. L’un des objectifs de ces campagnes est de détourner notre attention de nos campagnes en cours et d’instiller la peur dans la communauté. En organisant et en construisant le mouvement pour la Palestine, nous pouvons montrer notre soutien à Khaled Barakat, au peuple palestinien et à la cause dans son ensemble. Bien sûr, nous nous efforcerons de demander des comptes au National Post, mais c’est le mouvement de libération de la Palestine qui est au cœur du problème.

Nous appelons tous les Canadiens à descendre dans la rue le 15 mai et lors de la Semaine de la lutte palestinienne, pour se souvenir des 74 ans de la Nakba et célébrer la lutte pour la libération. Nous exhortons également tout le monde à se joindre à nous du 1er au 4 juin à Ottawa pour l’Assemblée de la Ligue internationale des luttes des peuplesKhaled Barakat prendra la parole au nom de Masar Badil (la Voie alternative révolutionnaire palestinienne) et nous entendrons également Charlotte Kates de Samidoun, Hanna Kawas de Canada Palestine Association, et bien d’autres militants pour la justice – et nous discuterons de la manière dont nous pouvons construire et renforcer notre mouvement anti-impérialiste.

Nous souhaitons également inviter les partisans de la justice et de la libération en Palestine à s’impliquer dans Samidoun. Au Canada, nous sommes en train de nous organiser à Vancouver, Toronto, Ottawa et ailleurs. En France, nous nous développons à Toulouse et en Région Parisienne, et nous pouvons être encore plus efficaces et plus forts si nous nous continuons à nous construire. Nous voulons travailler avec vos organisations et groupes, développer de nouvelles sections et accueillir de nouveaux membres, et nous vous invitons à nous rejoindre dans la lutte. Contactez-nous à l’adresse samidoun@samidoun.net pour en savoir plus sur la façon dont vous pouvez vous impliquer, ou cliquez ici pour faire un don afin de soutenir notre travail.

De la mer au Jourdain, la Palestine sera libre !

 

Source : Samidoun – Traduction : Collectif Palestine Vaincra