Le 27 août est la Journée internationale pour la récupération et la libération des corps des martyrs, détenus par le régime sioniste dans les morgues coloniales et les “cimetières des nombres”, ainsi que dans le tristement célèbre camp de torture de Sde Teiman. Cette journée d’action a été organisée à l’initiative de la “Campagne nationale palestinienne pour la récupération des corps des martyrs”, ainsi que des institutions palestiniennes de défense des prisonnier•es. Au cours de l’année écoulée, avec le génocide sioniste/impérialiste en cours à Gaza et l’assaut permanent contre le peuple palestinien dans son ensemble, le nombre de martyrs détenus par le régime sioniste a augmenté de façon dramatique.
Aujourd’hui, 552 martyrs palestinien•nes sont recensés comme étant détenu•es dans les morgues et les “cimetières des nombres”, ainsi qu’au moins 9 martyrs libanais du mouvement de résistance Al Jammoul : Elie Harb, Michel Saliba, Hussam Hijazi, Jamal Sati, Farjalla Fouani, Iyad Kser, Hassan Daher, Hasan Moussa et Yehya Khaled. Ce chiffre est à comparer aux 398 corps des martyrs détenus il y a un an, en 2023.
Toutefois, ce chiffre ne rend pas compte de l’ampleur du crime colonial ; plusieurs détenu•es de Gaza libéré•es du camp de détention militaire de Sde Teiman – où des tortures physiques extrêmes, des violences et agressions sexuelles, des meurtres, des privations de nourriture et des abus de toutes sortes ont été massivement utilisés contre les Palestinien•nes de Gaza enlevé•es par l’armée génocidaire sioniste – ont témoigné•e de la présence de plus de 1 500 corps de martyrs détenus dans ce camp. Au cours du génocide contre la population de Gaza, le régime d’occupation n’a restitué les corps de seulement 428 martyrs.
Comme l’a noté la “Campagne internationale pour la libération des corps des martyrs palestiniens”, un projet soutenu par plus de 150 organisations palestiniennes, arabes et internationales, dont Samidoun, dans l’appel à l’action qu’elle a lancé en mars 2023 :
“L’occupation poursuit une politique fasciste dans son traitement des martyrs palestiniens et arabes. En refusant de donner à leurs familles la possibilité d’enterrer leurs proches, l’occupation utilise les dépouilles des martyrs comme une torture psychologique de leurs familles, en les détenant pendant des années et en les utilisant comme monnaie d’échange durant les négociations avec la résistance palestinienne”.
“Le peuple palestinien a clairement indiqué que cette politique barbare ne dissuadera jamais les jeunes Palestiniens de prendre part à la résistance. Ces martyrs restent prisonniers de l’occupation même après leur mort, et leurs familles ainsi que le peuple palestinien dans son ensemble ont tout à fait le droit de les libérer, de les honorer et de les enterrer lors de cérémonies dignes des sacrifices qu’ils ont consentis pour la cause de la Palestine, pour le retour et la libération.”
Cliquez ici pour soutenir la campagne. Lisez l’appel à l’action en anglais, français, arabe, espagnol, allemand et suédois.
Parmi les martyrs détenus, 256 Palestinien•nes (ainsi que les 9 martyrs libanais) sont détenu•es dans des “cimetières des nombres”, où les martyrs sont enterré•es avec un numéro, plutôt qu’un nom, apposé sur leurs tombes ; et 296 sont détenu•es dans les congélateurs et les morgues de l’occupation depuis le retour de l’application de la politique d’emprisonnement des corps en 2015. Les martyrs ont retrouvé la liberté, mais l’occupation emprisonne leurs corps, et se sert de cette détention comme une punition collective qui vise leurs familles et leurs communautés dans leur ensemble.
