Radio : La Marche pour le Retour et la situation en Palestine occupée

Invité dans Le Grand Forum de Radio France Maghreb 2 ce jeudi 27 octobre, un membre du Collectif Palestine Vaincra intervient pour promouvoir la Marche pour le retour et la libération organisée à Bruxelles le 29 octobre dernier et parler de la situation en Palestine occupée.

Ci-dessous la retranscription d’extraits de l’interview:

Pourquoi cette marche ?

Cette Marche elle est organisée par la diaspora palestinienne, autour du mouvement Masar Badil. Elle va réunir des Palestiniens, des Arabes et des internationalistes jusqu’aux portes du Parlement européen pour revendiquer d’abord notre soutien à la résistance palestinienne dans sa lutte contre la colonisation de sa terre et pour la libération de la Palestine, de toute la Palestine, de la mer au Jourdain. Mais c’est aussi une marche pour dénoncer la complicité des pays de l’Union Européenne dans la criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine et dans sa collaboration avec un État voyou, d’apartheid et colonial. C’est une marche qui portera haut et fort ces revendications jusqu’aux portes du parlement et nous serons des centaines, des milliers, venant de nombreuses villes européennes à clamer notre solidarité avec le peuple palestinien et à son droit à la liberté.

Le rôle de l’Autorité Palestinienne

Cette marche elle dénonce la collaboration de l’Autorité Palestinienne. C’est pas la première fois que l’AP détient des résistants dans ses prisons. A travers notamment la coordination sécuritaire avec l’occupation israélienne, l’AP se retrouve à être le sous-traitant dans la répression de la résistance en Cisjordanie. Par exemple, on se rappelle d’Ahmad Sa’adat, le secrétaire général du FPLP, qui avait été emprisonné par l’AP et finalement capturé et emprisonné par l’occupation israélienne. Donc, cette marche elle va aussi dénoncer les complices de cette occupation : les régimes arabes qui normalisent, l’AP qui collabore et évidemment les Etats européens qui financent et font du commerce avec cet État colonial.

Intimidations et répression contre la Marche

Il y a plusieurs tentatives d’intimidations. Déjà évidemment l’ambassade d’Israël en Belgique qui tente d’interdire la Marche parce qu’ils sont contre l’expression et la voix palestiniennes. Mais aussi, un des responsables de Masar Badil, Khaled Barakat, et la coordinatrice internationale de Samidoun, Charlotte Kates, qui se sont vus refuser leur entrée dans l’espace Schengen lundi à l’aéroport d’Amsterdam alors qu’ils venaient participer aux initiatives autour de la Marche. Cela fait suite à une intervention de l’État allemand qui avait déjà expulsé Khaled Barakat suite à ses prises de position en soutien à la résistance palestinienne.

Evidemment les attaques sont présentes, mais elles montrent que nous sommes sur la bonne voie. Elles montrent que cette Marche dérange parce qu’elle porte des revendications claires en soutien au peuple palestinien et c’est pourquoi c’est important d’en faire un succès. Cette marche organisée par Masar Badil mais soutenue par d’innombrables organisations comme en France par Europalestine, Samidoun, le Collectif Palestine Vaincra, des sections de l’AFPS, etc.

A quoi sert cette nouvelle Marche ? La situation n’évolue pas

Je voudrais rappeler que les luttes contre le colonialisme peuvent durer des années. Le peuple algérien a mis 132 ans à se débarrasser du colonialisme français, aujourd’hui le peuple palestinien est sous occupation depuis 74 ans. Par contre, on voit à Gaza, en Cisjordanie, en Palestine de 48, une nouvelle génération palestinienne est décidée à résister, à tourner le dos aux accords d’Oslo, à la trahison et à la situation dramatique d’aujourd’hui. Cette marche, elle est en appui à cette résistance à l’intérieur de la Palestine occupée, cette marche elle est en appui à la jeunesse palestinienne. Cela sera justement la nouvelle génération palestinienne qui a grandi dans les camps de réfugiés, dont leur droit au retour est bafoué, qui sera à la tête de cette Marche en soutien à la résistance à l’intérieure de leur pays. On peut considérer, et c’est vrai, que c’est un combat qui dure depuis trop longtemps mais c’est un combat qui est légitime. C’est pourquoi il faut le soutenir et la perspective de la libération de la Palestine est devant nous et elle doit être gagnée.

Accord d’Alger

La question c’est on réconcilie qui et pourquoi ? Est-ce que toutes ces factions sont d’accord pour la libération de la Palestine de la mer au Jourdain, pour soutenir la résistance (notamment à Gaza), pour le droit au retour des réfugiés palestiniens, pour que Jérusalem d’Est en Ouest soit capitale indivisible du peuple palestinien ? Quel est le programme politique de cette entente ? LA seule perspective des élections, qu’est-ce que cela veut dire ? On va organiser des élections dans un pays colonisé, occupé avec quel résultat ? Une nouvelle Autorité Palestinienne qui va développer sa coordination sécuritaire ? L’urgence aujourd’hui c’est l’unité de la résistance palestinienne autour d’un programme de rupture avec le colonialisme et les forces qui collaborent avec. C’est ça l’urgence et c’est ça que porte la Marche pour le retour et la libération.

Ce genre d’entente parainnée par des régimes, cela fait une belle image de gens qui se serrent la main. Mais quand on concilie l’inconsiliable, le projet est forcément pas clair. Il amènera à une impasse politique et à la déception du peuple palestinien.