Jeudi 2 novembre, la ministre allemande de l’intérieur Nancy Faeser (connue auparavant pour ses multiples campagnes de propagande anti-arabe) a annoncé l’interdiction de Samidoun :
L’interdiction de Samidoun par les autorités allemandes est une participation active au génocide en cours à Gaza. L’objectif d’une telle interdiction est de réprimer la dissidence avec toute la force de l’État. Elle va de pair avec l’interdiction de manifester, l’agression par la police de personnes dans la rue pour avoir porté un keffieh ou un drapeau palestinien, l’interdiction de dire “Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre”, l’imposition d’interdictions politiques, les efforts visant à expulser les militants ou à leur retirer leur permis de séjour.
Il s’agit là d’une complicité et d’une participation au génocide. À l’heure où nous écrivons, les forces d’occupation israéliennes viennent de perpétrer un nouveau massacre dans le camp de réfugiés d’al-Bureij, au centre de Gaza, en bombardant 30 maisons dans un camp très peuplé. L’État allemand et le ministère de l’Intérieur choisissent de soutenir ces attaques en menant une campagne de terreur et de répression contre ceux qui osent s’élever contre ces crimes continus, qui veulent mobiliser les gens pour mettre fin à la destruction, à la guerre, à l’occupation et au colonialisme.
L’État allemand et toutes les puissances impérialistes, à l’instar du président américain Biden, sont partenaires non seulement de la diffamation et de la déshumanisation du peuple palestinien, mais aussi des crimes de guerre meurtriers et des crimes contre l’humanité perpétrés par le régime d’occupation. La complicité dans un génocide est illégale en vertu du droit international, tout comme la persécution d’organisations parce qu’elles s’opposent à l’apartheid, et nous sommes déterminés à demander des comptes à l’Allemagne pour ses crimes contre Samidoun, mais aussi contre le peuple palestinien dans son ensemble.
Cette attaque devrait inquiéter sérieusement tous ceux qui mènent un travail politique, en particulier pour la libération de la Palestine. Elle vise à introduire une norme selon laquelle les organisations peuvent être interdites pour avoir organisé des manifestations, des conférences, publié des affiches et s’être engagées dans un travail public et politique qui remet en question l’État allemand et sa complicité dans les crimes de guerre israéliens, les crimes contre l’humanité et le génocide en cours à Gaza. Cette mesure intervient à un moment où plus de personnes que jamais s’expriment en faveur de la justice et de la libération de la Palestine et se veut une attaque contre le mouvement dans son ensemble.
S’il est possible d’interdire Samidoun, alors il est possible d’interdire toute organisation ou groupe politique en Allemagne qui conteste la politique de l’État allemand et son rôle impérialiste. Cette action va de pair avec le réapprovisionnement continu des États-Unis en bombes destinées au peuple palestinien de Gaza. Elle vise à soutenir l’effort de guerre israélien en privant le peuple palestinien d’un soutien populaire dans les rues.
Il s’agit également d’une attaque raciste contre la communauté palestinienne et arabe. En Allemagne, Samidoun est dirigé par de jeunes réfugiés palestiniens, et les médias allemands se sont engagés dans une campagne de diffamation ouvertement raciste destinée à inciter les forces les plus racistes et les plus fascistes du pays à s’en prendre à la communauté palestinienne, qui est la plus importante d’Europe. La police berlinoise s’est engagée dans un assaut permanent, ciblé et offensif contre les quartiers et les communautés arabes. Les militants de Samidoun ont fait l’objet d’une répression sévère, Zaid Abdulnasser ayant été menacé de se voir retirer son titre de séjour et Musaab Abu Atta ayant fait l’objet d’une interdiction politique. D’autres militants ont été menacés d’expulsion pour avoir simplement participé à des manifestations et à des événements. Cette interdiction vise à maintenir les communautés dans le silence par la terreur et la peur, à réprimer la voix de la jeunesse et à renforcer les forces les plus racistes et les plus fascistes contre le peuple palestinien, tant en Allemagne qu’en Palestine.
L’attaque contre Samidoun fait partie intégrante de l’attaque contre le peuple palestinien dans son ensemble. Elle reflète les intérêts impérialistes de l’État allemand. Loin d’exprimer un sentiment de culpabilité ou de responsabilité pour les crimes nazis et le génocide, cette action témoigne de l’engagement agressif de l’État allemand à promouvoir le racisme, la répression et les crimes de guerre. Nous devons être clairs : l’Allemagne n’a aucune légitimité ou autorité pour parler des droits de l’homme, des libertés ou de la démocratie. Elle s’emploie à priver de toutes ces choses quiconque s’élève contre le génocide et le colonialisme en Palestine.
Samidoun a également été particulièrement visé parce que nous défendons les prisonniers palestiniens, en première ligne de la lutte, confrontés à la répression, et que nous exprimons notre solidarité et la légitimité de la résistance palestinienne. Alors que l’Allemagne réprime la communauté palestinienne et interdit Samidoun, ses antennes officielles à l’étranger ont souvent cherché à influencer et à orienter la politique palestinienne par le biais de financements conditionnels et d’entreprises coloniales similaires. Par cette interdiction, l’État allemand souhaite non seulement soutenir le génocide, mais aussi criminaliser la résistance, même verbale, à ce génocide. Le peuple palestinien, comme tous les peuples colonisés et opprimés, a le droit de résister pour se libérer et libérer sa terre du colonialisme et de l’occupation, du fleuve à la mer. Ceux qui résistent à l’occupation et à l’oppression — la résistance palestinienne — ne sont pas seulement les héros du peuple palestinien, ils sont les défenseurs de l’humanité toute entière.
En ce moment, nous exhortons tous les militants et sympathisants de la Palestine, et tous ceux qui sont attachés à la liberté et à la justice, à s’élever contre le génocide à Gaza, à s’élever contre l’interdiction de Samidoun et à affirmer haut et fort que la Palestine sera libre du fleuve à la mer, et que les Palestiniens ont le droit de résister à l’occupation et à l’oppression. Par cette action, par les demandes répétées de la police à l’encontre des organisateurs de la manifestation, l’État allemand veut réprimer ces vérités et cette réalité. Il veut s’assurer notre silence et même notre complicité, et nous ne le lui permettrons pas.
Nous réitérons nos propos lors de l’annonce par le chancelier allemand Olaf Scholz de la demande d’interdiction de Samidoun : en arabe, le mot “Samidoun” signifie “ceux qui sont inébranlables”. Nous utilisons ce nom pour désigner les prisonniers palestiniens qui restent derrière les barreaux et luttent pour leur liberté. Aujourd’hui, nous affirmons que nous resterons inébranlables et engagés aux côtés du peuple palestinien jusqu’à la victoire, le retour et la libération.