Parmi les martyrs emprisonné•es, il y a 32 martyrs du mouvement des prisonniers dont les corps sont retenus par le régime sioniste. Nous pouvons notamment citer le leader, combattant pour la liberté, intellectuel et écrivain Walid Daqqah, martyrisé dans les prisons sionistes le 7 avril 2024 après s’être vu refuser à plusieurs reprises sa libération et avoir été soumis à la politique coloniale de négligence médicale systématique, et le cheikh Khader Adnan, martyr après 86 jours de grève de la faim et le refus délibéré de l’occupation de lui fournir des soins médicaux. Avec force et dignité, l’épouse de Walid Daqqah, Sana Salameh, et leur petite fille, Milad, ont lancé une campagne pour la libération de son corps dans une affaire qui met en lumière la nature raciste du régime sioniste et la guerre qu’il mène contre l’ensemble du peuple palestinien, y compris les citoyens palestiniens originaires des territoires palestiniens colonisés en 1948 comme Daqqah et sa famille.
Les 32 martyrs captifs du mouvement des prisonniers, dont les vies ont été volées derrière les barreaux, souvent par la politique coloniale de négligence médicale et/ou les tortures et violences, sont :
- Anis Dawla, dont le corps est emprisonné depuis le 31/08/1980
- Aziz Oweisat, dont le corps est emprisonné depuis le 20/05/2018
- Fares Baroud, dont le corps est emprisonné depuis le 06/02/2019
- Nasser Taqatqa, dont le corps est emprisonné depuis le 16/06/2019
- Bassam al-Sayeh, dont le corps est emprisonné depuis le 08/09/2019
- Saadi al-Gharably, dont le corps est emprisonné depuis le 06/07/2020
- Kamal Abu Waer, dont le corps est emprisonné depuis le 10/11/2020
- Sami al-Amour, dont le corps est emprisonné depuis le 26/11/2021
- Daoud Zubaidi, dont le corps est emprisonné depuis le 15/05/2022
- Nasser Abu Hmeid, dont le corps est emprisonné depuis le 20/12/2022
- Sheikh Khader Adnan, dont le corps est détenu depuis le 02/05/2023
- Omar Daraghmeh, dont le corps est détenu depuis le 23/10/2023
- Arafat Hamdan, dont le corps est détenu depuis le 24 octobre 2023
- Majed Zaqoul, dont le corps est détenu depuis le 6 novembre 2023.
- Un travailleur anonyme de Gaza détenu dans le camp d’Anatot, dont le corps est détenu depuis novembre 2023.
- Abdul Rahman Mar’i, dont le corps est détenu depuis le 13 novembre 2023.
- Thaer Abu Asab, dont le corps est détenu depuis le 18/11/2023.
- Abdul-Rahman al-Bahsh, détenu depuis le 01/01/2024.
- Mohammed Ahmad al-Sabbar, dont le corps est détenu depuis le 08/02/2024.
- Mohammed Abu Sneineh, un enfant martyr, dont le corps est détenu depuis le 12/02/2024
- Khaled al-Shawish, dont le corps est détenu depuis le 19 février 2024
- Izz al-Din al-Banna, dont le corps est détenu depuis le 20 février 2024
- Ahmed Rizq Qudaih, dont le corps est détenu depuis le 16 février 2024
- Asif al-Rifai, dont le corps est détenu depuis le 29 février 2024
- Jumaa Abu Ghanima, dont le corps est détenu depuis mars 2024 (martyr annoncé le 16 mars 2024)
- Walid Daqqa, dont le corps est détenu depuis le 07/04/2024
- Dr Adnan al-Bursh, l’un des chirurgiens les plus éminents de Gaza, dont le corps est détenu depuis le 19/04/2024
- Mustafa Abu Ora, dont le corps est détenu depuis le 15/07/2024
- Islam al-Sarsawi, détenu depuis le 04/04/2024
- Omar Abdel-Aziz Junaid, détenu depuis le 17/06/2024
- Kifah Dabaya, dont le corps est détenu depuis le 11/08/2024
- Zaher Raddad, détenu depuis le 25/08/2024.
Il est impératif que nous agissions au niveau international pour populariser la campagne de libération des corps des martyrs. Cela fait partie intégrante de la lutte pour la dignité et la vie du peuple palestinien – et de l’humanité – menée par la résistance armée palestinienne face au régime sioniste génocidaire et à ses alliés impérialistes comme les États-Unis, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, le Canada et d’autres puissances impérialistes.
Nous appelons les réseaux palestiniens et arabes, les groupes de solidarité soutenant la lutte des prisonnier•es et les campagnes de boycott dans le monde entier à se joindre à la campagne internationale pour la resitution des dépouilles des martyrs palestinien•nes, et à étendre le soutien et la solidarité aux prisonnier•es et martyrs palestinien•nes partout dans le monde, pour leur libération et la libération de la Palestine, de la Mer au Jourdain.
Nous publions ci-dessous la déclaration de la Campagne nationale palestinienne pour la récupération des corps des martyrs :
Journée nationale pour la récupération des corps des martyrs – 27 août
Données sur les martyrs dont les corps sont conservés dans les cimetières des nombres, les morgues coloniales et dans la base militaire de Sde Teiman :
Le nombre de martyrs dont les corps sont conservés s’élève à 552, dont 256 dans les cimetières des nombres et 296 [dans les morgues coloniales] depuis le retour de l’application de la politique de conservation des corps en 2015. Parmi eux se trouvent :
- 9 femmes martyres
- 32 martyrs du mouvement des prisonniers
- 55 enfants et adolescents de moins de 18 ans
- 5 martyrs des territoires occupés en 1948
- 6 martyrs parmi les réfugiés palestiniens au Liban
Depuis le début du génocide contre notre peuple à Gaza, l’occupation a intensifié sa politique de détention des corps. Depuis octobre dernier, l’occupation a enlevé 149 corps, ce qui représente plus de la moitié des martyrs détenus depuis 2015. Il est important de noter que ce chiffre n’inclut pas les corps détenus des martyrs originaires de la bande de Gaza. Le nombre de martyrs de Gaza détenus par l’occupation est estimé à plusieurs centaines, mais il n’y a pas de déclaration officielle de l’occupation concernant le nombre réel de corps de Gaza à ce jour.
Données clés sur le crime de rétention des corps de martyrs (en tant que politique historique systématique) :
Le crime de rétention des corps des martyrs, pratiqué par l’occupation [sioniste], est l’une des principales politiques utilisées dans l’histoire de la colonisation comme punition collective contre les martyrs et leurs familles, et comme mécanisme de contrôle de la société Palestinienne. Cette politique est passée par plusieurs étapes et est étroitement liée à l’escalade de la résistance et de la confrontation contre le colonialisme sioniste. Depuis l’occupation de la Palestine en 1948, le régime sioniste a utilisé cette politique durant toute sont histoire, avant son interruption en 2008, puis sa reprise en 2015, au début de l’intifada populaire (“Petit Soulèvement”). L’occupation ne se contente pas de détenir les corps : elle impose certaines conditions lors de la restitution des corps. Elle applique également une politique de tri dans le cadre des conditions imposées aux familles, affectant particulièrement les martyrs détenteurs de cartes d’identité jérusalémites, en imposant des restrictions sévères et injustes et exercant une vengeance contre les martyrs et les vivant•es.
Cette politique a subi des transformations juridiques depuis 2017. Le 14 décembre 2017, la Cour suprême [coloniale] a décidé de de suspendre sa décision invalidant la détention des corps des martyrs pour permettre aux autorités [sionistes] de légiférer des dispositions claires et explicites autorisant les dirigeants de l’armée et de la police à détenir les corps des martyrs. En septembre 2019, la Cour suprême a rendu une décision autorisant le commandement militaire à conserver les corps des martyrs et à les enterrer temporairement afin de les utiliser comme monnaie d’échange dans les négociations. Elle a également imposé des conditions générales autorisant les autorités susmentionnées à donner l’ordre de conserver les corps de certains martyrs. En réalité, la grande majorité des martyrs dont les corps sont détenus ne remplissent pas les conditions imposées par la Cour, ce qui illustre le rôle joué par la Cour suprême dans la systématisation du crime de détention des corps des martyrs. La Knesset s’est ensuite efforcée d’adopter une loi autorisant la police d’occupation à détenir les corps des martyrs, puis un amendement a été apporté à la “loi antiterroriste”.
La rétention des corps des martyrs depuis le début du génocide :
Le génocide en cours contre notre peuple à Gaza a entraîné des transformations à tous les niveaux, avec les crimes horribles commis par l’occupation [sioniste]. La question des corps des martyrs est l’un des points les plus important, étant donné l’augmentation du nombre de corps détenus par l’occupation. Depuis le début du génocide, le nombre de corps détenus a atteint 149, ce qui représente plus de la moitié des martyrs détenus depuis 2015. Ce nombre n’inclut pas les martyrs de Gaza dont les corps sont détenus, estimés à plusieurs centaines.
À ce jour, il n’y a aucune déclaration officielle de l’occupation concernant le nombre réel de corps détenus en provenance de Gaza, en plus du fait que l’occupation utilise une politique de dissimulation des identités, un autre visage du crime systématique de disparition forcée, en identifiant les corps avec des numéros à la place de leurs noms. La seule information concernant les corps des martyrs de Gaza détenus par l’occupation remonte à juillet 2024, lorsque le journal hébreu Haaretz a révélé dans un article que l’occupation sioniste détenait environ 1 500 corps de Palestinien•nes dont l’identité reste inconnue, stockés dans des conteneurs réfrigérés à l’intérieur de la base militaire connue sous le nom de Sde Teiman, et qu’ils étaient classés par des numéros plutôt que par des noms. Le journal mentionne que l’état des corps a atteint un certain stade de décomposition, certains n’ayant plus de membres et d’autres n’étant plus du tout identifiables.
Pendant le génocide en cours, l’occupation a remis, en plusieurs fois, les corps de 428 martyrs non identifié•es, qui ont été enterré•es dans des fosses communes à Khan Younis et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. La scène de l’occupation remettant les corps des martyrs dans des sacs bleus est l’une des images les plus frappantes, reflétant son niveau de sauvagerie et son mépris pour la dignité humaine, comme nous le voyons à travers le génocide qui se poursuit depuis plus de dix mois.
Rétention des corps des martyrs en violation des conventions et chartes internationales :
Cette politique contredit toutes les lois et chartes internationales qui stipulent le respect des victimes et la restitution de leurs corps. Les règles du droit international concernant le traitement des morts, de leurs dépouilles et de leurs tombes comprennent la règle 112 sur la recherche et la collecte des morts, la règle 113 sur la protection des morts contre le pillage et la mutilation, la règle 114 sur la restitution des dépouilles des morts et de leurs effets personnels, la règle 115 sur l’élimination des morts et la règle 116 sur l’identification des morts.
La Première Convention de Genève de 1949, dans son article 17, souligne l’importance d’une inhumation décente et respectueuse, en précisant que les parties au conflit doivent “veiller à ce que les morts soient honorablement ensevelis, si possible selon les rites de la religion à laquelle ils appartenaient, à ce que leurs tombes soient respectées, groupées par nationalité, convenablement entretenues et marquées de telle sorte qu’elles puissent toujours être retrouvées”.
Citons également l’article 17 de la première convention de Genève, l’article 120 de la troisième convention de Genève, l’article 130 de la quatrième convention de Genève et l’article 34 du protocole additionnel qui exigent de faciliter la restitution des corps et des restes des personnes décédées.
La Campagne nationale pour la restitution des corps des martyrs et les organisations palestiniennes de défense des droits humains renouvellent leur demande aux instances du droit international de reprendre leur rôle en agissant pour l’arrêt du génocide et de défendre l’humanité en s’attaquant à l’état terrifiant de paralysie qui entoure la tragédie palestinienne qui perdure depuis des décennies et d’exercer des pressions pour libérer les corps de nos martyrs.
Libérez les corps des martyrs captifs, libérez les martyrs captifs :
Nous avons des noms… Nous avons une patrie.